20/03 : dimanche des Rameaux - S'ouvrir à la présence de Dieu

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1. S'ouvrir à la présence de Dieu : Méditation

 

Texte du cycle d’Elie : Pèlerinage aux sources de l’Alliance (1 R 19,1-18)

 

Le roi Acab avait rapporté à Jézabel comment le prophète Élie avait réagi et comment il avait fait égorger tous les prophètes de Baal. Alors Jézabel envoya un messager dire à Élie : « Que les dieux amènent le malheur sur moi, et pire encore, si demain, à cette heure même, je ne t’inflige pas le même sort que tu as infligé à ces prophètes. » Devant cette menace, Élie se hâta de partir pour sauver sa vie.

Arrivé à Bershéba, au royaume de Juda, il y laissa son serviteur. Quant à lui, il marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! » Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d’eau. Il mangea, il but et se rendormit. Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.

Là, il entra dans une caverne et y passa la nuit. Et voici que la parole du Seigneur lui fut adressée. Il lui dit : « Que fais-tu là, Élie ? » Il répondit : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une voix de fin silence. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : « Que fais-tu là, Élie ? » Il répondit : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » Le Seigneur lui dit : « Repars vers Damas, par le chemin du désert. Arrivé là, tu consacreras par l’onction Hazaël comme roi de Syrie ; puis tu consacreras Jéhu, fils de Namsi, comme roi d’Israël ; et tu consacreras Élisée, fils de Shafath, d’Abel-Mehola, comme prophète pour te succéder. Celui qui échappera à l’épée d’Hazaël, Jéhu le tuera, et celui qui échappera à l’épée de Jéhu, Élisée le tuera. Mais je garderai en Israël un reste de sept mille hommes : tous les genoux qui n’auront pas fléchi devant Baal et toutes les bouches qui ne lui auront pas donné de baiser ! »

 

Ecoute de la Parole

(1R 19,1-8) https://www.youtube.com/watch?v=VuDhVcK_nMk 

(1R 19,9-18) https://www.youtube.com/watch?v=b3-dlC2oR90

 

a) Le voyage d’Elie à l’Horeb

 

Elie cède à la peur face aux menaces de mort de Jézabel et s’enfuit. Consterné par sa lâcheté, le triomphateur du Carmel sombre dans le découragement et s’effondre au terme d’une journée de marche ! Il veut mourir. Dieu rejoint alors Elie au sein de son désespoir. La dépression peut en effet permettre de retrouver le contact avec notre énergie vitale la plus profonde. Il est alors possible de reprendre le chemin d’une solitude non plus subie, mais choisie pour Dieu et assumée en lui. En soi, notre solitude existentielle est une grâce puisqu’elle fonde notre relation exclusive avec Dieu. La liberté suppose en effet la capacité à assumer sa solitude. Notre être intime ne peut rentrer en relation avec aucun autre être humain quelle que soit l’intimité de l’affection qui nous lie. Dieu seul connaît le secret de notre cœur. C’est pour nous-même un mystère, qui ne nous sera révélé que dans la claire vision de Dieu. Nous nous connaîtrons alors nous-mêmes dans la lumière de cet Amour qui nous crée sans cesse. Pourtant nous sommes appelés dès à présent à rejoindre dans la solitude celui qui nous appelle au plus intime de nous-même. Là, nous pouvons entendre sa Parole jaillir comme une source vive. 

Le récit pourrait s’arrêter là mais l’action rebondit. Elie doit manger et boire non plus seulement pour se restaurer, mais afin de pouvoir entreprendre une longue marche. L’intervention de l’Ange transforme sa fuite honteuse en pèlerinage vers la montagne de l’Alliance à la suite de Moïse pendant 40 jours et 40 nuits (Ex 24,12-18). 

b) La rencontre avec Dieu

 

Elie passe la nuit sur la montagne de Dieu dans une grotte. Il semble être venu là pour se cacher à nouveau : cela fait l’effet d’une démarche d’enfermement, de repli sur soi comme s’il cherchait à retrouver la chaude obscurité du sein maternel. La Parole de Dieu vient cependant l’arracher à ce qui semble une régression : « Pourquoi es-tu ici, Elie ? » La question comporte une nuance de reproche. La mention du « ici » oppose le lieu du Sinaï au là-bas du Royaume d’Israël où Dieu a appelé Elie le prophète. Dieu reproche à Elie de ne pas être sur le lieu de son ministère prophétique, donc d’avoir abandonné sa mission. La réponse d’Elie apparaît alors comme une longue justification. C’est son zèle pour Dieu qui l’a conduit au désert car les Israélites ont abandonné le Seigneur. À cela s’ajoute la destruction des autels du Seigneur et le massacre de ses prophètes. Elie se justifie ainsi par la solitude où il se trouve et sa menace de mort : « on cherche à m’ôter la vie. » 

