Nous courons tout le temps. Nous avons l'impression que le temps passe de plus en plus vite, et que nous sommes de plus en plus pressés. Nous répétons souvent que nous n'avons pas le temps. Bien souvent, notre prière en souffre. L'oraison passe souvent à la trappe de nos agendas surchargés.

La France a connu un grand philosophe chrétien au XX^è siècle. Jacques Maritain vivait une heure d'oraison chaque jour avec son épouse Raïssa. Mais vint un moment où Jacques était très demandé, pour des cours, des conférences, des livres et des articles, tant en France qu'aux États-Unis, et même un peu partout dans le monde. Ainsi, au bout de quelques années, ils se sont rendu compte qu'ils ne parvenaient plus à maintenir le rythme de cette heure d'oraison, vécue chaque jour en couple. Ils se sont interrogés : « devons-nous y renoncer, pris que nous sommes par toutes nos activités ? » Prenant le temps de peser cette question dans la prière, ils ont décidé – non sans panache – que désormais, ils ne vivraient plus une, mais deux heures d'oraison par jour.

Cette histoire nous enseigne que l'oraison ne « mange » pas notre temps : au contraire, elle nous permet d'utiliser saintement le temps qu'il nous est donné de vivre, parce que c'est là, auprès du Seigneur, que nous puisons la force dont nous avons besoin pour mener à bien toutes nos missions. Consacrer une demi-heure ou une heure d'oraison régulièrement, c'est se brancher à nouveau sur le Seigneur, de qui nous vient tout bien. Seulement, comment faire ?

Au risque de vous décevoir, il n'y a pas de méthode de l'oraison, dont l'efficacité serait scientifiquement prouvée. C'est à chacun d'entreprendre ce labeur de la prière et de s'engager sur les voies d'un cœur à cœur avec Dieu. Nous souhaitons cependant vous partager le conseil de M. Olier, le fondateur de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (sulpiciens). À ses séminaristes, il aimait dire : « Jésus devant les yeux, Jésus dans le cœur, Jésus dans les mains ». Ce cheminement, nous vous le recommandons :

• D'abord, l'oraison consiste à se mettre face au Seigneur, de sorte que je le regarde ;
• Ensuite, l'oraison nous invite à nous mettre en présence du Seigneur, c'est-à-dire à entrer en nous-mêmes, puisque c'est là que nous pouvons rencontrer celui « qui est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes », comme écrivait notre Père S. Augustin dans les Confessions.
• Enfin, l'oraison nous pousse vers le monde et vers les autres, en nous renouvelant intérieurement dans notre mission auprès d'eux. C'est ce qui faisait dire à S. Vincent de Paul que lorsque nous quittons la chapelle pour accueillir les pauvres venant frapper à la porte du monastère, nous quittons Dieu pour Dieu, ce qui revient à dire que nous sommes stables dans l'oraison.

Chers priants d'Hozana, l'évangile du mercredi des Cendres nous a enjoints à nous retirer dans notre chambre, pour y prier Dieu dans le secret. Et si vous appliquiez cette invitation cette semaine ? Alors, votre vie sera renouvelée.

J'écoute cette méditation...