Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu'ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l'on n'avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l'écart. Les gens les virent s'éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. (Mc 6, 30-34)

Jésus saisi de compassion

On raconte d'un moine du Moyen Âge qu'il avait longé un très beau lac sans même l'apercevoir. Jésus n'est pas ainsi. Les plus petits détails de la vie de tous les jours n'échappent pas à son regard ; il est toujours à l'aise au milieu des gens. Les évangélistes nous le décrivent comme étant profondément humain. On voit des larmes jaillir de ses yeux, il souffre, s'étonne, se réjouit, embrasse les enfants, contemple une fleur… Ses discours sont pleins de compassion pour les faiblesses humaines, mais cela n'atténue en rien ses exigences ; il peut parler avec tendresse et bonté, mais, de la même manière, il sait être sévère et même tranchant. Parfois un sentiment d'amère ironie retentit dans ses paroles : « Vous filtrez votre boisson pour en éliminer un moustique, mais vous avalez un chameau ! » (Mt 23, 24). Habituellement, Jésus est doux et patient, mais il est impitoyable avec les hypocrites : il chasse de ses mains les marchands du Temple, s'indigne contre Hérode Antipas et les experts des Écritures, reproche à ses disciples d'avoir peu de foi.

[Pour autant] Jésus est absolument étranger à l'exaltation maladive et au fanatisme frénétique qui caractérisent souvent les mystiques et les fondateurs de religion ; les traits essentiels de son caractère sont la clarté et le bon sens. Quand il parle de choses extra-ordinaires, quand il appelle quelqu'un à de grandes réalisations ou à des engagements difficiles, il le fait sans pathos ni excitation. Il sait discuter simplement avec les gens à côté d'un puits ou à une table de fête, mais il peut aussi prononcer des paroles qui laissent tout le monde bouche bée : « Je suis le pain de la vie » (Jn 6, 48). Il parle de luttes et d'épreuves, mais porte partout la lumière, la bénédiction : il transfigure la vie.

Alexandre Men

Le père Alexandre Men († 1990) fut une grande figure spirituelle de l'orthodoxie, qui paya de sa vie sa liberté de parole dans la Russie soviétique.

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