Après avoir exprimé son désespoir et sa colère, Elie refuse de sortir en présence du Seigneur. Surviennent alors trois manifestations cosmiques qui peuvent évoquer des formes de l’angoisse qui peuvent submerger Elie, comme nous, en de telles circonstances. Tout d’abord, un ouragan fracasse tout et renverse nos certitudes. Ce qu’il y avait de plus sacré, l’Alliance du peuple avec Dieu se trouve bafoué. Elie a préféré prendre la fuite. Cette tempête amène la désorientation, balaye tous les repères, déboussole le navigateur perdu en haute mer sous l’assaut des vents contraires. Nous ne savons plus où aller. Y a-t-il encore un sens possible ? En quoi puis-je mettre ma confiance ? Mais le Seigneur n’est pas dans un tel questionnement ! Ensuite, un tremblement de terre vient ébranler jusqu’à nos assises, nos solidarités, ce qui nous relie aux autres. Elie a vu le peuple se détourner de Dieu et le roi ordonner le massacre des prophètes du Seigneur sous l’instigation de Jézabel. Suis-je vraiment seul dans ce naufrage tandis que le sol lui-même tremble sous mes pas ? Y a-t-il encore une communion possible ? Tout n’est-il que fracture, éclatement dans la brisure des liens humains ? Mais le Seigneur n’est pas non plus dans cette question ! Enfin, un feu vient menacer l’existence même, la marquer du sceau de la destruction. Tout ne sera-t-il finalement que cendre ? Mais comment le Seigneur pourrait-il être dans cette question du pur anéantissement !

Survient enfin une voix de fin silence. Elie se voile alors la face et sort enfin de la grotte. Le visage ainsi voilé, il ne voit rien. Tout se situe dans le registre de l’écoute, une écoute mystérieuse comme le suggère l’expression paradoxale « une voix de fin silence ». Le passage de Dieu est celui d’une voix dont la faiblesse contraste avec la violence des éléments cosmiques. Ce récit ne correspond pas à une théophanie au sens de manifestation visible de Dieu. L’expérience a lieu tandis qu’Elie est encore caché dans la grotte. Il ne voit pas Dieu mais doit discerner peu à peu la présence divine dans une voix étrange. Le dialogue l’emporte sur la vue.

Au-delà des fracas de l’angoisse, il n’y a plus de question, sinon l’écoute patiente jusqu’à ce silence dans lequel Dieu se donne comme un souffle ténu ! Elie est là encore pour accueillir ce miracle de la vie si saisissant en sa précarité : Dieu lui-même invisible en sa présence murmurée ! Etant enfin sorti de sa caverne, il peut entendre autrement la question cruciale : "Que fais-tu ici, Elie ?"  Sa réponse semble la même, faite de colère et de peur, mais le relèvement est tout proche. La certitude de la présence de Dieu a été donnée de manière éminemment discrète à l’intime du cœur. Elle donne de retrouver la paix, le goût de vivre, le courage pour se mettre à nouveau en route pour accomplir la mission reçue. Dieu est plus grand que tout ce que nous pouvons en percevoir. Aussi pouvons-nous le reconnaître dans la foi, à travers d’humbles signes qui nous révèlent sa proximité cachée. Encore faut-il se cacher en lui pour reconnaître en soi la présence du Dieu caché.

c) Discours du Seigneur

 

Après la double interrogation « Que fais-tu ici Elie ? » (vv.9.13), le Seigneur demande à Elie de repartir par le même chemin. La rencontre de Dieu renvoie Elie à sa mission de prophète en Israël. L’ordre de retourner par le même chemin fait allusion à la mission prophétique qu’Elie a désertée et est complété par la mention de missions précises. Elie doit oindre deux rois et un prophète. La mission d’Elie se concrétise à travers divers événements : L’appel d’Elisée (1 R 19,19-21) ; la mission auprès d’Acab après le meurtre de Nabot par celui-ci (1 R 21,17-29) ; la prédiction de la mort d’Ochozias (2 R 1,1-18) ; d’une certaine manière, elle inclut l’enlèvement d’Elie avec le transfert de sa mission à Elisée (2 R 2,1-25). Ces missions n’ont aucun lien avec ce qui précède. Elie est confirmé dans sa mission prophétique. La Parole entendue dans sa souveraine autorité remet l’homme debout et le renvoie à ses responsabilités. L’évidence de Dieu, surgie de ce silence, a permis de surmonter la peur. La Parole plus certaine que l’épreuve fait renaître à la mission par-delà toutes les questions et tous les découragements. Elle le fait sans offrir d’autre garantie que la fidélité de Dieu à sa Parole d’alliance : « Repars par le chemin du désert … ».

2. Commentaire de l’évangile de la Passion Lc 22,39-46 : prière au mont des Oliviers

 

En plus de la méditation sur la vie d'Elie, vous pouvez lire le passage d'Evangile et le commentaire cliquez ici

 

3. Le résumé audio de la 5ème semaine

 

Écouter en résumé la dynamique de la semaine (5min26s) en cliquant ici

4. Les 3 pistes de la semaine et le verset à prier

A la lumière de la Pâque de Jésus :

  • Comment vivons-nous des moments de découragement voire de dépression : comme une grâce de solitude pour renouer notre relation à Dieu ?
  • S’efforcer cette semaine, avec la grâce du Seigneur, de se disposer à entrer dans un silence apaisé, présence de Dieu par-delà toute question 
  • Pour contempler la Croix de Jésus vendredi saint, rendre grâces avec Lui en communiant à son Eucharistie jeudi saint

Bon dimanche des Rameaux!

L'équipe de la retraite

 

Prière de la communauté

Prière du prophète Elie

Dieu éternel et tout-puissant, tu as donné au saint prophète Elie de vivre en ta présence et tu l'as rempli du zèle de ta gloire : accorde à tes serviteurs de rechercher sans cesse ton visage pour devenir ainsi les témoins de ton amour. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen.

Merci ! 2 personnes ont prié

11 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Prions avec Elie - Retraite de Carême : 40 jours de feu !

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