La Règle du jour, chapitre 39 parle "De la mesure dans la nourriture" en ce Jeudi 18 Juillet .

    A juste raison, saint benoît aborde dans ce chapitre la question de la nourriture pour les moines en posant la question de "la mesure" car l'excès de table est contraire à la santé. Nous rappelons que le pain constituait le principal  de la nourriture des moines. Il se réfère à St Luc 21 v34 "Prenez garde que vos cœurs ne s'appesantissent par l'excès", rappelé ici dans le verset 8 de sa règle "Rien n'est aussi contraire à tout chrétien que l'excès".

    Soyons attentifs à cette opposition dont use St Benoît entre "mesure" et "excès" : c'est bien au milieu qu'il faut placer le curseur : ni trop peu ni trop, si on ne veut pas user l'homme sous le poids des charges à porter tous les jours, dans une certaine régularité, qui est facteur d'évolution et de progrès.    St Benoît ne parle pas d'imposer un régime restrictif mais d'ajustement, il règle la consommation de nourriture en la variant pour les enfants et différente pour un adulte. IL différencie la nourriture selon nos besoins, contribuant ainsi à l'équilibre et à la santé. Les nutritionnistes parleront "d'équilibre alimentaire" dont la bonne solution dépendra néanmoins de chacun, afin qu'il soit son propre médecin. Nous verrons plus loin dans le chapitre 41 que même le jeûne peut être compris comme une heureuse prise en compte de la question de la "mesure" de la nourriture et non comme une privation !

    Il nous apparaît que saint Benoît cherche ici à éduquer en nous sensibilisant à la nourriture du corps par opposition à la nourriture de l'esprit. Tout étant une question d'équilibre qui nous conduirait à user en liberté, sans dérèglement et sans abuser : en liaison avec notre état intérieur et notre volonté qui guiderait alors nos pulsions, qui elles, pourraient nous conduire à dépasser l'entendement. Déjà Socrate, philosophe grec,  nous mettait en garde contre  la domination des appels de notre corps quand il évoque les " libations "; autour de nous subsistent toujours les passages à l'acte entre déséquilibres, abus, manques, frustrations, entretenus par le commerce et la publicité et qui fabriquent des boulimiques ou à l'inverse des anorexiques. Ce qui laisse penser que l'attitude envers la nourriture n'est pas un simple problème de savoir et de compréhension mais qu'elle prend sa source dans notre psychologie plus profonde où se croisent désirs, besoins et émotions. Dans la Règle de St Benoît ce problème est abordé communautairement .

    Regardons un peu autour de nous et applaudissons devant la lutte que mènent certains associations pour distribuer les surplus alimentaires de nos rayons de grandes surfaces  pour une meilleure redistribution de la nourriture aux plus démunis. Partant de la notion de "mesure" dont parle St Benoît pour songer aux dérèglements climatiques qui engendrent famine et sècheresse. Si nous parvenions à gérer le "superflu" nous retrouverions le point d'équilibre dont parle St Benoît "à chacun selon ses besoins". La lutte contre le gaspillage alimentaire  trouve ici sa juste raison  : c'est peut-être le respect d'un droit, que celui qui est en manque trouve solution pour se "refaire" Je vous rappelle cette anecdote, d'un de mes professeurs vis à vis de la nourriture "Il est bon de quitter un repas en ayant encore un peu faim !"C'était une façon de dire : "ne mangez pas trop  et pensez aux autres !"

Voici notre coin " prière du jour ":

"Seigneur, Toi que je supplie tout le jour, prends pitié de nous ;

Toi qui es bon, Tu pardonnes, Tu es plein d'amour pour tous ceux qui T'appellent"  (Ps85 ,3-5)