Grandir avec les Saints - Jour 1

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Petit rappel : Vous pouvez effectuer cette mini-retraite en 3 jours, plus ou moins, bref à votre rythme car le temps de Dieu n’est pas le nôtre !  A noter, pour simplifier nos écrits, nous parlerons souvent des grands-parents mais les personnes célibataires, religieux, consacrés ou prêtres peuvent aussi considérer nos propositions ou questions car ils peuvent côtoyer des jeunes au travers de leurs visites, les soignants ou en relation avec leurs neveux et nièces.


En ce mois d'octobre, nous vous invitons à la conversion avec de grands saints. Que le Seigneur vous aide à cheminer à sa suite en débutant par la réformatrice du Carmel d'Avila, Thérèse de Jésus. 


« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 3,2)

Sainte Thérèse de Jésus - Le Livre de la Vie - Chapitre 9 : la conversion

Mon âme fatiguée aspirait au repos, mais de tristes habitudes ne lui permettaient pas d’en jouir. Or, il arriva un jour qu’entrant dans un oratoire, j’aperçus une image de Jésus-Christ couvert de plaies, qui se trouvait là pour être exposée dans une fête prochaine. Elle était si touchante, c’était une représentation si vive de ce que Notre-Seigneur endura pour nous, qu’en voyant le divin Maître dans cet état, je me sentis profondément bouleversée. Au souvenir de l’ingratitude dont j’avais payé tant d’amour, je fus saisie d’une si grande douleur qu’il me semblait sentir mon cœur se fendre. Je tombai à genoux près de mon Sauveur, en versant un torrent de larmes, et je le suppliai de me fortifier enfin de telle sorte que je ne l’offense plus désormais. 

J’avais pour la glorieuse sainte Madeleine une tendre dévotion ; très souvent ma pensée s’occupait avec bonheur de sa conversion, surtout lorsque je venais de communier. Certaine alors que le divin Maître était présent en moi, je me tenais à ses pieds, je les arrosais de larmes qui, ce me semble, ne devaient point lui déplaire. Je ne savais ce que je disais ; mais c’était de sa part trop de faveur d’agréer ce tribut de mes larmes, puisque le sentiment qui en était la source devait si tôt s’effacer de mon âme. Je me recommandais à cette glorieuse sainte et je la conjurais d’obtenir mon pardon. 

Jamais, je crois, elle ne se montra aussi propice à ma prière que dans la circonstance dont je parle. Cessant dès lors de me fier à moi-même, je mis en ce bon Maître toute ma confiance. Je lui dis, me semble-t-il, que je ne me lèverais point de là qu’il n’eût favorablement accueilli ma prière. Je tiens pour certain qu’il l’exauça, car dès ce jour je ne cessai plus de faire de rapides progrès. 

Comme je ne pouvais discourir avec l’entendement, voici quelle était ma manière d’oraison. Je tâchais de me recueillir et de considérer Notre-Seigneur présent au dedans de moi. Mon âme retirait, ce me semble, plus de profit de la contemplation des mystères où je le voyais plus délaissé. Seul et plongé dans la peine, notre divin Maître devait, selon moi, à cause de son abandon même, se sentir porté à m’admettre en sa présence. J’avais beaucoup de simplicités de ce genre. Je méditais avec prédilection sa prière au jardin des Olives. Là, je me plaisais à lui tenir compagnie. Je considérais la sueur et la tristesse qu’il avait endurées en ce lieu. J’aurais voulu, si j’avais pu, essuyer cette sueur si douloureuse ; mais, il m’en souvient, je n’osais jamais le tenter ; je me sentais arrêtée par la vue de mes péchés. Je restais ainsi avec Notre-Seigneur autant que mes pensées me le permettaient, car j’en avais bon nombre d’importunes qui faisaient mon tourment. 

Pendant plusieurs années, presque tous les soirs avant de m’endormir, au moment où j’offrais à Dieu le repos de la nuit, je pensais quelques instants à ce mystère de l’oraison de Jésus-Christ dans le jardin. Je le faisais avant même d’être religieuse, parce qu’on gagnait par-là, m’avait-on dit, beaucoup d’indulgences. Mon âme, j’en suis convaincue, en retira un très grand profit ; je commençai ainsi à faire oraison sans savoir ce que c’était ; j’avais contracté l’habitude de cette pieuse pratique, et j’y étais aussi fidèle qu’à faire mon signe de croix avant de m’endormir. 

