Aujourd'hui, les volontaires bénévoles vous parlent de leur engagement auprès des gens de la rue, dans notre groupe d'Eglise. En fait, dès qu'on les rencontre en vérité, les gens de la rue nous posent des questions indiscrètes, et nous obligent à vérifier la profondeur de notre engagement. 

Pour ma part, je reconnais plusieurs niveaux d'engagement : 

- "donner à manger à celui qui a faim, vêtir celui qui est nu..." (Matthieu 25) c'est l'action. On ne parle pas des pauvres, on fait quelque chose avec eux;

- l'Abbé Pierre nous a appelé en même temps à dénoncer les causes de la pauvreté ou de la misère. C'est la réflexion et l'action politique. Attention, cela peut diviser;

- rencontrer les gens de la rue, c'est aussi sortir de nos prétentions de toute puissance : on va les sortir de là ! Jésus qui sauve, Lui seul ! Cela nous oblige à redécouvrir l’Évangile nu ;

- cheminer avec les gens de la rue, dans leur quête spirituelle, dans leur révolte, leur passivité, leur colère, c'est déjà édifier l'Eglise. Nous nous préparons à recevoir les sacrements de la vie, les signes du salut que l'Eglise porte avec elle. Le croyons-nous ? 

- enfin, les essais de fraternité que nous faisons avec les gens de la rue sont des apprentissages de la communion avec Dieu, pour laquelle nous sommes faits. Je suis souvent émerveillé de l'épanouissement de la vocation de bien des volontaires. 

En résumé, les gens de la rue nous appellent à la sainteté, et nous les appelons aussi à la sainteté. 

Père Patrick Giros, Lettre aux Amis n°19, décembre 1995.