Ce chapitre 51, intitulé "Des frères qui s'en vont à peu de distance" en trois petits versets dont je retiens " le frère qui espère rentrer le jour même  ne prendra pas la liberté de manger au- dehors...à moins que son abbé ne le  lui ait conseillé" semble d'abord sévère mais en le relisant on y trouve les éléments de la stabilité  bénédictine.

        En effet la stabilité monastique se reconnaît à la vie fraternellement vécue quotidiennement dans un lien très fraternel et tout écart, non justifié peut s'y opposer ou du moins alimenter une mise à distance des rapports et des relations quotidiennes. On peut souligner la petite phrase "le moine ne prendra pas la liberté" il s'agit donc d'une transgression, d'un risque de s'écarter de la Règle s'il prend cette décision sans l'accord de son abbé.

        Nous pouvons transférer cette observation à nos états de vie : dès qu'une personne se passe de conseils d'un autre, dès qu'elle passe outre à un interdit mettant en cause la relation de confiance , apparaît le risque d'un désaccord, d'un choix solitaire, voire d'une rupture, d'une forme de tromperie. Il est toujours important de dire ce que l'on fait à la personne qui en a besoin si non on se quitte d'une certaine façon.

       St Benoît pose ici, dans ce chapitre 51 le principe d'une Règle à respecter, tel un contrat entre ses moines et son abbé. Il peut nous inciter à chercher ce que peut signifier pour un moine de manger en dehors sans l'accord de son abbé ? On peut y voir une fuite, une recherche de terrain de liberté personnelle, un risque à courir en" cherchant ailleurs si l'herbe est plus verte", de se retrouver seul, dans la liberté ? autant de questions qui peuvent expliquer le risque encouru et vraisemblablement entrevu ici par st Benoît.

       Nous pouvons regarder chacun, chacune, dans notre espace d'évolution :où et comment nous pouvons quitter nos "clôtures" personnelles ? 

Ce chapitre peut aussi découvrir l'espace de nos désirs. Comme pour le moine, à qui st Benoît ne semble pas souhaiter occasionner sans obéissance, sa mise à l'écart de sa communauté, sans raison sérieuse : autant, nous laïcs, nous pouvons réfléchir sur les limites de nos rôles de de nos fonctions pour ne pas sortir de nos obligations intérieures, affectives ou professionnelles , ce qui veut dire " Savoir rester dans ses limites et dans ses fonctions ".

Quelques pistes de réflexion au sujet de ce chapitre 51 :

- Le désir est déjà en éveil dans toutes nos actions : sachons toujours le repérer.

-Ma relation vraie avec mon autre que moi ne permet pas de faire n'importe quoi

-L'utile n'est pas toujours synonyme d'agréable

- Le permis et le défendu se côtoient : comment clarifier

-L'illusion commence dès que la vérité ne se dit plus.

Une petite prière ,du Psaume 118 ,verset 29 :

"Détourne-moi de la voie du mensonge,

fais-moi la grâce de ta loi"