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Le mercredi des cendres est le premier jour du carême, et lance quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes pour les Chrétiens, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Les cendres, lorsqu'on s'en recouvrait, étaient un signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance. C'est aussi le symbole de notre condition mortelle. Mais c'est par ailleurs le feu vivant qui nous réchauffe, et les restes qui permettront de nourrir le sol en le fertilisant, favorisant la renaissance de la création. Aussi, l'imposition des cendres que nous recevons durant la célébration se rattache à notre passé, mais surtout met sur notre front le signe visible de la croix, qui ne nous montre pas uniquement la mort de Jésus, mais aussi et surtout sa résurrection vers laquelle nous cheminons. Marqués de ce signe, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Évangile du jour :

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l'accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n'y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l'aumône, ne fais pas sonne la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. » Mt 6,1-6.16-18

Aujourd'hui Seigneur, nous commençons notre temps de Carême qui va nous conduire jusqu'à ta résurrection.
Nous faisons écho aux quarante jours que tu as passé dans le désert. Durant ces quarante jours, sans manger ni boire, tu as vécu, toi Vrai Dieu mais aussi vrai homme, l'épreuve de la tentation. Et c'est par trois fois que le diable te tentera : changer les pierres en pain, se jeter du toit du temple pour être rattrapé par les anges, et te prosterner devant le diable pour posséder toutes les merveilles du monde. Mais tu réponds par la Parole de Dieu dont tu es le Verbe : « tu ne te vivras pas seulement de pain mais de toute paroles qui sort de la bouche de Dieu », « tu ne mettras à l'épreuve le Seigneur ton Dieu », « C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte ».
Seigneur, il est important de mettre ce récit en miroir de celui de la Genèse, lorsque, dans l'Éden, Adam et Eve sont tentés par le diable à l'allure de dragon, devant l'arbre de la connaissance du bien et du mal, dont Dieu a interdit le fruit. Le diable accuse Dieu de mentir, et de vouloir garder son pouvoir en maintenant l'Homme en inconscience. Le diable promet alors à Adam et Eve qu'en mangeant ce fruit ils deviendraient des dieux.

L'acte fondateur de cette humanité naissante est de céder à cette tentation, à ce premier péché, qui ne fait pas d'eux des dieux, mais qui les propulse dans la conscience du mal, de la nudité, de la mortalité, de l'orgueil, de la honte, et de l'extrême ambiguïté de la liberté. Délibérément, en connaissance de causes, ils s'éloignent de Dieu. Acte fondateur qui poursuivra les générations, avec tout l'angoisse qu'il suscite.
De nouveau donc, au désert, l'anti Éden, le diable vient tenter, vient te tenter, car lui te reconnait, sait que tu es le Fils de Dieu, deuxième personne de la trinité, et que tu es depuis les siècles. Te voilà, le nouvel Adam, devant lui, et tu ne lâche rien au démon. Par cet acte commence le rachat du péché original, qui se terminera par ta mort sur la croix et ta résurrection des morts.
Tu nous as prescris, dans ton Église, à travers l'Esprit-Saint, de vivre à notre tour quarante jours de « désert ». Nous devons nous confronter à nos propres démons, à nos péchés, à nos tentations, à nos scandales, dans une démarche de repentance et de réparation. Nous devons jeûner, nous qui avons trop, pour qu'à travers notre corps nous purifions notre âme. Nous devons prier avec force et vérité, pour les persécutés et les persécuteurs, pour les victimes et les méchants, pour les pauvres de cœur et les riches d'orgueil.

Mais cela, Seigneur, et tu nous l'enseignes dans ton Évangile du jour, nous devons le faire dans le secret, sans chercher à le montrer à quiconque. Car si nous le faisons par convenance, pour faire bien, par des soucis de mondanités, et donc pour le paraître, nous ne sommes plus sur ton Chemin, nous ne sommes plus dans ta Vérité ni dans ta Vie, mais dans la recherche orgueilleuse d'une reconnaissance, d'une meilleure place, d'un pouvoir.

Seigneur, alors que ton Église est secouée par des scandales, prions pour les victimes, et pour ceux qui, œuvrant dans le secret, subissent les conséquences de ces scandales.

