Carême jour 8 - jeudi I (05/03/20) : "Demandez, on vous donnera!"

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre d'Esther : 

En ces jours-là, la reine Esther, dans l'angoisse mortelle qui l'étreignait, chercha refuge auprès du Seigneur. Se prosternant à terre avec ses servantes du matin jusqu'au soir, elle disait : « Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, tu es béni. Viens à mon secours car je suis seule, et je n'ai pas d'autre défenseur que toi, Seigneur. Car je vais jouer avec le danger. Dans les livres de mes ancêtres, Seigneur, j'ai appris que ceux qui te plaisent, tu les libères pour toujours, Seigneur. Et maintenant, aide-moi, car je suis solitaire et je n'ai que toi, Seigneur mon Dieu. Maintenant, viens me secourir car je suis orpheline, et mets sur mes lèvres un langage harmonieux quand je serai en présence de ce lion ; fais que je trouve grâce devant lui, et change son cœur : qu'il se mette à détester celui qui nous combat, qu'il le détruise avec tous ses partisans. Et nous, libère-nous de la main de nos ennemis ; rends-nous la joie après la détresse et le bien-être après la souffrance. »

Évangile du jour : 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. Ou encore : lequel d'entre vous donnera une pierre à son fils quand il lui demande du pain ? ou bien lui donnera un serpent, quand il lui demande un poisson ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. Donc, tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. » (Mt 7, 7-12)

Esther, humble juive issue d'une communauté exilée, choisie pour devenir Reine en Perse, fait face à la persécution adressé aux juifs par un premier ministre arriviste et injuste. Elle t'adresse alors cette prière de lamentation. Il y a en réalité dans ces mots beaucoup de confiance. Elle te reconnaît comme le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères. Elle prie et elle obtient. Cette histoire est à l'origine de la fête de Pourim, que nos grands frères juifs fêterons lundi prochain.
A tes disciples, tu vas révéler la force de la prière. En effet, Seigneur, en l'écoutant parler ainsi de la félicité et de la Providence, nous ne pouvons qu'être remplis de joie en disant : Amen ! Notre Seigneur et notre Dieu est un Père aimant, qui ne donne pas de pierres à ses enfants, et qui surabonde de générosité!
Pourtant, aussitôt dirons-nous cela en public qu'une armada de personnes protesteront en disant : « que vos paroles sont belles vous, les croyants, mais j'ai eu beau prié, je n'ai rien obtenu! »
Il serait d'ailleurs bien difficile pour nous de répondre avec simplicité pour apporter contradiction. Mais en revanche, ton Evangile étant à la fois une Parole du cœur et de l'intelligence, aussi faut-il s'efforcer de bien le comprendre.
Celui qui parle, c'est toi, Verbe de Dieu, deuxième personne de l'insondable Trinité, Dieu unique au même titre que le Père et l'Esprit-Saint. Lorsque tu nous dis « demandez, et vous le recevrez », tu le dis selon ton point de vue, qui est de Celui qui connait tout et n'ignore rien. Aussi, certaines tragédies pour nous, mortels, ne le sont pas pour toi. La mort, par exemple, qui pour beaucoup représente la fin, le pire, n'est pour toi qui l'a vaincue qu'un passage vers ton Royaume de Paix et d'Amour, auprès des anges et de ta Sainte Face.
Aussi faut-il s'entendre sur ce que nous demandons. Oh, à toi, rien n'est impossible. En revanche, tout n'entre pas dans le dessein que tu as pour nous. Tu n'es pas le Dieu du consumérisme, encore moins celui du tout-tout-de-suite !
Première chose, tour d'abord : il faut demander. Comment peux-tu nous aider si nous ne demandons pas ? Cette demande, que l'on appelle prière, doit être sincère, réelle et surtout passionnée. S'adresser à toi du bout des lèvres en tournant la tête, et en ayant déjà dans l'idée que les mots sont vains, c'est d'une certaine façon se détourner de son regard. Or, peut-on avoir dans la mesure du possible une communication franche sans un regard franc ? La prière est un cœur à cœur, comme le peau à peau des mamans avec leur nourrissons. Rien ne doit nous séparer de toi.
Une des premières choses à éliminer est le péché. Le sacrement de réconciliation, que l'on appelait naguère la confession, est justement là pour ôter les pierres entre toi et nous. Oui, c'est dur de se confesser, car c'est dur de se reconnaître pécheur ! On a peur de ce que va penser le prêtre de nous... alors il faut se dire une chose : le prêtre, comme nous, est pécheur et, comme nous, se confesse ; il en a entendu d'autre, et se retrouve simple intermédiaire bienveillant entre nous et Dieu.
Il faut ensuite apprendre à rendre Grâce. Lister tout ce qui va bien, et remercier le Seigneur de nous l'accorder, c'est une façon efficace de se dire « tout ne va pas si mal », de regarder le verre à moitié plein, de quitter nos sacs de lamentations pour un regard optimiste neuf. Commençons par dire : Merci Seigneur !
Après « merci » vient « pardon ». Ce que nous vivons dans la confession, nous devons le réitérer dans chaque prière. Demander pardon au Seigneur, c'est éloigner l'orgueil, et briser notre cœur de pierre en cœur de chair.
Cela conduit à entrer en cohérence avec nous même, par nos paroles et nos actes. Pourquoi désirer pour les autres ce que nous haïssons pour nous ? Chercher à donner sa croix n'allège pas nos épaules, mais au contraire nous alourdit d'un profond manque d'amour.
Alors nous voilà près à prier. Il n'y a pas de bons ou mauvais mots, pas de formules incantatoires, pas de recettes miracles, mais une seule contrainte : que ton oui soit oui, que ton non soit non. Parler avec le cœur, avec franchise et vérité, sans détour ni faux-semblant, même si c'est pour pleurer, crier, se lamenter, avec des mots durs et tranchants, ou bien rire et exulter de joie !
Et tu entends notre prière. Et tu y réponds. Toujours! Alors pourquoi cette frustration répandue de ne pas être entendu ?
Peut-être parce que l'on ne considère pas assez la prière comme une communication, un dialogue. Cela n'est pas un ordre que l'on te donne. C'est une question à laquelle tu apportes une réponse. Bien souvent, nous n'écoutons pas cette réponse... notre surdité est simple : parfois ta réponse ne correspond pas à notre désir, à notre volonté, alors nous sommes frustrés car nous ne sommes pas dans une démarche d'abandon. « Que ta volonté soit faite », dit-on dans ta prière du Notre-Père. Tu réponds à notre prière selon ta volonté, selon ton dessein, qui est bon pour nous. Et parfois bien des mois ou des années passées, nous nous rendons compte de la félicité de ta volonté.
Cela s'appelle simplement la Providence.

