1.      Texte du cycle d’Elie : Enlèvement d’Elie et don de l’esprit prophétique à Elisée (2 R 2,7-18)

            Cinquante frères prophètes, qui avaient suivis Élie et Élisée, s’arrêtèrent à distance, pendant que tous deux se tenaient au bord du Jourdain. Élie prit son manteau, le roula et en frappa les eaux, qui s’écartèrent de part et d’autre. Ils traversèrent tous deux à pied sec. Pendant qu’ils passaient, Élie dit à Élisée : « Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi. » Élisée répondit : « Que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu ! » Élie reprit : « Tu demandes quelque chose de difficile : tu l’obtiendras si tu me vois lorsque je serai enlevé loin de toi. Sinon, tu ne l’obtiendras pas. » Ils étaient en train de marcher tout en parlant lorsqu’un char de feu, avec des chevaux de feu, les sépara. Alors, Élie monta au ciel dans un ouragan. Élisée le vit et se mit à crier : « Mon père !... Mon père !... Char d’Israël et ses cavaliers ! »

            Puis il cessa de le voir. Il saisit ses vêtements et les déchira en deux. Il ramassa le manteau qu’Élie avait laissé tomber, il revint et s’arrêta sur la rive du Jourdain. Avec le manteau d’Élie, il frappa les eaux, mais elles ne s’écartèrent pas. Élisée dit alors : « Où est donc le Seigneur, le Dieu d’Élie ? » Il frappa encore une fois, les eaux s’écartèrent, et il traversa. Depuis l’autre rive, les frères-prophètes, ceux de Jéricho, l’aperçurent et dirent : « L’esprit d’Élie repose sur Élisée ». Ils vinrent donc à sa rencontre et se prosternèrent jusqu’à terre devant lui. Ils lui dirent : « Voici justement qu’il y a, parmi tes serviteurs, cinquante hommes valeureux. Permets qu’ils aillent à la recherche de ton maître. Peut-être l’Esprit du Seigneur l’a-t-il enlevé et déposé sur quelque montagne ou dans quelque vallée ! » Il répondit : « N’envoyez personne ! » Mais ils insistèrent tellement qu’il leur dit : « Envoyez-les donc ! » Et ils envoyèrent les cinquante hommes qui cherchèrent Élie pendant trois jours sans le trouver. Ils revinrent vers Élisée qui était resté à Jéricho. Il leur dit : « Ne vous avais-je pas dit : N’y allez pas ? »

 

Ecouter la Parole

(2R 2,1-18) : https://www.youtube.com/watch?v=YHUmEJBnI_U

 

2.      Ouverture du ciel et envoi en mission

            Les prophètes regardent à distance, sans rien dire, Elie et Elisée, qui se tiennent devant le Jourdain. Elie prend alors son manteau, celui dont il s'était servi pour se voiler le visage en présence du Seigneur (1 R 19,13) et qu'il avait jeté sur Elisée lors de leur première rencontre (1 R 19,19). Il le roule et frappe les eaux qui se divisent d'un côté et de l'autre à la manière de Josué lors de l’entrée d’Israël dans la Terre promise (Jos 3,13-17) ou de Moïse à la mer des Roseaux lors de la sortie d'Égypte (Ex 14,15-31). A chaque fois, les Israélites étaient passés à pied sec. Maintenant « tous deux » traversent « à pied sec » le Jourdain, mais pour quitter la Terre promise. Ils se dirigent vers le lieu où Elie a commencé son ministère (1 R 17,1-6), où Moïse est mort et où Josué a pris sa relève dans les steppes de Moab. Élie, le nouveau Moïse, doit y être enlevé au ciel. Élisée, le nouveau Josué, doit y prendre sa succession.

            Elie interroge Élisée sur ce qu’il peut faire pour lui tandis que son enlèvement approche. Elisée demande cette double part qui correspond à l'héritage du fils aîné (Dt 21,17 ; 1 S 1,5). Il veut être l'héritier principal d'Elie, c’est-à-dire recevoir en plénitude son esprit prophétique, comme Josué hérita de l'esprit de Moïse (Dt 34,9). Celui qui a été le serviteur d'Elie demande à devenir son successeur. Elie fait remarquer qu’il ne lui appartient pas d’en décider. Dieu peut seul Seul Dieu peut donner l'esprit. Il révèle seulement le signe qui permettra à Elisée de savoir si sa demande est exaucée : voir ce que les autres ne verront pas, car le prophète est un voyant. Alors d'Elie à Élisée la continuité prophétique sera assurée en Israël.

