« Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et cela arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du Sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive. » (Lc 12, 54) Certes, depuis l’époque de Jésus, les hommes ont fait des progrès en météorologie, dans l’observation et la prévision du temps qu’il fera. Mais savoir « interpréter l’aspect de la terre et du ciel », est devenu aujourd’hui une des priorités, parmi les préoccupations du monde actuel, et en particulier chez les jeunes générations. Les changements climatiques, les atteintes à la biodiversité, ne sont pas des illusions ou des distractions : ce sont des réalités. Comme le dit Jésus, par deux fois dans le texte : « Cela arrive ». Cela arrive bel et bien – que l’on songe aux pics de température que l’on a enregistrés cet été (41 degrés dans notre verte Normandie !) ou aux incendies dévastateurs qui ont ravagé la forêt amazonienne, poumon de notre planète, notre Maison commune. Jésus ne constate pas seulement les faits : 

« Cela arrive ! ». Il nous met en face de notre responsabilité. « Hypocrites ! » Voilà bien un reproche que devraient entendre des chefs d’État et de gouvernement, prompts à parler et à donner des leçons, sans rien faire pour passer à l’action. Mais Jésus s’adresse à chacun de nous en particulier : Et toi, que fais-tu ? Sais-tu interpréter ce qui se passe ? Comment juges-tu de ce qui est juste ? Que mets-tu en oeuvre pour changer les choses ? La célèbre grille d’analyse du Cardinal Joseph Cardijn, « voir – juger – agir » trouve dans ce passage de l’Évangile son fondement. Chacun de nous, au plan personnel, et chacune de nos communautés devrait y trouver un motif de réagir – en langage biblique, de « se convertir » – avant qu’il ne soit trop tard.

     C’est ici que l’aveu de saint Paul, dans la lettre aux Romains, rejoint le constat de notre impuissance : « Le bien est à ma portée, mais je ne le fais pas. Et le mal que je voudrais ne pas faire, je le commets... Qui me délivrera de cette loi de mort ? » Qui me conduira à la vie, sinon le Christ, Seigneur de la Vie ?

     Animés par l’Esprit du Christ, que les chrétiens se joignent avec courage à tous les hommes de bonne volonté qui voient dans la cause environnementale un signe des temps. Le mois d’octobre, « mois de la mission universelle », fait désormais suite à « la saison de la création », qui s’étend du 1er septembre (début de l’année liturgique orthodoxe) au 4 octobre (fête de saint François d’Assise). Soyons unis dans ce combat pour notre Maison commune, unissons nos forces pour vivre une véritable conversion à l’ascèse et à la louange : c’est ainsi que nous pourrons vraiment rendre grâce à notre Créateur.