Quand on se retrouve dans la rue, quand on s'habitue à y rester (les gens du Forum des Halles y sont en moyenne depuis 7 ans !), c'est qu'on n'a plus de liens avec les autres : la famille, les copains de travail, les amis ont disparu ; la rue devient un milieu de vie, sauvage, parfois glauque, de temps en temps merveilleusement fraternel. Envoyés par l'Eglise locale, nous allons renouer des liens, mettre un tissu social autour de ces gens extrêmement divers, marqués par leur expérience de rue, mauvaise alimentation, froid, sommeil fragile ...

Mais nous ne sommes pas la bonne conscience de l'Eglise ou de la société. 

Nous voulons rappeler à l'Eglise et à la société toute entière que ces hommes, ces femmes, ces enfants ont le droit de vivre dignement. 

Nous devons arrêter de les regarder comme des déchets, des ratés ; nous devons nous ingénier à vivre avec eux dans notre ville de Paris. 

Les gens de la rue ne sont pas seulement les résultats de nos échecs, de nos dysfonctionnement ; ce sont des signes : attention, notre ville devient inhumaine ! Attention, nous nous laissons emporter par nos idolâtries ! 

Il nous faut changer, pour que les jeunes puissent trouver un travail, un avenir, une utilité sociale. Il nous faut changer, pour que les hommes et les femmes, marqués par un passé douloureux, puissent se retrouver avec des frères et se relancer dans la vie. Il nous faut constituer une Eglise plus fraternelle aux petits. 

Nous sommes remplis d'espérance: le Royaume de Dieu est parmi nous.

Père Patrick Giros