Beauté - Jour 2

Image de la publication

Image V.B.

Nous avons vécu des temps difficiles lors de ce Carême et de la Semaine Sainte. L’Eglise a été touchée durement à travers les différents scandales de pédophilie mais aussi l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Mais le Christ est Ressuscité et il transforme tout ! Nous vous proposons donc de considérer en ce mois de mai dédié à la Vierge Marie la beauté. 



Jour 2              Miroitements de Dieu

Aujourd’hui, après avoir contemplé la beauté de la Création à travers la Bible, regardons ce qu’elle nous dit de Dieu, ce que notre monde nous en dit. Car c’est bien en ce que nous contemplons avec nos yeux que nous pouvons contempler le Verbe et nous laisser transformer par Lui.


« Les cieux proclament la gloire de Dieu, et le firmament raconte l’ouvrage de ses mains ; le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance. Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s’entende ; mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle aux limites du monde. » (Ps 18(19), 2-3)


ET DIEU VIT QUE CELA ETAIT BEAU – Michel Maret - Communauté du Cénacle au Pré-de-Sauges – Disponible sur http://www.cenaclesauges.ch/diary9/6LaBeauteDansLaBible.htm

Dans le récit de la création au Chapitre 1 de la Genèse, il est dit à la fin de chaque étape de la création : « Et Dieu vit que cela était bon-beau. » On traduit usuellement par bon, mais le mot hébreu tov signifie à la fois bon et beau. Tov c’est donc inséparablement bon et beau. Devant sa création, Dieu s’émerveille. Il l’a non seulement voulue bonne, mais aussi belle.

O. Clément disait : « La création est un reflet, un hymne secret à la divine beauté » (Tychique 164, p.  46) La création et sa beauté est une porte ouverte sur Dieu et sa beauté. Dieu a laissé des traces de lui-même, de sa beauté, dans la création. Il y a une analogie ou une ressemblance entre la beauté du monde et la beauté de Dieu. Toute beauté est une trace de la beauté et de l’amour du Créateur.

Quant à lui, Mgr B. Blanchet affirmait : « Seul un être aimant peut répandre la beauté avec une telle profusion. » Devant tant de beauté, on est conduit à la beauté et à la bonté, l’amour de Dieu. Les lointaines galaxies, l’immensité des océans, les arbres des forêts, les animaux des champs sont un hymne à l’amour de Dieu. C’est d’ailleurs le sens du Ps 103, le psaume de la création, qui est un immense hymne à la bonté et à la beauté de Dieu.

Il faut préciser que le verbe créer dans le texte hébreu de la genèse, est conjugué au mode de l’accompli. Ce qui signifie que le monde a été créé, il est encore créé aujourd’hui, et il continuera à être créé jusqu’à son accomplissement. La création, ce n’est pas un acte passé, lancé une fois pour toutes, c’est un acte qui se continue tout au long de l’histoire jusqu’à son achèvement.  St Irénée dit que « l’Esprit fait tendre les diverses formes vers leur plénitude et leur beauté. » (Démonstration de la prédication apostolique, 5, 6)

La première parole de Dieu dans le livre de la Genèse dit : « Que la lumière soit ! » Or, il ne peut s’agir de la lumière optique, puisque le soleil est créé seulement au 4ème jour. Il s’agit de quelque chose de plus profond. Il s’agit de la lumière de Dieu, de quelque chose de lumineux, qui remplit toute la création, qui pourrait être l’Esprit de Dieu.  Mais cette parole peut être aussi interprétée dans le sens de : « Que la beauté soit ! » La beauté est cet élément qui traverse toute la création, qui la remplit de lumière, et qui nous révèle à travers elle quelque chose de Dieu. Le beau est lumineux, il conduit à la lumière. Le Ps 103, 2, dit du Seigneur qu’il est « vêtu de faste et d’éclat, drapé de la lumière comme d’un manteau. » Et la création est comme ce manteau lumineux de Dieu.

E. Turony a écrit « La beauté est venue dans le monde avec la création, par la volonté de Dieu et la puissance de l’Esprit de lumière. Elle a été mise en toute chose et en tout être. Dieu, dans sa grande bonté de Père a voulu nous la donner comme cadeau merveilleux afin que l’homme puisse être heureux. Oui, sœur Beauté, fille bien aimée de Dieu est née avec la création du monde. (…)  "Et Dieu vit que cela était bon" Dieu, la Beauté même, a été le premier à contempler la beauté. "Et Dieu vit que cela était bon !" : c’est l’exclamation de Dieu devant sa création. Elle lui plaît, il la trouve belle. (…)  Quand l’homme fut créé, la beauté déjà inondait la nature. La jardin resplen­dissait de lumière et ses premiers habitants étaient beaux. » (Tychique 164, p.55)

Le paradis perdu est à rechercher non pas dans un au-delà dans le temps ou dans l’espace, mais au-dedans de soi. Il faut retrouver la source de la beauté qui est au plus intime de nous-mêmes.  Recréer cette harmonie perdue au plus profond de soi. Car E. Thurony disait encore : « Oui ! La beauté comme une graine précieuse est semée par une main tendre dans le terrain fécond de notre être intime. Le siège de la beauté est notre cœur, aussi profond que celui de l’amour. "Tout ce qu’on contemple avec amour est beau" a dit Morgenstern, le poète. Le beau qui réside en notre cœur déborde par l’amour, il s’étend et envahit notre être pénétrant jusqu’en notre âme profonde. (…) Profondément vécu, le beau élève l’âme vers Dieu » (Tychique 164, p. 56-57)



LES MIROITEMENTS DU VERBE – Anselm Grün - Magazine Prier de mai 2019

Le philosophe Platon disait : « tout ce qui est vrai, von et beau. » La théologie s’est beaucoup intéressée au vrai et au bon, mais beaucoup moins au beau. Pourtant, la beauté devrait être un sujet important pour elle. Les Pères de l’Eglise le savaient, et rejoignaient les pensées de Platon et de Plotin selon lesquelles Dieu est la beauté même, la beauté originelle et absolue. A chaque fois que nous rencontrons la beauté, nous rencontrons Dieu et nous admirons sa beauté.

