1 P 5, 5-14 ; Mc 16, 15-20

St Marc - (25 avril 1991)

Homélie du Frère Michel MORIN

La prière des Frères

Jésus confirme la parole de ses disciples par les miracles qui l'accompagnent. Or le passage de l'épître de saint Pierre que nous avons entendu tout à l'heure fait probablement, même si ce n'est pas immédiatement clair, fait référence à un miracle dont Pierre fut l'objet. "Résistez avec la force de la foi au mal, à l'ennemi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances." Or si Pierre écrit cela c'est que lui-même a été fortifié dans sa foi par tous ses frères qu'il connaissait qui étaient aussi en butte aux souffrances et qui priaient pour lui. Ceci fait allusion au lien privilégié que Pierre avait avec Marc et sa famille. Nous savons, par le témoignage de Pierre lui-même mais aussi par deux autres témoignages de Paul dans l'épître aux Colossiens et dans l'épître à Timothée, les liens particuliers qui unissaient Pierre et Marc.

Dans un autre passage qui est à mettre en référence immédiate avec la conviction de Pierre ici exprimée, dans un autre passage des Actes des apôtres, nous avons le récit de l'arrestation de Pierre par Hérode, de son emprisonnement et de sa délivrance miraculeuse par un ange. A ce moment-là Pierre fait cette profession de foi : "Maintenant, je sais réellement que le Seigneur a envoyé son ange et m'a arraché aux mains d'Hérode !" Et au verset douze et treize du chapitre douzième des Actes il est dit : "Pierre, s'étant reconnu dans la ville de Jérusalem, se rendit à la maison de Marie mère de Jean surnommé Marc, où une assemblée nombreuse s'était réunie en prière." Il y a donc un lien spirituel immédiat entre cette assemblée de prière, dans la maison de Marie mère de Jean surnommé Marc, donc avec Marc, et la libération miraculeuse de Pierre. Et Pierre découvre là que c'est dans la prière de Marc, de sa mère et de ses amis, qu'il a probablement puisé la force de résister à cet emprisonnement, signe du mal qui rôdait autour de lui pour lui faire abdiquer sa mission d'apôtre. C'est dans cette prière d'une communauté chrétienne avec Marc au milieu d'elle que Pierre a reconnu une intervention particulière de la miséricorde et de la tendresse de Dieu qui vient sauver. Il sera donc ensuite très fort pour dire que "si le mal rôde autour de nous, si nous sommes saisis par les forces adverses, si nous sommes recherchés comme une proie par le démon, il faut rester ferme dans la force de la foi, car beaucoup de frères, de par le monde, qui sont en butte aux mêmes souffrances, prient pour nous."

Souvent nous sommes amenés à connaître des situations douloureuses de nos frères chrétiens de par le monde. Ils souffrent de tous les maux humains d'abord, mais particulièrement parfois à cause de cette bonne nouvelle que nous ont transmise les apôtres, les évangélistes et spécialement saint Marc. Or ceci ne peut jamais être simplement une connaissance journalistique, événementielle, circonstancielle. Il s'agit, pour nous, de souffrir avec ces frères, de porter la souffrance de ces frères chrétiens et ceci dans la prière, pour qu'ensemble, nous puissions rester fermes dans la foi, eux par nous, nous par eux, les uns avec les autres, les uns pour les autres.

Et si dans les évangiles et spécialement dans celui de saint Marc, la bonne nouvelle est une délivrance, est un salut, est une libération de toute forme de prison, d'emprisonnement ou de tentation ou de lien ou de complicité avec la mal, si l'évangile est une bonne nouvelle, celle-ci s'accomplit en nous de fait par la grâce de Dieu, mais avec l'aide, avec la force de ceux qui prient pour nous et avec nous, comme saint Pierre a été libéré de sa prison par la grâce de Dieu et dans la force de la prière de la famille de Marc et spécialement de ce disciple.

Alors que saint Marc puisse maintenant intercéder pour nous, comme il le faisait pour Pierre, afin que nous qui sommes de l'Église de Pierre, nous qui sommes souvent emprisonnés pour une raison ou pour une autre, nous puissions toujours rester fermes et connaître aussi la délivrance. Mais, une fois que nous sommes délivrés, aller frapper à la porte de la prière des autres pour entrer dans cette prière et à notre tour prier pour les autres comme Pierre, une fois libéré, est allé prier avec ceux dont la prière a participé à sa liberté physique, extérieure mais aussi intérieure. Que l'évangéliste Marc nous apprenne donc, dans cette bonne nouvelle qu'il nous a transmise, cette caractéristique particulière de l'intercession les uns pour les autres, pour que s'accomplisse cette bonne nouvelle que lui-même a connue, afin qu'elle puisse porter des fruits de salut, de liberté et de joie.

AMEN

Homélie du Frère Michel MORIN (Paroisse St Jean de Malte Aix en Provence)

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