Le chapitre 38 de ce 17 Juillet s'intitule "Du lecteur de semaine" et balaie plusieurs questions découlant de l'art de lire et d'écouter, comme le dit le verset 3 "Seigneur , ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange" et encore verset 1 "La lecture ne doit pas manquer à la table des frères !" ;  Voilà réunies, dans un même chapitre, deux activités essentielles de la vie : lire et manger. Ici elles se retrouvent pendant le repas monastique, lieu de rencontre de la communauté. Saint Benoît dans sa grande sagesse nous incite à rester branchés sur ces  aspects, indissociables : l'homme a besoin de  nourrir son corps, son cœur et son esprit. C'est l'équilibre de ces trois dimensions qui semble soucier Benoît .Il nous parle dans le Prologue " Prète l'oreille de ton cœur" or le cœur est le centre vital du corps.

       Nous pouvons observer que seuls les lecteurs de semaine "qui édifient les auditeurs" sont choisis, ce qui sous-entend des qualités, voire une prédisposition à cette fonction. Nous pouvons faire un lien avec les lecteurs en paroisse, durant les célébrations : la parole de Dieu n'est pas simple lecture mais transmission d'un message qui dépasse la personne !

        Pour la communauté le lecteur de semaine ne choisit pas son texte mais répond à une sélection opérée par l'abbé en vue d'une culture monastique en commun : tous écoutent et entendent le même passage au même moment. L'art de lire facilitera son imprégnation, reçue dans le silence d'écoute. Ces lectures, durant les repas, prennent alors une triple dimension :

a)la lecture est un levier de formation et d'information

b)une ouverture aux réalités intellectuelles, spirituelles, sociales et politiques du monde

c)par la diversité des sujets elle constitue une culture générale monastique : rien ne prouve qu'individuellement chaque moine aurait fait le même choix des lectures proposées et néanmoins tous entendent les mêmes textes.

      Formation et ouverture d'esprit et de cœur semblent pouvoir se retrouver. Les hôtes de passage, peuvent également s'enrichir et souvent repartent avec des questions ou informations recueillies au cours de ces repas partagés. Nous pouvons retrouver dans ce chapitre 38, une application du verset du Psaume :

"Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !"

En effet Dieu nous crée dans Sa Parole qui nous permet de vivre en elle et par elle.

Et il est fréquent d'entendre des hôtes repartir en considérant avoir compris qu'il s'agit là, encore et toujours d'une "lectio divina" certes particulière mais qui ne laisse pas indifférent car elle nous est proposée durant les repas où notre esprit et notre cœur  peuvent  aussi être sollicités d'une autre manière. Voyons-y un clin d'oeil de Dieu, dont se sert saint Benoît pour nous surprendre !

       Ces lectures entretiennent  un souffle divin de la Parole tout en alimentant  nos corps.