Méditation du mercredi 27 mars : Le passage de la mer

Ex 13, 17 Quand Pharaon laissa partir le peuple, Dieu ne leur fit pas prendre la route du pays des Philistins, bien qu’elle fût la plus directe. Dieu s’était dit : « Il ne faudrait pas qu’à la perspective des combats, le peuple revienne sur sa décision et retourne en Égypte. » Dieu fit donc faire au peuple un détour par le désert de la mer des Roseaux. C’est, rangés comme une armée, que les fils d’Israël étaient montés du pays d’Égypte.                               

En s’engageant dans la mer à la suite de Moïse, le peuple dépasse sa peur pour ressentir la « crainte » du Seigneur qui s’épanouit en foi puis éclate en louange. Cette crainte est faite de recul respectueux et d’admiration étonnée vis-à-vis de celui qui fait de l’inouï dans leur vie. L’itinéraire intérieur d’Israël l’a donc conduit de la peur à la foi, du cri à la louange.           

Remarquons que la libération d’Israël n’est rendue possible que par une double « foi » : la foi de Moïse dans le Seigneur et la foi du peuple en Moïse. Mettre sa foi en Dieu suppose qu’on mette d’abord sa foi en un autre qui confesse sa propre foi de croyant. Pour naître à la foi, il n’y a pas d’autre chemin que celui de la confiance.                 

Sans le Seigneur qui était pour nous – que le dise Israël ! – 

sans le Seigneur qui était pour nous 

quand contre nous se levèrent des humains, 

alors, vivants, ils nous avalaient dans l’ardeur de leur colère envers nous, 

alors les eaux nous submergeaient un torrent passait sur notre vie, 

alors passaient sur notre vie les eaux bouillonnantes. 

Béni le Seigneur qui ne nous a pas donnés, proie pour leurs dents ! 

Notre vie, comme un oiseau, a échappé au filet des chasseurs : 

le filet s’est rompu, et nous, nous avons échappé. 

Notre secours est dans le nom du Seigneur qui fait ciel et terre.

                   

Psaume 124

Naître pour être

La question qui sous-tend le passage de la mer, c’est : « Vivre, c’est quoi ? » Le récit répond en racontant que pour vivre il importe de naître à nouveau, et donc de mourir à ce que l’on était. Tout se passe comme s’il s’agissait d’apprendre que les inévitables situations d’impasse et de mort que connaît un être humain sont précisément le lieu où il lui est offert de devenir lui-même sujet de sa propre existence – comme Israël qui, d’objet d’esclavage qu’il était, devient sujet d’une aventure de liberté – et que, plus l’impasse est radicale, plus la naissance l’est aussi. 

Personne ne peut faire ce chemin à notre place mais nous avons besoin de la présence d’un autre, un « sauvé des eaux » qui est passé par là, et qui accompagne et donne confiance ; quelqu’un dont la présence, la parole et le geste permettent de trouver en soi l’assurance indispensable pour forcer l’impasse. 

La vie pousse vers l’avant, l’aventure. La première naissance, celle des commencements de la vie, en est comme l’archétype, la parabole. Là, se laisser pousser de l’avant, c’est affronter l’inconnu, en prendre le risque. Car c’est un passage risqué où l’enfant croit mourir, et où il meurt effectivement à une certaine forme de vie dépendante. Seule certitude : refuser de naître, c’est mourir. Entre ces deux morts, la mort risquée ou la mort certaine, la vie pousse vers celle qui cache une chance de vie. 

Le chemin de l’autre naissance est-il diffèrent de celui de la première ? Vivre, c’est affronter une mort. Car « la vraie mort n’est pas le terme de la vie ; elle est ce qui, dès le début, empêche de naître. » 

Qui n’avance pas et ne prend pas le risque d’entrer dans la mort risque l’étouffement, l’immobilisation, un semblant de vie. Ils savent où sont leurs tombes d’esclavage et qui est leur maître dont pourtant la violence les écrase. En eux, la peur est la plus forte, complice de tout ce qui retient. Cette peur paralyse, enchaîne plus sûrement que des liens, car cette résistance intérieure murmure avec force qu’il vaut mieux être esclave que mourir. 

Naître. Passer d’un espace fermé, rassurant mais mortifère, à un espace ouvert, risqué mais libre et épanouissant à travers un goulot resserré dont on ne sait à l’avance s’il sera impasse ou passage. C’est au cœur de cette expérience que le peuple découvre son Dieu, au lieu où la vie est née de la mort. 

    

Méditation                                                

Le peuple est pris en tenaille entre l’armée de Pharaon et la mer. Plus d’issue possible. Dieu aurait-il oublié sa promesse ?                   

Je fais mémoire de ces moments dans ma vie où tout semble bouché : un échec, une amitié trahie, la maladie...              

Autant de situations qui me plongent dans le déni (« Ce n’est pas possible »), dans la colère contre l’autre ou contre Dieu, dans la tristesse... Je ne sais plus où j’en suis.                   

Je suis dans le noir complet, je n’y vois plus clair. Je vois les obstacles mais pas le chemin qui me permettra de les traverser.  

           

Le peuple choisit la confiance en Moïse qui lui-même donne toute sa confiance en Dieu. Il s’aventure dans la mer qui s’ouvre devant lui.     

Est-il facile de faire confiance en l’autre, en Dieu, en soi ? Qu’est-ce qui fait obstacle à la confiance ?          

Je me souviens d’une situation où j’ai dépassé ma peur pour entrer dans la confiance. Qu’ai-je ressenti alors ?                   

Y a-t-il encore des peurs qui me paralysent, m’empêchent de plonger dans la confiance ?

Prière de la communauté

Mon Père, je m’abandonne à Vous (Bx Charles de Foucauld)

Mon Père, je m’abandonne à Vous, faites de moi tout ce qu’il vous plaira. Quoique vous fassiez de moi, je vous remercie. Je suis prêt à tout. J’accepte tout, pourvu que votre volonté se fasse en moi, en toutes vos créatures ; je ne désire rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre vos mains, je vous la donne, ô mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je vous aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre vos mains, sans mesure, avec une infinie confiance car vous êtes mon Père !

Merci ! 1 personne a prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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