Le chapitre 44 "Comment les exclus feront réparation"

nous introduit dans une approche spirituelle voulue par st Benoît remplie de miséricorde. Mais il ne chasse pas le constat essentiel de reconnaître que l'auteur de la réparation a d'abord franchi un seuil, commis une faute ou COMMIS un tort. En ce sens il n'évacue pas la démarche humaine, psychologique et spirituelle de l 'aveu .

        Dans tout groupe humain organisé  ,le témoin qui reçoit l'aveu peut être une personne, une communauté ou ses représentants ou mandatés ad hoc (exemple , les magistrats dans une juridiction, un abbé, représentant du Christ, un prêtre dans le sacrement de réconciliation)°

        Pour st Benoît la réparation semble se comprendre comme une démarche positive pour changer ce qui a été endommagé, pour rétablir une relation blessée, pour donner une preuve de son attitude et de son intentionnalité nouvelle et morale si on a commis une faute ou si on a lésé quelqu'un. Dans le domaine communautaire on peut évoquer qu'une faute commise par un membre peut porter préjudice à tous en créant une perturbation de par un acte de désobéissance ou de négligence. La notion de faute n'est pas située au niveau de la simple culpabilité mais dans le manque d'amour qui a entrainé cet acte envers Dieu mais aussi vis à vis des frères.

        Nous voyons dans ce chapitre l'importance du geste de la réparation. Nous pouvons nous reporter dans la situation d'un tribunal où le coupable reconnaît devant sa victime ou ses représentants être l'auteur des faits répréhensibles et sanctionnables.  Les victimes attendent réparation d'une offense  à tel point que cette simple reconnaissance leur permettra de faire le deuil plus facilement.

      La reconnaissance fait remonter la notion d'un droit. Elle a besoin de la pleine responsabilité et conscience pour envisager une forme de dédommagement par la personne déclarée responsable. La réparation permet de revenir pour chacune des parties à la situation antérieure à condition de créer ce réajustement ( versement d'une somme d'argent, acceptation d'une privation de liberté, faire des gestes prouvant l'intention et la volonté de son amendement)

     La Règle de st Benoît n'étant pas un code de bonne conduite, la réparation prévue ici dans le chapitre 44, suppose une forme de subsidiarité spirituelle pour permettre à tout moine de se réhabiliter moyennant l'intervention du pouvoir décisionnel de l'abbé. La règle  serait ici plutôt un vade-mecum  où St Benoît a prévu des étapes et une forme d'échelles de valeur dont l'origine prend sa source dans l'Evangile.

        C'est pourquoi la faute, avouée, réparée n'est jamais cause de rupture mais occasion d'apprendre à vivre séparé, un temps ; source de réflexion pour mieux comprendre ce que l'autre attend de lui ; capacité d'apaiser un conflit provoé au lieu de se sentir rejeté avec la peur d'être abandonné. La réparation ainsi comprise n'est pas synonyme de perte de confiance et de jugement mais désir de pouvoir se réhabiliter après avoir reconnu devant la communauté ou son représentant que le frère veut sortir du conflit et trouver l'apaisement en recherchant la paix.

      Mais il me semble que st Benoît ne se contente pas de "satisfecit gratuit ": il attend l'honnêteté de la reconnaissance de la faute, il exige la ferme détermination avant de pardonner, il demande la coopération de la volonté et du désir pour surmonter la gravité des fautes. C'est sans doute à ce stade que l'humilité bénédictine vient au secours de la faiblesse humaine pour reconnaître ses fautes.

       Dans ce chapitre nous trouvons un autre élément de réconfort spirituel : le frère, qui a reconnu sa faute et accepté la nature de son comportement, déviant ou fautif, peut se réhabiliter. quelque soit la nature de ces fautes, on ne le regarde plus pour ce qu'il a fait mais la communauté lui accorde une réhabilitation et le considère pour ce qu'il est aujourd'hui et non plus ce qu'il a fait ou ce qu'il était auparavant. Nous retrouvons l'accueil fraternel et sans réserve du "Qui que tu sois !"

Prions :        "Seigneur, quel que soit notre état de vie et notre condition humaine d'aujour  d'hui,

                       Nous Te cherchons en toute personne et en toute chose. Augmente en               chacun nous l'esprit d'un vrai compagnonnage de frères et sœurs en st Benoît"