Carême 2020 jour 2, jeudi après les cendres : prend ta croix et suis moi !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre du Deutéronome :

Moïse disait au peuple : « Vois ! Je mets aujourd'hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd'hui, c'est d'aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. Mais si tu détournes ton cœur, si tu n'obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir, je vous le déclare aujourd'hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession quand vous aurez passé le Jourdain. »


De l'Évangile du jour :

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ? » Lc 9, 22-25


Tu annonces à tes disciples, Seigneur, une fois de plus, ta passion et ta résurrection. Cela résonne fort dans notre démarche privilégiée qu'est le carême. Il est intéressant de voir que tu parles de toi à la troisième personne, tu n'emploies pas le pronom « je », mais tu te définies comme « fils de l'homme ». Lorsque tu es dans cette annonce, nous voyons clairement et pleinement ta réalité de Vrai Dieu, incarné, face au vrai homme que tu es aussi, qui va subir le martyre, et dont tu proclames la passion, comme un passage nécessaire.

C'est en effet une traversée pour laquelle tu es né. Car si le Verbe que tu es s'est fait homme, c'est précisément pour racheter tous nos péchés par la mort et la résurrection, et que quiconque s'oppose à ce chemin de Salut procède de Satan, celui qui dit non.

Et puis tu vas plus loin, et tu nous expliques comment nous devons faire pour marcher à ta suite. Marcher à ta suite, c'est devenir disciple, devenir apôtre, devenir Chrétien. Devenir Chrétien, c'est accepter de partager avec toi la mission que nous recevons lors de notre baptême : prêtre, prophète et roi.

Renoncer à soi. Injonction difficile à entendre aujourd'hui, alors que face à la toxicité d'une forme de travail et de société, on nous conseille de nous centrer sur soi, de prendre du temps pour soi. Et pour autant, il n'y a là aucune antinomie, bien au contraire. Renoncer à soi, pour toi Seigneur, c'est renoncer à l'idéal de soi, c'est à dire à ce qu'on aimerait être, dans les lumières artificielles des mondanités. Être, pour toi, c'est abandonner cet artifice pour nous regarder en vérité.
Prendre sa croix ! Entreprise coûteuse ! Et chaque jour ! La croix que tu as porté Jésus, tout seul, c'est le fardeau des péchés des hommes. Quelle est notre croix, à nous ? Nous avons tendance, lorsqu'un problème ou un drame nous arrive, à vouloir le partager, pour que cela soit moins lourd. Mais en faisant cela, nous ne faisons que multiplier les misères, au lieu de témoigner de la Lumière. Porter sa croix, chaque jour, c'est accepter ce qui nous arrive, l'assumer et demander ton aide pour le porter. Ainsi, par cet acte, au lieu de nous alourdir, nous nous trouvons plus léger. Et nous pouvons alors accepter les mains tendues que tu nous présentes.
Perdre sa vie à cause de toi pour la sauver. Il y a là, Seigneur, plusieurs niveaux de lecture. Évidemment que la vie des martyres qui sont morts en ton nom est un exemple de Sainteté. Mais ces martyres n'étaient pas désirés mais subis. Car toi, Seigneur, tu n'appelles pas à la mort, car tu es la Vie !
Le dernier verset nous éclaire : « Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même ? »
Parler de l'idéal du moi, c'est parler de l'idéal de vie. Notre société nous pousse à l'ambition, aux projets divers et variés, au consumérisme, au toujours plus vite, toujours plus loin, toujours plus haut. On court après l'argent, après le pouvoir, après la montre, après le monde qu'on aimerait gagner. Mais finalement, que contrôle-t-on ? Les accidents de vie, les maladies qui s'abattent nous montrent souvent la relativité de la vie.
Lorsque tu nous appelles à perdre notre vie pour toi, tu nous demandes de nous délester de notre orgueil, de notre ambition, de notre carrière, de notre pouvoir, non pas en les abandonnant car il faut bien que certains d'entre nous participent aux tâches de pouvoir et de direction, mais de lâcher prise, de ne pas forcer les choses, de respecter l'autre comme tu nous l'apprends ; en somme de remettre tout cela entre tes mains pour vivre uniquement de la Divine Providence. Ne pas essayer de la sauver, c'est accepter de ne pas réussir à tout prix, envers et contre tout et tous, souvent même sa famille que l'on met de côté. Que ta volonté soit faite, qu'il m'en soit fait selon ta Parole, selon ton dessein.

Dans la première lecture des Saintes Ecritures, issue de la première alliance, Moïse dit déjà cela à son peuple, en lui donnant le choix entre la vie ou la mort. La vie, c'est suivre les chemins de Dieu, tes chemins, la mort, c'est s'en détourner et adorer des idoles, de faux dieux. L'argent, le pouvoir, l'élite, la toute-puissance, la suprématie, le consumérisme : tous ceux-là sont les faux dieux, les idoles d'aujourd'hui.
Ainsi, perdre cette vie dominée par l'esprit du monde, c'est la gagner dans ta Voie, toi qui es le Chemin, la Vérité, la Vie. C'est gagner au centuple. C'est vivre, comme Saint François d'Assise, de la joie parfaite. Décider de la garder, c'est appauvrir son cœur et son âme, laisser peu à peu s'éteindre la flamme allumée.
Donne-nous, Seigneur, en ce temps de carême, d'avoir la force et le courage de remettre en question nos vie, pour vivre de ta charité, de ta foi et de ton espérance.
Permet-nous, ô Christ, d'être à la fois ton visage face à tous ceux qui nous entourent, et de te reconnaître dans ceux que nous sommes emmenés à croiser.
Garde nous, Seigneur, dans les promesses de notre baptême, et ne nous laisse pas nous vendre au profit des leurres de ce monde.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha !

(durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême : 

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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