Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus, voyant une foule autour de lui, donna l’ordre de partir vers l’autre rive. Un scribe s’approcha et lui dit : « Maître, je te suivrai partout où tu iras. » Mais Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Un autre de ses disciples lui dit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Jésus lui dit : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. » (Mt 8, 18-22)

Donne-toi la peine de descendre

[Saint Ambroise commente ici la Genèse, avec une variante curieuse qualifiant Abraham :]

« Est-ce que je vais cacher à Abraham, mon enfant, ce que je vais faire ? » Abraham était d’un âge très avancé – il avait quatre-vingt-dix ans –, alors comment peut-on l’appeler enfant ? L’Écriture nous le montre, il ne faisait pas attention à son grand âge, c’était un voyageur infatigable, capable de courir, de rester debout, de reconduire ses hôtes avec empressement : le terme d’enfant n’est-il pas tout à fait adéquat à une telle conduite ? Il mérite bien le nom d’enfant, celui qui n’est pas blasé de tout comme les vieillards, mais qui est plein d’innocence et de fraîcheur comme les enfants. Aussi le juste se voit-il accorder la grâce de la bénédiction et l’héritage d’une postérité.

Ensuite il est question des offenses des pécheurs. « Comme elle est grande, la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe ! » Grande est la patience du Seigneur : il ne punit pas tout de suite le pécheur, mais il attend, il retarde longtemps le châtiment.

« Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. » Le Seigneur n’ignorait pas les péchés de Sodome, mais en parlant ainsi il voulait t’instruire, pour que tu regardes de plus près les fautes de ceux que tu crois devoir punir. « Je veux descendre pour voir », autrement dit, toi aussi, donne-toi la peine de descendre.

St Ambroise de Milan

Saint Ambroise († 397), gouverneur de Milan, fut choisi comme évêque de la ville impériale en 374 alors qu’il était encore catéchumène. Orateur réputé, il a aussi écrit des hymnes pour la liturgie.

La prière du soir (1857), Pierre-Édouard Frère (1819-1886), Amsterdam (Pays-Bas), Rijksmuseum. Photo : Domaine public