Prions avec le B-X Frédéric Ozanam : la primauté du bien commun en société

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 Un peu d'histoire

Frédéric Ozanam (1813_1853) appartient au tiers-ordre franciscain et lutte contre les critiques des Saint Simoniens de son époque, lesquels, bons "matérialistes" et "positivistes", voient le catholicisme comme périmé et "has been" pour répondre aux problématiques de la pauvreté... Par bien des aspects, notre société partage et prolonge la déchristianisation de la France du XIXe siècle. Le Paris décrit par Victor Hugo dans Les Misérables est une ville bouillante et violente, avec des quartiers surpeuplés et insalubres, atteints de misères tant matérielles, que morale et spirituelle. Notre Paris contemporain n'a rien à envier à cette description : se juxtaposent aujourd'hui encore quartiers jouissant d'une grande réussite économique et technique et poches de misère de plus en plus criantes. Et, encore aujourd'hui, elle développe une ignorance profonde du christianisme et de son apport spécifique à la recherche du bien commun.

 Frédéric Ozanam mène à la Sorbonne, acquise en son temps aux idées du laïcisme et du scientisme, un véritable combat intellectuel. Pour ne pas laisser la dimension sociale aux seules mains de ces penseurs très critiques qui opposent à l'Église ces idées sur la liberté, le progrès, la science, la raison; lui se battra pour concilier Foi et Raison : la Raison conduit à la Foi et la Foi accomplit la Raison. Actuellement, si certaines idées progressent sans regarder le « bien commun », elles peuvent s'emballer et devenir folles, pouvant faire surgir des idéologies hors sol, ce qui est toujours dangereux, l'Histoire nous l'a prouvé à maintes reprises. 


l'entraide est donc autant une loi de la vie animale que la lutte réciproque, mais, comme facteur de l'évolution, elle a probablement une importance beaucoup plus grande, en ce qu'elle favorise le développement d'habitudes et de caractères éminemment propres à assurer la conservation et le développement de l'espèce ». Pierre Kropotkine, géographe, explorateur, anthropologue et théoricien du communisme libertaire.

 


Contemplation Parole-Action

 

L'enfance du BX F.Ozanam est marquée par la souffrance qui forge en lui un regard clair et une grande maturité. Il fonde à 20 ans, en 1833, avec sept amis, une "société de charité" où il joint la parole à l'action. Il se met au service des pauvres, marqué par les paroles de Saint Vincent de Paul : « les pauvres sont nos maitres » et « quand on voit un pauvre, on se prosterne devant lui, comme le Christ présent dans le pauvre comme dans l'eucharistie ». Cette société de charité veut enserrer le monde dans un « réseau de charité ». Avec l'aide et sur les conseils de Sœur Rosalie, Fille de la Charité proche des pauvres du quartier Mouffetard, cette société devient, en 1835, la Société de Saint-Vincent-de-Paul.

 

La question qui divise les hommes de nos jours n'est plus une question de formes politiques, c'est une question sociale, c'est de savoir qui l'emportera de l'esprit d'égoïsme ou de l'esprit de sacrifice. Il y a beaucoup d'hommes qui ont trop et qui veulent avoir encore ; il y en a beaucoup plus d'autres qui n'ont pas assez, qui n'ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne pas. Entre ces deux classes d'hommes, une lutte se prépare ; et cette lutte menace d'être terrible : d'un côté la puissance de l'or, de l'autre la puissance du désespoir.  (BX F.Ozanam)

 

Toujours dans le sillage de Saint Vincent de Paul, qui avait ouvert les portes de ces églises et des cloîtres pour que les prêtres et les religieuses (les filles de la charité, le premier ordre de religieuses non cloitrées) puissent accueillir les pauvres, Frédéric Ozanam invite les laïcs à aller concrètement au contact de la pauvreté de leur temps, avec ces mots : « la question qui agite aujourd'hui le monde autour de nous […] est une question sociale ; c'est la lutte de ceux qui n'ont rien et de ceux qui ont trop ; c'est le choc violent de l'opulence et de la pauvreté qui fait trembler le sol sous nos pas. »

