Pour comprendre le sens de l’appel du prophète Joël dans la première lecture, il faut avoir à l’esprit les calamités qui se sont abattues sur Israël: invasion de sauterelles et sécheresse ravagent le pays et plongent le peuple dans un dénuement extrême. La terre ne produit même plus la matière des sacrifices rituels : farine, huile, vin (« la maison de votre Dieu ne reçoit plus ni offrandes ni sacrifices»). On interprétait ces catastrophes comme des fléaux envoyés par Dieu pour châtier le peuple. En invitant à la pénitence les prêtres et tous les habitants, dans une démarche à la fois personnelle et communautaire,  Joël veut faire comprendre que ces malheurs ne sont sans doute pas étrangers aux infidélités du peuple envers le Dieu de l’Alliance. Il a oublié Dieu, il s’est détourné de la Source de la vie. Le prophète appelle à la conversion du cœur. L’annonce du Jour du Seigneur, jour de jugement mais aussi de salut, doit réveiller le cœur de l’homme de sa paralysie spirituelle. Dieu nous parle à travers les événements de l’histoire. Il est toujours prêt à offrir la grâce de son secours à celui qui se tourne vers lui. Les paroles du prophète Joël , dont le nom signifie « Dieu est Dieu», ne sont-elles pas une invitation à réfléchir à nos propres infidélités, et à voir dans les multiples détresses, défis, catastrophes naturelles et guerres qui secouent notre monde actuel l’urgence de redonner au Dieu Créateur et Sauveur la place qui lui revient?

     Dans l'évangile, Jésus vient de manifester sa toute-puissance en délivrant un possédé, montrant par-là que Dieu nous veut libres pour l'aimer et le servir. Cette liberté est l'objet d'un combat spirituel contre l'Ennemi qui cherche à nous détourner du vrai Dieu en nous rendant esclaves des faux dieux du pouvoir, de la domination, de l'argent, de l'individualisme, des fausses sécurités, etc... L'homme fort dont parle Jésus, c'est celui qui s'appuie sur le don de force de l'Esprit-saint et qui fait l'expérience de la puissance du Christ ressuscité dans sa vie. Il sait qu'il doit user de vigilance, rester humble et s'exercer au discernement pour ne pas tomber dans les pièges du Malin qui cherche à le faire douter de la bonté du Père et à briser la communion avec Dieu et avec les frères. Notre Baptême, avec la vie sacramentelle et la prière, nous donne part à la victoire du Christ ressuscité sur les puissances destructrices du Mal. En vivant de notre baptême, nous entrons dans le mouvement de Jésus qui est venu pour guérir et sauver ce qui était perdu, pour rassembler les hommes dans l'unité. Alors grandit le Règne de Dieu, règne de paix et de vérité, de communion et de fraternité. Alors nous pouvons dire avec le psalmiste : " De tout mon cœur, Seigneur, je rendrai grâce, je dirai tes innombrables merveilles...je fêterai ton Nom, Dieu Très- Haut."

     Méditons ces paroles de saint Jean XXIII : «Hier, aujourd’hui, toujours, nous aurons à combattre pour rester fermes dans la foi et dans la charité, pour ne pas céder aux séductions de la vie facile et futile.» «Entretenez donc la foi, mes chers petits enfants: foi en Dieu, juste et miséricordieux, sans qui votre vie serait comme une journée sans soleil, un univers sans lumière; foi en l’Église, qui par la bonté de Dieu, conduit les hommes dans la bonté et la sécurité vers le Ciel.»