Carême Dimanche II (08/03/20) : soyons transfigurés !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.


Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

De la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée :

Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l'annonce de l'Évangile. Car Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s'est manifesté : il a détruit la mort, et il a fait resplendir la vie et l'immortalité par l'annonce de l'Évangile.

Évangile du jour : 

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l'écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d'une grande crainte. Jésus s'approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. » (Mt 17, 1-9)

Il nous est donné d'admirer, Seigneur, le mystère et la manifestation de ta transfiguration.
Tu t'isoles avec Pierre, Jacques et Jean, en haut d'une montagne, loin de toute civilisation, et voilà que ta nature divine apparaît. Tu rayonnes d'une blancheur irradiante, tandis qu'apparaissent à tes côtés Moïse et Elie. Te rattachant ainsi à l'ancienne alliance et ses promesses, ce ne sont pas deux grands prophètes choisis au hasard, mais une réalité qui nous dit quelque chose de toi. Tout d'abord, tu n'es pas statique avec eux mais tu t'entretiens, tu discutes, le Verbe est en mouvement. Cette dynamique de parole nous montre la communication qu'il existe entre la première alliance, celle du peuple juif élu, et la tienne, celle de l'univers dans sa multitude, et donc la continuité manifeste d'une Loi que tu n'abolis, mais au contraire accomplis.
La présence de Moïse, le sauvé des eaux, semble tomber sous le sens. Patriarche à qui toi, Dieu le Père, tu t'es manifesté sous la forme du buisson ardent, et à qui tu as donné ton nom imprononçable, le tétragramme יהוה YHWH , Moïse est celui qui va physiquement sauver le peuple hébreux de son joug Egyptien, frappant l'oppresseur de nombreuses plaies, et ouvrant les eaux de la mer rouge pour passer de l'autre côté en direction de la terre promise, le passage, Pessah, la Pâque. Il passe quarante années dans le désert, reçoit les tables de la Loi eu Sinaï, introduit la Loi qu'on dira mosaïque. Mais Moïse meurt avant d'entrer en terre promise ; c'est Josué, ton successeur, qui l'accomplira. Moïse est donc le prophète de la première Pâque ; toi tu vas réaliser la Pâques éternelle et définitive, celle de la victoire sur la mort et de la résurrection, grand passage par les enfers qui nous dévoile enfin le mystère de l'autre monde, et par cet acte, tu abolies et anéantis le péché en installant ton Royaume, terre nouvelle, Jérusalem céleste.
Qui est Élie ? Son nom signifie mon Dieu est YHWH. Après le règne de Salomon sur le royaume d'Israël, arrive la reine Jézabel qui se met à adorer le dieu Cananéen Baal. Il se fera le contradicteur et combattant de ce sacrilège. Élie, prophète de premier ordre, n'a pas connu la mort, mais a été élevé au ciel devant Élisée, son successeur. Il était proclamé par les prophètes comme celui qui reviendrait pour préparer tes chemins. Toi-même tu trouveras cet Élie annoncé dans la personne de Jean le Baptiste.
Alors que Pierre, se relevant, s'affaire à vouloir installer des tentes pour toi et tes invités, une nuée lumineuse jaillit, et la voix de ton Père se fait entendre, comme au jour de ton baptême. Il te reconnaît comme étant son Fils, et nous demande de t'écouter.
Que peuvent ressentir Pierre, Jacques et son frère Jean en assistant à ces prodiges ? Ils sont sans doute terrassés par un mélange de peur et de fascination. Une fois la nuée passée, il ne reste que toi, et tu rassures ceux qui t'observent : « soyez sans crainte », avant de leur demander de taire cet événement jusqu'à ta résurrection.
Seigneur, tu es notre chemin. Toutes tes manifestations nous confortent dans le fait que nous devons te suivre. Et nous devons t'écouter comme Abraham a écouté Dieu, sans le connaître, a quitté son pays, sa famille, vers un autre horizon, sur une simple promesse. Ton entretien avec Élie et Moïse nous confirme aussi le lien indéfectible que nous avons avec le peuple élu de la première alliance, les juifs, qui ont traversé de nombreuses persécutions. Après l'horreur de la Shoah, les actes antisémites perdurent et augmentent. Seigneur, parce que tu étais juif, et parce que nous sommes à ta suite, nous devons combattre plus que quiconque cette forme odieuse de racisme, nous rappelant les déclarations des saints pères du concile Vatican II :

« Scrutant le mystère de l'Église, le saint Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d'Abraham.  L'Église du Christ, en effet, reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, chez les patriarches, Moïse et les prophètes. Elle confesse que tous les fidèles du Christ, fils d'Abraham selon la foi, sont inclus dans la vocation de ce patriarche, et que le salut de l'Église est mystérieusement préfiguré dans la sortie du peuple élu hors de la terre de servitude. C'est pourquoi l'Église ne peut oublier qu'elle a reçu la révélation de l'Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l'antique Alliance, et qu'elle se nourrit de la racine de l'olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l'olivier sauvage que sont les Gentils. L'Église croit, en effet, que le Christ, notre paix, a réconcilié les Juifs et les Gentils par sa croix et en lui-même, des deux, a fait un seul. (...) Du fait d'un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et théologiques, ainsi que d'un dialogue fraternel. Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. (…) En outre, l'Église, qui réprouve toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu'ils soient, ne pouvant oublier le patrimoine qu'elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l'Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d'antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs. » (déclaration sur les relations de l'église avec les religions non chrétiennes « Nostra-Aetate », concile Vatican II, Paul VI, le 28 Octobre 1965)


Seigneur, transfigure nous, afin que nous puissions rayonner de ton amour, afin que nous puissions nous sentir tes enfants, afin que nous ne cessions de nous aimer les uns les autres, amis comme ennemis, afin que tes enfants Chrétiens retrouvent le chemin de l'unité ;
Ô Christ, toi qui a été juif dans ta condition d'homme, fais que nous parvenions à vivre la vérité de ton Évangile à la lumière de la sagesse des écritures de la première alliance et de ses illustres prophètes, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Élie, et tous les Saints Prophètes qui n'ont eu de cesse que de t'annoncer ;
Seigneur, que par la force de ton Esprit nous soyons des visages éblouissants de paix et de justice, sans équivoque, pour combattre toutes les forces de racismes et de discriminations, en particulier l'antisémitisme.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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