 

En cette période troublée de la révolution de février 1848, Frédéric Ozanam défend la situation des plus pauvres et des ouvriers. Selon lui, cette révolte engendrera : « un progrès qu'il faut soutenir. J'y reconnais l'avènement temporel exprimé par ces trois mots : Liberté, Égalité, Fraternité. Je veux donc la souveraineté du peuple. »

 

Écouter les paroles mais observer les actes (Confucius)

 


À son exemple, mieux vivre en société et éviter la barbarie 


Notre société est le reflet des personnes qui la dirigent et la composent. En résulte une équation simple et logique : des hommes plus pervertis = une perversion des structures + une inversion des structures (Saint Jean Paul II parlait des structures de péchés). Un individu qui est déraciné et indifférencié ne se définit plus par des devoirs vis-à-vis de la société. Par conséquent, le cas des travailleurs sans-papiers est hélas, un exemple de l'histoire qui bégaie, sans critiquer les hommes plus qu'un système pervers. Les sans-papiers deviennent alors cette nouvelle armée de réserve de travailleurs d'un néo-libéralisme inscrit dans le marbre des traités européens ; ce qui n'est sans doute pas un hasard si, au même moment, le MEDEF veut faciliter le recrutement des étrangers ce qui impose à la France pour sauver l'Euro de faire constamment de la dévaluation interne, comme le montre la chaine de pizza Big Mamma, dans cet article du 6 novembre de Marianne. 

Nous ne sommes ni interchangeables, ni jetables. Nous sommes appelés à vivre en société et pour cela, chaque membre doit grandir avec plusieurs critères que je mets dans un ordre précis : être un citoyen pacifié, savoir se dépasser (ne pas tout le temps rechercher son bien particulier), savoir se dévouer : chercher le bien des communautés auxquelles j'appartiens.

Au niveau écologique, ces deux images de sainteté nous aide à lutter contre notre vieil homme qui souvent, enorgueilli de sa science et de ses savoirs techniques, a perdu de sa candeur. Cela nous incite à repenser notre rapport au monde dans une juste sobriété, une frugalité du retour à la matière pour retrouver confiance, pour mieux servir et être attentif à l'autre, et déjà notre voisin de porte.

Citation : « il faut sortir de la société de croissance en allant vers une société de décroissance, non plus basée sur ce logiciel de produire/consommer/rejeter toujours plus, mais fondée sur l'autolimitation, retrouver le sens de la mesure et construire une abondance dans la frugalité : la décroissance, c'est décroître sur le plan matériel pour croître sur le plan de la joie et de la vie ». Serge Latouche, économiste.

Dans une perspective chrétienne, la prière et la pénitence ne sont pas là pour mettre des freins, mais dans ce contexte de désespérance et d'insouciance nihiliste qu'est le notre, nous aide à pratiquer la modération et la sobriété qui sont des voies incontournables pour commencer à changer la situation. Dès lors, l'homme est vu comme le couronnement de la nature; il a la charge de l'accompagner en devenant co-créateur, comme Saint Hildegarde le suggère dans élan d'une écologie intégrale, déjà locale et concrète.


