Bienheureuse Rosalie Rendu - Chapitre 1

Parmi les saints, certains incarnent la bonté avec un tel don d’eux-mêmes qu’ils sont déjà vénérés de leur vivant. Ainsi de Vincent de Paul ou Pierre Fourier au XVIIe siècle, Mère Teresa ou l’Abbé Pierre au XXe siècle. Tous, au service de Dieu et pour sa plus grande gloire, laissent une œuvre qui rend compte à la fois de leur immense charité et des solutions qu’ils ont trouvées pour venir au secours des plus démunis. Moins connue de nos jours mais plébiscitée de son vivant, Sœur Rosalie Rendu fut, pendant la première moitié du XIXe siècle, celle qui secourut inlassablement tous les laissés pour compte du quartier le plus misérable du Paris de l’époque. Dans une période où les bouleversements de l’histoire se sont accompagnés d’un cortège de douleurs et de situations désespérées, Sœur Rosalie a pansé, soulagé, soigné, donné du pain, enseigné et pris des initiatives pour répondre au mieux à tous ceux qui imploraient son aide. A tous, elle a manifesté la tendresse de Dieu.

Dès sa toute petite enfance, elle a appris le geste du partage. Donner de son pain au pauvre, aider ceux qui ont besoin d’être secourus, tel était le vécu au quotidien de la famille Rendu, osons dire que c’était dans son ADN. Aussi quand la petite Jeanne-Marie vient au monde, le 9 septembre 1786, à Confort, simple hameau de Lancrans, dans le pays de Gex, sur le flanc ouest de la montagne du Jura, et qu’elle fait ses premiers pas dans la ferme familiale, est-elle toute imprégnée de cette charité des siens qui s’exprime avec tant de naturel.

Jean-Antoine, le père de Jeanne-Marie est un petit propriétaire cultivateur. Sa famille, très nombreuse, jouit d’une certaine notoriété à Lancrans. Elle compte plusieurs personnalités de marque. Un de leurs parents, Louis Rendu, deviendra évêque d’Annecy en 1853. Les Rendu, profondément chrétiens, ont quatre enfants et Marie-Anne, la maman, les élève dans la foi. Elle leur communique si bien son amour des pauvres qu’on verra la petite Jeanne-Marie, dès qu’elle aperçoit un indigent sur la route, tout quitter pour aller au devant de lui, le prendre par la main, le conduire à la maison, partager son pain avec lui, ouvrir sa bourse au besoin.

Sa petite enfance est marquée par la Révolution. Elle a cinq ans au moment où l’Eglise catholique, persécutée, fait face à un dilemme dramatique : la Constitution Civile du Clergé, refusée par le Pape, oblige les prêtres à prêter serment à une nouvelle organisation de l’Eglise en France, non soumise au Vatican. Pour sa part, le clergé régulier est supprimé. Dès lors, de nombreux prêtres vont se soustraire à cette obligation. Ils sont appelés réfractaires tandis que ceux qui ont accepté la Constitution sont dits assermentés. De ce fait, les prêtres réfractaires sont pourchassés. De nombreux chrétiens les aident à se cacher et la famille Rendu les accueille. Ainsi le curé de Gex trouve asile chez eux. C’est lui qui va préparer la petite Jeanne-Marie à sa première communion. Elle vit ce grand moment de son existence, à la lueur d’une bougie, dans la cave de ses parents. Ceux-ci redoutent quelque réflexion involontaire de la petite fille, qui pourrait les trahir. Et de fait, Jeanne-Marie a bien remarqué qu’on traite Pierre, un jardinier, avec beaucoup d’égards. Elle l’espionne et le voit une nuit, au travers des rideaux de son lit, célébrer la messe. Que lui cache-t-on ? Elle en veut à sa mère et la nargue un peu plus tard, lors d’une discussion : « Prenez garde, je dirai que Pierre n'est pas Pierre ». Il faut la mettre au courant pour qu’elle se taise : le jardinier n’est autre que l’évêque de Genève, en résidence à Annecy, Monseigneur Joseph-Marie Paget qui prépare sa fuite en Italie. Ainsi l’insouciance de l’enfance va faire place, chez la fillette, à une maturité précoce.

