Le chapitre 45 "De ceux qui se trompent à l'oratoire" est un des plus courts de la Règle.

 On n'est pas ici dans le registre de fautes graves mais dans le cas d'erreurs, d'étourderies ou d'inattention à l'oratoire. A considérer de l'extérieur on pourrait banaliser ces situations mais s'agissant de l'office divin nous observons que st Benoît nous fait pénétrer dans la demande de pardon en liaison avec l'humilité. Pour le moine la prière prend la première signification de son engagement monastique, durant laquelle  est attendue la concentration vigilante.

       La psalmodie suppose des chants à l'unisson car elle soutient la prière soit de demande et d'intercession,  soit de louange et d'adoration . On peut alors comprendre que st Benoît ait introduit un climat de parfait accord dans le chœur et dans les cœurs de chaque moine. Nous pouvons comprendre qu'il s'agit là d'une priorité pour tendre vers la perfection de l'expression vocale et musicale. en effet cette forme de prière se veut universelle, ecclésiale et porteuse de l'humanité, présente mais aussi absente, en marche vers Dieu. Toutes les supplications et les louanges constituent l'Eglise priante  à travers le monde et à l'intention de l'humanité. C'est le lieu de la prière commune à la louange de la création.

       Nous pouvons aussi ajouter le caractère particulier et spécifique de la liturgie monastique qui peut revêtir , sous certains aspects, une anticipation ou une préfiguration de la louange perpétuelle faisant le lien avec la vie en Dieu, comme dans la vie éternelle et dans le royaume, qui, sous certains aspects "est déjà là"!

            En effet, par la prière et la louange propres à l'office divin nous pénétrons dans le monde de la contemplation où Adoration-Louange-Prière peuvent abolir les notions de temps et d'espace pour toucher d'autres réalités de notre âme.

             A l'issue de cette approche nous comprenons un peu mieux pourquoi st Benoît traite cette question avec autant de rigueur. Il semble situer les erreurs et les inattentions durant l'office divin dans un registre spirituel et non plus simplement humain et fraternel. Dans la prière nous nous adressons à Dieu , c'est pourquoi, sans nul doute, la Règle associe le comportement distrait ou perturbant à une faute qui peut rompre la relation entre l'homme et son créateur. Le moine se trouverait alors déconnecté de sa vocation, susceptible de troubler la paix et d'entrainer ses frères dans d'autres distractions qui les éloigneraient de leur mission de priants.

              Même si nous ne vivons pas au quotidien ce type de situations dans notre vie de laïcs nous pouvons méditer sur ce chapitre 45 lorsque nous prenons un temps de prière chez nous ou à l'église, lors de célébrations eucharistiques, en relation avec les autres, proches. 

Où en suis-je dans ma relation à Dieu ?      

Ai-je conscience de mes  formes de négligences ?

Mon attention à l'autre durant ces moments ?