A propos de ce tourment des pensées importunes dont je viens de parler, je signalerai un caractère spécial de ce genre d’oraison où l’entendement n’est point occupé à discourir : c’est que l’âme y est ou profondément recueillie, ou cruellement désolée par les distractions. Si elle avance, c’est à grands pas, parce que c’est un progrès tout d’amour ; mais il lui en coûte beaucoup pour en arriver là, à moins qu’il ne plaise à Notre-Seigneur de l’élever en très peu de temps à l’oraison de quiétude, comme il l’a fait pour quelques personnes que je connais. Les âmes qui marchent par cette voie se serviront avec utilité d’un livre, afin de se recueillir en peu de temps. Un autre secours pour moi, c’était la vue des champs, de l’eau, des fleurs ; ces objets m’élevaient vers le Créateur, ils me faisaient entrer dans un saint recueillement et me tenaient lieu de livre. Je me servais utilement aussi du souvenir de mon ingratitude et de mes péchés. 

Pour ce qui est de me peindre sous des images les objets célestes ou sublimes, jamais mon entendement grossier n’en a été capable ; il a plu au Seigneur de les montrer à mon âme par une voie différente. D’autres, à l’aide d’une imagination vive, se représentent ce qu’ils veulent méditer et se recueillent ainsi ; chez moi cette faculté se trouvait si inerte, qu’elle ne pouvait en aucune façon me peindre ce que je ne voyais pas des yeux du corps. Il n’y avait qu’une chose en mon pouvoir, c’était de penser à Jésus-Christ en tant qu’homme. Mais en vain les livres me faisaient la peinture de sa beauté, en vain ses images frappaient chaque jour mes regards, jamais il ne me fut possible de me représenter intérieurement ses traits. Figurez-vous un aveugle, ou quelqu’un au milieu d’une obscurité profonde, s’entretenant avec une autre personne : il sait certainement et il croit que cette personne est là, puisqu’il l’entend, mais il ne la voit point. Ainsi en était-il de moi lorsque je pensais à Notre-Seigneur. C’est pour cette raison que j’aimais tant les images. Oh ! qu’ils sont à plaindre, ces malheureux qui, par leur faute, se privent d’un si grand bien ! On voit clairement par là qu’ils n’aiment pas le divin Maître. S’ils l’aimaient, ils sentiraient de la joie à la vue de son portrait, puisqu’ici-bas même, l’œil tombe avec bonheur sur le portrait d’un ami. 

Vers ce même temps, on me donna les Confessions de saint Augustin. Ce fut, je n’en puis douter, par un dessein particulier du Seigneur, car je ne cherchais point à les avoir, et je ne les avais jamais lues. J’ai pour saint Augustin un très grand amour : d’abord parce que le couvent où j’ai été pensionnaire était de son ordre, ensuite parce qu’il fut pécheur. Je puisais en effet une vive consolation auprès des saints que le Seigneur avait appelés des voies du péché ; il me semblait que je devais trouver en eux du secours ; si le Seigneur leur avait accordé le pardon, il pouvait me l’accorder aussi. Une seule chose me désolait, comme je l’ai dit : Dieu ne les avait appelés qu’une fois, et ils étaient restés fidèles ; pour moi, il m’avait déjà tant de fois appelée en vain ; c’était là ce qui m’affligeait. Néanmoins, en considérant l’amour qu’il me portait, je sentais renaître mon courage ; et si bien souvent je me suis défiée de moi, jamais je ne me suis défiée de sa miséricorde. O mon Dieu ! quel effroi me pénètre quand je considère cette dureté de mon âme, malgré tous les secours que le Seigneur lui prodiguait ! Je tremble encore en voyant le peu d’empire que j’avais sur moi, et les chaînes si fortes qui m’empêchaient de me donner toute à Dieu. 

Je n’eus pas plutôt commencé à lire ce livre des Confessions, qu’il me sembla m’y voir moimême dépeinte. Je me recommandai avec ardeur au glorieux saint Augustin. Lorsque j’arrivai à la page de sa conversion, lorsque je lus les paroles qu’il entendit dans le jardin1 , il me sembla que le Seigneur me les adressait à moi-même, tant fut grande l’émotion de mon cœur. Je restai longtemps baignée de larmes, succombant intérieurement à la douleur et au regret. Oh ! que ne souffre pas une âme qui a perdu cette liberté par laquelle elle devait régner en souveraine ! Que de tourments elle endure ! En vérité, je ne sais comment j’ai pu vivre au sein d’un tel supplice. Louanges-en soit rendue à Dieu ! Il me donna la vie et m’arracha de la profondeur de cette mort. En ce moment, je le crois, il communiqua à mon âme de grandes forces : il avait entendu mes cris, il avait été touché de tant de larmes. 

Dès cette époque, je sentis croître en moi le désir de rester plus longtemps avec Dieu dans l’oraison, et d’éloigner de ma vue les causes de dissipation. A peine étais-je renfermée dans la solitude, que je sentais renaître mon amour pour Notre-Seigneur. Je voyais bien que je l’aimais, mais je ne comprenais pas, comme je devais le voir plus tard, en quoi consiste le véritable amour. Pourtant j’achevais à peine de former le désir d’être toute à lui, qu’il se hâtait de son côté de me combler de nouvelles faveurs ; il me conviait, ce semble, à vouloir accepter ces délices et ces caresses, que d’autres s’efforcent d’obtenir par de longs travaux : ceci se passait dans les dernières années. 