L’année 1796 n’apporte que drames à la famille Rendu : Jean-Antoine, le père, décède prématurément  le 12 mai. Il avait à peine 32 ans. Il est bientôt suivi dans la tombe par la dernière petite sœur âgée de quatre mois, le 19 juillet de la même année.

La mère se retrouve seule et élève ses trois enfants avec courage, en leur communiquant sa foi profonde. A dix ans, Jeanne-Marie prend ses responsabilités : elle garde ses petites sœurs, contribue aux travaux ménagers. Elle est vive, toujours en mouvement, taquine. Son attention aux autres est grande : elle n’hésite pas à porter secours comme on l’a vu, elle se soucie des domestiques et des ouvriers agricoles qui travaillent chez sa mère. Elle les sert, partage leurs tâches. Elle aime jouer à la maîtresse d’école, enseigne le catéchisme, fait réciter les prières. Comme récompense, elle emmène ses « élèves » à la chapelle de la Sainte Vierge.

Demandée en mariage à 15 ans, elle supplie sa mère de la mettre en pension. Commence une itinérance due à son jeune âge qui l’empêche d’entrer chez les Filles de la Charité de Gex. Elle passe d’abord un an chez les Dames de Mâcon, anciennes Ursulines de Gex, puis elle est placée à Carouge près de Genève dans une maison de Demoiselles qui, en six mois, lui apprennent les arts ménagers. Elle repart à Gex pour servir à l’Hôpital et c’est là qu’elle découvre, au côté des Filles de la Charité, sa vocation de servir les malades et les indigents. Six mois encore et, à 16 ans, elle fait la connaissance, à Lancrans, d’une certaine Mademoiselle Jacquinot qui, à trente ans passés, se prépare à entrer au noviciat des Filles de la Charité à Paris. Jeanne-Marie n’a qu’une idée : être du voyage ! Sa détermination est telle que sa mère s’incline. Madame Rendu n’est pas sans relations à Paris. Aussi remet-elle à Jeanne-Marie une lettre pour son parrain qui n’est autre que M. Emery le Supérieur des Prêtres de Saint-Sulpice, originaire de Gex.

Douloureux départ que celui de ces jeunes filles qui quittent leur village et leur famille pour toujours ! Mais leur vocation est la plus forte.

Jeanne-Marie Rendu fait donc son entrée au noviciat le 25 mai 1802.

Les monastères avaient dû fermer leurs portes pendant la Révolution mais… seuls les Ordres de femmes fournissaient un personnel nombreux aux hôpitaux et on avait besoin d’elles ! Aussi les Filles de la Charité avaient-elles été tolérées en tenue civile bien que le recrutement leur ait été interdit. Cependant, en 1800, elles avaient obtenu de Chaptal le droit de former des novices, compte tenu du manque de personnel infirmier et social. En 1802, Portalis les autorisa à se reconstituer pleinement. Une exception dont va profiter Jeanne-Marie car les autres congrégations ne seront rétablies qu’en 1807. A peine rouvert, le noviciat « fait le plein » car Jeanne-Marie et ses compagnes se retrouvent en apprentissage avec quelque 50 autres novices !

« Si vous voulez que quelqu'un vous aime, aimez d'abord en premier; et si vous n'avez rien à donner, donnez-vous vous-même ». Ainsi Jeanne-Marie Rendu, devenue Sœur Rosalie, conseillait les jeunes novices pendant leur apprentissage. Aimer en premier… quel beau programme à mettre en œuvre ! Prions la Vierge Marie pour qu’elle nous aide à nous porter au-devant de notre prochain.

 

Je vous salue, Marie…


Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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