Chers compagnons de prière,

Aujourd’hui, posons-nous. Extrayons-nous du flot d’activités, de pensées et de soucis qui traverse et rythme nos vies. Extrayons-nous de ce quotidien à gérer, qui finit par nous engluer au point de ne plus ressentir que nous ne sommes pas de ce monde où nous ne faisons que passer.

Tout au long de cette journée, arrachons quelques instants au temps qui nous file entre les doigts, arrachons quelques instants à la tyrannie des nécessités quotidiennes, pour simplement nous asseoir et nous soustraire quelques instants au flux du quotidien.

Eloge du vide

Saisissons toutes les occasions de vide qui se présentent à nous au long de cette journée : moments d’attente, moments d’entre-deux, instants de pause. Quand un instant de vide s’offre à nous ne cherchons pas à le remplir, laissons le vide se creuser en nous et oeuvrer en nous. Ne cédons pas à la tentation de remplir ce vide, ne tentons même pas de remplir ce vide de mots de prières ni même de pensées. 

Faisons taire nos pensées et imaginons au contraire que notre esprit se vide, se nettoie. Affrontons le vide, laissons le vide creuser en nous une ouverture. En visualisant très concrètement que notre esprit se vide tel un vase que l'on renverse, vidons-nous de nos pensées et de leurs échos qui parlent toujours de nous-mêmes : dépouillons-nous de nous-mêmes et donnons-nous l’occasion de sentir, dans ce vide qui nous apparaît soudain, le manque. Ce manque est appel de Dieu. 

Ecoutons ce vide qui creuse en nous un manque. écoutons ce manque qui naît, et qui nous appelle.

S'asseoir pour s'extraire

Tout au long de la journée prenons des petits instants pour nous asseoir et laisser Dieu nous vider de nous-mêmes. Asseyons-nous et dans cet geste extrayons-nous mentalement du quotidien, mettons-nous sur pause. Asseyons-nous, ne pensons à rien, ne cherchons pas à nous connecter à Dieu, goûtons plutôt le silence. Prenons le temps de sentir combien ce vide qui se fait en nous quand nous arrêtons nos activités, marque une absence. L’absence n’est pas le signe d’une non-existence, c’est au contraire la trace d’une présence chère qui nous manque. Laissons Dieu nous trouver dans cette absence qu’il creuse en nous, comme une imprescriptible trace de son empreinte dans notre âme.

Laissons le vide se faire. Au coeur du vide laissons-nous emplir de lumière.

Au soir de cette journée où nous aurons tâché de désemplir notre esprit, prenons un temps de silence, sans attente. Tenons-nous dans la disponibilité à ce Dieu qui nous manque et dont le manque nous appelle. Ne cherchons pas sa présence, disons-Lui simplement que nous sommes là devant Lui, prêts à accueillir Sa volonté pour nous.