Au Moyen Age, Saint Thomas d’Aquin précisait que Dieu organise les choses autour de lui, ainsi que les choses entre elles, en un ordre parfait (consonantia). Et que sa beauté rayonne ainsi en toute chose (claritas). Saint Bonaventure, quant à lui, dit que par la prière, la contemplation et la joie nous devenons capables de faire l’expérience de Dieu comme beauté première. Mais il faut que notre âme soit belle, elle aussi, c’est-à-dire pure de péché. Elle devient alors un clair miroir dans lequel la beauté du cosmos se reflète comme étant la beauté de Dieu. C’est pour cela que les Pères de l’Eglise aimaient particulièrement cette béatitude : « Heureux mes cœurs purs, car ils verront Dieu. » (Mt 5,8)

Il n’y a que celui qui peut s’oublier lui-même qui peut comprendre la beauté, car on ne peut pas la posséder ou la garder pour soi. Le mot allemand signifiant beauté, Schönheit, vient du verbe schauen, qui veut dire « regarder, contempler ». La beauté ne peut être reconnue que par celui qui la laisse exister tandis qu’il la contemple et l’admire. Au XIXème siècle, dans l’Idiot, Fiodor Dostoïevski se demandait si la beauté sauverait le monde. Car, lorsque nous sommes capables de la contempler et de la laisser produire son effet sur nous, elle nous sauve et nous guérit. C’est pour cela que le beau est bien supérieur à l’utile. Lorsque toute chose est jugée en fonction de son utilité, comme c’est de plus en plus souvent le cas, l’homme devient malade. Il a besoin de la beauté pour bien vivre. 

Au XXème siècle, la philosophe Simone Weil considérait qu’elle manifestait la façon dont Dieu se rendait visible dans le monde, par amour pour nous, jusqu’à s’incarner en Jésus-Christ. La beauté était « le sourire de tendresse du Christ pour nous à travers la matière », comme elle l’écrit dans Attente de Dieu. Dans la beauté d’une personne, de la Création, nous pouvons en effet reconnaître le doux sourire de Jésus. Le Christ établit par ce biais une relation aimante et souriante avec nous. La beauté présente dans le monde montre que Dieu se révèle à nous dans a chair, dans la matière, l’incarnation de Jésus-Christ étant le point culminant. Toute beauté de Dieu est comme condensée dans l’homme qu’est Jésus, et illumine le monde d’un éclat nouveau. 

La fascination pour la beauté, même chez un non-croyant, est une nostalgie de la beauté absolue. C’est pour cela que cette sensibilité au beau peut constituer un chemin vers Dieu. Simone Weil le souligna dans la période où elle était engagée auprès des ouvriers. Pour elle, transmettre cette attention au beau pouvait leur permettre de développer une sensibilité pour la dimension religieuse de la Création. D’autant que c’est une dimension commune à tous les hommes, quelle que soit leur instruction. La beauté pouvait redonner une dignité à ces personnes qui travaillaient souvent dans des conditions inhumaines. La beauté nous offre un îlot de calme et d’harmonie dans nos vies mouvementées. 

Partager l’expérience de la beauté est donc un bon point de départ pour parler de Dieu et de l’expérience que nous en faisons, sans risquer d’effrayer l’autre avec des phrases dogmatiques. Devant la beauté, nous sommes ensemble en chemin vers Dieu, qui se montre à nous. Pour Simone Weil, il n’existe pas de preuve plus flagrante de l’existence de Dieu que la beauté du cosmos. C’est donc le signe d’une spiritualité véritable que de l’aimer. « La beauté est aux choses ce que la sainteté est à l’âme » affirmait-elle.

Tout cela nous invite à développer une spiritualité de la beauté susceptible de parler aux hommes de notre expérience de Dieu, Lui qui nous touche au plus profond et se montre à nous comme un père aimant voulant nous remplir de joie.  



Poser un geste, méditer, prier, offrir

Aujourd’hui, nous pouvons nous interroger :

Comment est-ce que je perçois le monde qui m’entoure ? Est-il beau pour moi ?

Face aux guerres, aux détresses, aux violences, est-ce que je peux regarder le monde avec un regard de foi et en voir aussi les beautés ?

Comment est ma vision de mes proches : sont-ils beaux ?

Me vois-je aussi comme une œuvre de Dieu ? Suis-je donc beau/belle ?

Suis-je sûre que Dieu m’aime tel que je suis, avec mes défauts et mes beautés ?



Tu es en toutes les beautés – Dom Augustin Guillerand

Mon Dieu, 

Tu es la beauté qui a fait toutes les beautés et s’est reproduite en elles. 

Elles ne sont belles que par le reflet de Toi qui es en elles.

Elles sont la voix qui prononce les syllabes innombrables de ton Nom unique ; elles sont les facettes irisées de ton rayon infini.

Toutes ces réalités que je distingue parce que je les connais dans le miroir brisé de tes œuvres, en Toi, elles ne font qu’un : ton Être…

Tu es en toutes choses ; par leur voix Tu te fais louange.


Pour retrouver d’autres beaux textes sur la beauté, n’hésitez pas à aller voir le Magazine Prier : https://www.magazine-prier.fr/


Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

Merci ! 63 personnes ont prié

2 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

La vieillesse, temps de vie, temps de Dieu

Je m'inscris