aujourd'hui la Règle est très précise, relisons les points essentiels :

v30 "L'abbé doit toujours se souvenir de ce qu'il est .."

v31.."conduire les âmes et être au service.." et v 32"...qu'il se réjouisse de l'accroissement d'un bon troupeau.....il s'adaptera à tous..."

Dans notre approche, bien timide, des qualités requises de l'abbé nous suivons les indicateurs donnés ici par la Règle.

Il nous faut toujours garder à l'esprit que nous ne sommes que spectateurs des effets voulus par la grâce de Dieu. Rappelons-nous cette belle phrase d'un penseur grec :

"ce que vous voyez, sur une image ou dans la vie, dépend de vous !"

Il ne s'agit pas, ici, de regarder ou de voir, mais d'essayer de comprendre avec l'éclairage de l'Esprit !

1) La vocation de l'abbé semble ici être bien annoncée, d'abord, comme "conducteur des âmes". 

Tantôt comme un bon médecin à qui on confie ses soucis de la santé, ici spirituelle et fraternelle : ceci veut dire qu'on s'explique, on décrit, on nomme : aucun médecin ne peut devenir efficace dans son diagnostic si le patient ne lui livre pas un maximum de données sur ses souffrances et ses symptômes. Nous voyons là l'importance de la confiance réciproque et le degré de communication souhaitable pour cheminer ensemble.

Tantôt l'abbé sera le bon pédagogue se rapprochant du psychisme de ses moines sans les juger ni les condamner mais essentiellement attentif, observateur, de bon conseil, désintéressé car l'essentiel dans un monastère se situe dans le champ illimité de l'imitation de Jésus-Christ, dont il est observateur mais jamais acteur. L'abbé propose, suggère, insinue mais l'effort principal sera fourni par le moine, dans son âme et conscience et avec la grâce de Dieu.

2)Un développeur de vocation.

Toute personne qui entre dans un monastère a besoin de faire un travail de discernement sur sa vocation. Là encore l'abbé consulte ses frères pour la décision d'admission. Mais on peut penser que c'est lui qui sera apte, au final, pour accueillir  le postulant à l'entrée dans les ordres, c'est encore lui qui recueille ses vœux d'obéissance, de stabilité et de pauvreté : c'est lui qui "valide" et se porte garant devant Dieu et la communauté. Toute vocation , pour devenir féconde, a besoin d'être reconnue. Il me semble que l'abbé est le mieux placé pour dire à un candidat-moine "Sois une bénédiction" tout en reconnaissant que chaque moine appartient d'abord à Dieu. Admettons aussi que toute réponse ressemble à un vrai combat car c'est dieu qui appelle :

"St Jean 15  v16 "Je vous ai choisis pour que vous portiez du fruit..."

Nous pourrions dire que la vocation se vérifie à sa fécondité qui n'est pas toujours visible !

Nous pouvons reprendre un passage du Ps 77 de ce jour , pour entrer en confiance dans la miséricorde divine , attendue chez l'abbé :

"Et Lui, miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait

  Il se rappelait : ils ne sont que chair, un souffle qui s'en va sans retour."