Seigneur, un jour d'angoisse, où j'attendais les résultats du scanner de mon grand-père, atteint d'une tumeur au cerveau, je te priais. Et voilà que deux carmélites arrivent. Je suis allé évidemment vers ces deux religieuses, comme attiré par un aimant, et nous avons échangé. L'une d'elle venait pour un problème neurologique assez grave. Alors je me lamente, un peu par courtoisie, mais cette dernière me regarde, la joie dans les yeux, et me dit : « tout est providence ».
Merci, Seigneur, de cette rencontre, car dans ces trois mots, cette sœur du mont Carmel, qui t'a consacré sa vie venait éclairer toute ma Foi.

Sachant mon grand-père âgé condamné, je ne t'ai pas demandé sa guérison, mais je t'ai prié de le rappeler vers toi dans une belle mort. J'ai été exaucé ! Amen, maranatha ! Je témoigne, non pas parce que ma prière est plus auguste que celle de mes frères, pauvre pécheur que je suis, petit parmi les petits, mais parce que ton amour et ta présence sont réels, visibles et puissants !
Seigneur Dieu notre Père éternel, donne-nous de te prier avec ferveur et franchise, écoute patiemment nos lamentations et nos demandes avec amour, mais que ta volonté soit faite. Parce que tout est Providence, comble nous de la joie parfaite de ton apôtre François d'Assise le Saint ;
Ô Christ, toi tu es allé jusqu'à la mort sur la croix pour faire la volonté de ton Père, aide-nous à porter nos fardeaux, à traverser nos déserts, à aimer nos frères, à ne pas leur faire ce que nous ne désirerions qu'ils nous fassent, c'est là le début de toute charité, et rappelle-nous qu'au bout du chemin, il y a la résurrection ;
Seigneur, écoute la prière sincère de tout tes enfants, de tous les Chrétiens, que les divisions anciennes continuent à gangrener : que ta volonté soit faite, et que par la force de ton Esprit, qui souffle sur le monde, tes enfants soient réunis pour vivre enfin l'Église universelle et mystique dont tu es la tête.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

Merci ! 7 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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