            Un char de feu et des chevaux de feu séparent subitement Elie d’Élisée. Un ouragan, et non pas le char, enlève Elie au ciel. Le feu et l’ouragan rappellent la scène du Carmel (1 R 18,38s) et celle de l'Horeb (1 R 19,11s). Le char et les chevaux symbolisent la fonction prophétique. Cet enlèvement d'Elie est véritablement l'élément le plus spectaculaire de tout le cycle d’Elie. Il manifeste non seulement que Dieu l’a pris définitivement auprès de lui, mais qu’il scelle d’un sceau divin le caractère exceptionnel de cette vie prophétique. Elie est le seul personnage en effet de l'Ancien Testament dont on raconte un tel enlèvement. Même Moïse n'a pas eu un tel privilège ! Quant à Hénok, s’il est fait mention de son enlèvement par Dieu en raison de sa vie exemplaire (Gn 5,24), le texte ne le décrit pas.

            Élisée a vu Elie disparaître. Il aura donc doublement part à son esprit. Surpris toutefois, il pousse un cri d'adieu, mais aussi de douleur. Il vient de perdre son père et le Père du prophétisme. L’appellation « char d'Israël et ses cavaliers » identifie Elie au roi à la tête de ses troupes sur son char (1 R 22,29-37) : le prophète est la force invincible d'Israël contre les forces du mal, l'idolâtrie et l'injustice. Élisée poursuivra cette lutte menée par Élie. La vision achevée, il saisit ses vêtements et les déchire en deux, en signe de deuil et de grande souffrance. Élisée doit désormais prendre sa vie en main. Son premier geste est de ramasser ce manteau si important qui a glissé des épaules d'Elie lors de son enlèvement. Le manteau symbolise d'une certaine façon la personne. Il est considéré comme rempli du pouvoir de son propriétaire. En jetant son manteau sur Elisée, Elie l'avait investi comme son successeur (1 R 19,19). En revêtant le manteau d'Elie, Elisée hérite de ses pouvoirs comme il l'avait demandé. Il en fait l’essai immédiatement et traverse à nouveau le Jourdain à pied sec.

            Ainsi Jésus disparait en nous laissant l’Esprit Saint pour voir par la foi son enlèvement dans la gloire de Dieu. Face au vide du tombeau, il nous est donné de voir et de croire en sa Résurrection : Christ est vivant auprès du Père. Il nous confie sa mission dans ce même Esprit afin que nous en soyons les témoins ... N’ayons pas peur, allons de l’avant !

 

3.      Livre de Ben Sirac le Sage (Si 48,1-11)

            Le prophète Élie surgit comme un feu, sa parole brûlait comme une torche. Il fit venir la famine sur Israël, et, dans son ardeur, les réduisit à un petit nombre. Par la parole du Seigneur, il retint les eaux du ciel, et à trois reprises il en fit descendre le feu. Comme tu étais redoutable, Élie, dans tes prodiges ! Qui pourrait se glorifier d’être ton égal ? 

Toi qui as réveillé un mort et, par la parole du Très-Haut, l’as fait revenir du séjour des morts.

Toi qui as précipité des rois vers leur perte, et jeté à bas de leur lit, de glorieux personnages.

Toi qui as entendu au Sinaï des reproches, au mont Horeb des décrets de châtiment.

Toi qui as donné l’onction à des rois pour exercer la vengeance, et à des prophètes pour prendre ta succession.

Toi qui fus enlevé dans un tourbillon de feu par un char aux coursiers de feu.

Toi qui fus préparé pour la fin des temps, ainsi qu’il est écrit, afin d’apaiser la colère avant qu’elle n’éclate, afin de ramener le cœur des pères vers les fils et de rétablir les tribus de Jacob… 

Heureux ceux qui te verront ! Heureux ceux qui, dans l’amour, se seront endormis !

Nous aussi, nous posséderons la vraie vie !

 

Avec le Prophète Elie, nous vous souhaitons une belle octave de Pâques !

L'équipe de la retraite en ligne