Je ne lui demandais cependant ni ces douceurs, ni la tendresse de dévotion, jamais je ne l’aurais osé. Je le suppliais seulement de m’accorder la grâce de ne plus l’offenser, et de me pardonner mes péchés. Ils étaient si grands à mes yeux, que jamais de sang-froid je n’aurais osé même désirer ces joies et ces délices. C’était trop de bonté et trop de miséricorde de la part de ce divin Maître, de daigner me souffrir en sa présence et de m’y attirer ; car sans ce doux attrait, je le voyais, je ne serais point venue. Je ne me souviens de lui avoir demandé des consolations qu’une seule fois dans ma vie, c’était dans un moment de grande sécheresse. Je ne m’aperçus pas plus tôt de ce que je faisais, que la confusion et la douleur de me voir si peu humble me donnèrent ce que j’avais en la témérité de demander. Je savais bien que cela n’était point défendu ; mais je le croyais permis seulement à ceux qui s’y sont disposés par une véritable dévotion, c’est-à-dire qui s’efforcent de tout leur pouvoir de ne point offenser Dieu, et qui sont résolus et préparés à toutes sortes de bonnes œuvres. Il me semblait que mes larmes n’étaient que des larmes de femme, des larmes sans énergie, puisque par elles je n’obtenais pas ce que je désirais. Je crois néanmoins qu’elles m’ont servi, particulièrement à dater de ces deux circonstances, où l’excès de la componction m’en fit répandre de si amères, et où mon cœur fut pénétré d’un si tendre repentir. 

Dès lors, ainsi que je l’ai dit donner davantage à l’oraison ; je commençai à m’adonner davantage à l’oraison ; je m’exposai moins aux occasions qui pouvaient me nuire, sans toutefois les éviter entièrement. Peu à peu le divin Maître m’aida à m’en éloigner ; et à peine vit-il en mon âme une préparation depuis si longtemps attendue, qu’il m’accorda des faveurs de plus en plus nombreuses, comme mon récit va le faire connaître. Conduite peu ordinaire assurément de la part du Seigneur, car il n’a coutume d’accorder de telles grâces qu’à ceux qui vivent déjà dans une plus grande pureté de conscience.


Poser un geste, méditer, prier, offrir

Nous vous invitons en ce début de mois à vous convertir en allant vous confesser et à prier pour tous les péchés commis dans le monde, spécialement par tous ceux qui ne connaissent pas Dieu ou le rejettent. 

 

Prière de Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)
 
« Ô Dieu de mon âme, comme nous sommes prompts à vous offenser, mais comme vous l'êtes davantage à nous pardonner. D'où nous vient donc, ô Seigneur, une si folle audace, si ce n'est de ce que, voyant l'étendue de votre grande miséricorde, nous oublions l'équité de votre justice ? « Les douleurs de la mort m'ont environné », dites-vous. Oh ! Que le péché est un grand mal, puisqu'il a pu donner la mort à un Dieu au milieu des plus poignantes douleurs. Et comme ces douleurs vous environnent encore aujourd'hui, ô mon Dieu, où pouvez-vous aller, que vous ne soyez tourmenté ? De toutes parts les mortels vous font des blessures. Ô chrétiens, il est temps de défendre votre Roi et de lui tenir compagnie dans l'isolement profond où il se trouve. Ils sont rares les vassaux qui lui restent fidèles, c'est le grand nombre qui marche à la suite de Lucifer. Le pire, c'est qu'il y en a qui en public se montrent ses amis, et qui en secret le vendent. Il ne trouve presque plus personne à qui il puisse se fier. Ô ami véritable, qu'il vous paye mal celui qui vous trahit. Ô véritables chrétiens, venez donc pleurer en compagnie de votre Dieu, ce n'est pas seulement sur Lazare qu'il a répandu des larmes pleines de compassion, mais sur ceux qui, malgré les cris répétés de sa Majesté, devaient ne pas vouloir ressusciter. Ô mon Bien, comme vous aviez présentes les fautes que j'ai commises contre vous, qu'elles ne se renouvellent jamais, ô Seigneur, qu'elles ne se renouvellent jamais, ni celles de tous les pécheurs. Malgré ma misère, je vous le demande pour les âmes qui ne veulent pas vous le demander. Vous voyez bien, ô mon Roi, quel tourment j'endure quand je vois les pécheurs songer si peu aux supplices affreux qu'ils endureront toute une éternité, s'ils ne reviennent à vous. Ô dureté des cœurs humains ! Que votre immense miséricorde, ô mon Dieu, les attendrisse. Ainsi soit-il. »

Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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La vieillesse, temps de vie, temps de Dieu

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