Seigneur Jésus, en ton nom et parce que nous avons la Foi, luttons plus haut et plus fort contre les violences faites aux femmes, aux enfants, aux plus faibles, et prions pour que justice soit rendue et que les victimes retrouvent la paix dans leurs âmes, leurs cœurs et leurs corps.

O Dieu tout puissant, devant ta Sainte Face, demandons pardon pour toutes les fautes, tous les péchés et tous les crimes commis, plus particulièrement lorsqu'ils l'ont été par l'un d'entre nous. Donne-nous la force de dire NON au démon et de marcher sur tes chemins de perfection et de sainteté.

Oui Seigneur, ton Évangile est radical, sans concession. Permets-nous de le suivre, car c'est à travers lui, toi, le Verbe de Dieu, le Chemin, la Vérité, la Vie, que tu nous enseignes et tu nous parles.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha !

(durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)

Proposition facultative : je vous partage un texte écrit en mai 2019 sur la tragédie environnementale et consumériste, en lien avec le jeûne pratiqué durant le carême :

Nourritures :

Seigneur Jésus, toi qui est pain de vie, vraie nourriture, tu nous rassasie de ta Grâce.
Christ, dans ce monde qu'il nous est donné d'habiter, et duquel, comme tu l'as dit à ton Père, nous ne sommes pas, la nourriture terrestre est un problème majeur. Un côté du monde mange avec outrance, un autre meurt de faim. Elle devient un objet obsessionnel de dépendance ou de manque, et provoque de nombreux maux, qui atteignent à la foi le corps, l'esprit et le monde. Les équilibres naturels sont bouleversés. Les légumes et les fruits perdent leur saveur. Les animaux sont exterminés ou tués avec sauvagerie. Peu à peu, ta Création se consume.
La famine vient des guerres, des dictateurs et des politiques, ainsi qu'un réchauffement global de la planète. Grâce à toi, des convois humanitaires permettent de pallier en envoyant quelques denrées, mais toujours insuffisantes. Ces peuples, ces enfants, sont laissés par les leurs à leur sort, à leur misère. Ton serviteur le Saint Pape François, a imploré à genoux devant ces dirigeants de mettre fin à tout cela.
Dans la partie du monde que tu m'as donné de vivre, la nourriture est en abondance. Ce monde est atteint d'une maladie grave qui s'appelle consumérisme. Pour survivre, l'économie se nourrit de la consommation, où plus on consomme plus il faut consommer. Alors nous mangeons, mangeons, mangeons, grossissons, souffrons de nombreuses complications, et entretenons ce système du toujours plus, toujours plus vite. Il y a de plus en plus d'animaux maltraités ; dans les abattoirs on égorge les lapins vivants, on tabasse les porcs et les vaches qui refusent d'aller à l'échafaud, on entasse des poules dans des cages obscures, on écrase des poussins sauvagement parce qu'ils n'ont pas le bon sexe.
Et on mange, on mange, on mange. O toi, je sais Seigneur, tu n'as pas donné de prescription alimentaire, et tu devais aimer les animaux dont tu as aboli le sacrifice. Ton serviteur habité par ton Esprit François d'Assise le Saint des pauvres et de la nature, a aimé avec douceur les plantes et les animaux, te reflétant dans chacun de ses gestes. Il a compris l'importance du jeûne et du soin de ce monde.
O Père Créateur, donne-nous d'aimer ta Création, d'en prendre soin, car sans elle nous mourrons. O Christ Verbe de Dieu, toi qui a vécu dans la tempérance, la chasteté et le jeûne, donne-nous de vaincre nos compulsions, et toi qui a multiplié les pains, fais que les pays riches nourrissent les pays pauvres. O Esprit Saint, repend ton feu dans l'esprit des dirigeants et des grands de ce monde, pour qu'ils appliquent protection de l'environnement, de la biodiversité et justice sociale, mais aussi dans nos têtes à nous les petits, qu'à notre échelle nous vivions de que François d'Assise a vécu, dans le tri de nos déchets, la lutte contre le gaspillage, le partage et le respect de la nature et de tous ses habitants. Parce qu'en toi rien n'est impossible, sauve-nous, toi Père, Fils et Saint-Esprit, de la catastrophe annoncée. Amen