Chers compagnons de prière,

Aujourd’hui renouons avec une forme de prière viscérale, celle qui monte de nos lèvres et de notre coeur face à la souffrance, au danger. 

Renouons avec ce si fort et si limpide “Mon Dieu je vous en prie sauvez-les miens !” , que nous trouvons en nous comme une évidence si nos proches sont en danger et que nous sommes impuissants. Dans l’impuissance et dans la peur face danger, nous est donné le renoncement à l’illusion de nous en remettre à nos propres forces : dans notre impuissance le recours à l’infinie puissance divine nous est offert.

Avançons dans les eaux profondes de notre impuissance 

Apprenons et réapprenons sans cesse à tout remettre à Dieu. Comment s’abandonner plus à Dieu qu’en le laissant maître de nos souffrances, de nos peurs ? Cessons nos luttes par lesquelles nous essayons avec nos propres forces de maintenir à distance la souffrance, de combattre les vicissitudes de l’existence. Cessons la lutte et remettons-nous à Dieu. 

Apprenons et réapprenons à nous abandonner, en commençant par prendre le temps aujourd’hui de prier pour une personne qui nous touche et qui souffre. Sentons combien la plus grande aide que nous pouvons apporter à cette personne ne consiste pas en toute l’aide matérielle que nous pourrions lui apporter mais en la prière que nous pouvons faire monter de notre coeur, pour elle, vers le Père. Ne prions pas en mots, ne cherchons pas à maîtriser notre prière en la cadrant dans des récitations : abandonnons-nous à la prière en priant en images. Faisons venir en notre esprit une image de la personne qui souffre que nous souhaitons porter jusqu’au coeur de Dieu, et élevons-la dans la Lumière. Laissons venir les images qui nous seront peut-être données. Restons un instant à savourer le mystère de la Paix qui peut naître quand on remet la souffrance d’un être cher dans le coeur de la Lumière de Dieu.

Prier en pleurant

Apprenons et réapprenons à nous abandonner, en explorant nos abîmes intérieurs. Allons là où se blottissent nos souffrances et nos angoisses.

Au terme de cette journée où nous aurons porté la souffrance d’une personne qui nous touche, autorisons-nous l’introspection de nos souffrances, celles que nous avons rangées dans un coin de nous-mêmes et avec lesquelles nous vivons. Ouvrons les portes fermées des armoires de notre âme, regardons ces échecs, ces cicatrices, ces douleurs encore vives. Pleurons ces souffrances, ces échecs et remettons-les dans le coeur de Dieu. Sans mots, avec nos larmes, avec notre coeur ou notre gorge qui se serrent, remettons nos souffrances intimes dans le coeur de la Lumière.

Faisons de nos douleurs des chemins vers l’étreinte du Père. Dans les souffrances que nous rencontrons, dans nos larmes, gardons de toutes nos forces le lien à Dieu. Que le mal auquel nous nous heurtons, les douleurs qui nous traversent, nos failles qui nous mettent à terre, ne soient pas des obstacles à notre relation à Dieu. Au coeur des abîmes laissons-nous étreindre par la Lumière qui nous est offerte. Laissons-nous réconforter.

Pleurer en priant

Au coeur de nos souffrances sentons combien Jésus est là qui nous attend, prêt tout simplement à nous recevoir tels que nous sommes. 

Soyons là en retour auprès de ses souffrances. Laissons-nous saisir par la conscience des souffrances réelles et profondes, incommensurables, de Jésus sur la Croix. Face à l’image en notre coeur de Jésus crucifié, apprenons à pleurer les souffrances de Jésus. Nous toucherons alors du bout de l’âme combien Dieu pleure le mal et combien Jésus pleure dans chacune de nos souffrances.