Son invitation

En ces temps troubles et confus, le BX F.Ozanam invite à garder la tête hors de l'eau et à ne pas inverser la fin et les moyens : commencer par reconnaitre la valeur et la grandeur de la personne humaine.Ce précurseur de la Doctrine Sociale de l'Église (DES) s'est interrogé sur ce qui fait société. La DSE n'est pas un règlement juridique découlant d'une révélation mais un argument  conforme à la nature de tout être humain, à partir de la raison et du droit naturel, pour mettre en application la distinction des pouvoirs, la dignité de la personne, le principe de destination universelle des biens, la loi de la charité, le principe de subsidiarité, le principe de finalité et de gouvernement qui doit rendre plus facile l'accès à ce qui est bien et ce qui est vrai. L'Église en tant qu'experte en humanité présente donc les exigences de la nature des choses non comme un code civil ou des préceptes religieux mais surtout comme des vérités objectives et de bon sens.Dans la déconstruction notable de la société actuelle, nous voyons bien que se dessine l'avènement d'une humanité à deux vitesses. Deux conceptions s'opposent : d'une part, l'homme qui reçoit sa nature de Dieu en cultivant du sens et en prenant soin ; d'autre part, l'homme qui prétend être la « mesure de toutes choses », qui veut tout maitriser, jusqu'à la libéralisation de la recherche sur l'embryon humain : clonage, fabrication d'embryons transgéniques (la descendance est modifiée), chimériques (mélange homme/animal) et, dans le cadre de la PMA, renforcement du tri sélectifs des embryons pour éviter tout handicap (eugénisme). Bref, l'embryon, humain est devenu au cours de ces dernières années une chose moins protégée qu'un animal. L'eugénisme est devenu démocratique selon le plan d'un meilleur des mondes.


Institution de l'eucharistie: icône de l'église copte d'Egypte



Nos sociétés occidentales ont vu apparaître un nouveau type de misère : la solitude de nos aînés. D'aucuns envisagent de pallier l'isolement par la multiplication des robots de compagnie. Débrancher les robots et assurer une présence humaine auprès des plus fragiles, telle est la nouvelle mission de la Société Saint Vincent de Paul. Car dans charité, il y a chair. Charité et révolution n'ont pas tou­jours fait bon ménage. Alors que les révolutionnaires se perdent dans des considérations matérialistes évacuant la question spirituelle, les tenants de la charité pêchent parfois par manque de volo­ntarisme politique. Et pourtant, le grand Fré­déric Ozanam nous rappelle que ces deux frères ennemis peuvent se réconcilier. Hom­me de lettres, Ozanam participe à la révo­lution de 1848 à travers son journal : L'Ère nouvelle. Cet apôtre de la charité – il fonde la Société Saint Vincent de Paul en 1833, pre­mière association caritative moderne – s'est révélé un farouche révolutionnaire ! Pour lui, seul un bouleversement politique majeur permettra l'instauration des mesures sociales contre l'exploitation de l'homme par l'homme. Révolutionnaire certes, mais cer­tainement pas au sens marxiste. Plutôt que la lutte des classes, il préfère la « fraternité universelle », laquelle préfigure ce que Paul VI appellera la « civilisation de l'amour ». Car Ozanam est un spiritualiste. Il en appelle d'abord à une conversion des cœurs pour qu'advienne ensuite une révolution sociale plus concrète : une révolution sans violence pour une société du partage. Non à la charité assistée par ordinateur Pour la Revue Limite


La politique au sens noble sert le bien commun et n'est pas que du management et du consensus à court terme; la grandeur de l'être humain tiens aussi dans sa fragilité, nous ne pouvons daigner notre humanité en pensant devenir des hologrammes d'homme augmenté... entretien de François Asselineau avec Mgr Rey, ci dessous :





Prière de la communauté

Misericordes Sicut Pater

Seigneur Jésus, tu as voulu te faire pauvre, donne-nous des yeux et un cœur pour les Pauvres ; pour que nous puissions te reconnaître en eux, dans leur soif, leur faim, leur solitude et leurs misères. Suscite dans nos communautés l’unité, la simplicité, l’humilité et le feu de la charité. Donne-nous la force de Ton Esprit pour être fidèles à pratiquer ces vertus, pour que nous puissions Te contempler et Te servir dans les Pauvres et qu’un jour nous soyons unis à Toi, avec eux dans Ton Royaume. Que Notre Dame de Fatima sous son manteau et par son cœur immaculé sois la source de joie et la paix, pour les petits. Amen. Alléluia !

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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