"Et j'ai porté ma croix sous la Croix solitaire" - Paul Harel

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Bonjour à tous,

Voici un poème de Paul Harel qui nous invite – en ce temps de Carême - à déposer notre croix devant la Croix du Seigneur.

La Croix de Bois 


O Croix de bois, qui mets ton signe douloureux
Sur les prés, sur les champs et sur les chemins creux,
Toi qui pouvais là-bas te dresser grave et haute,
Quel caprice pieux t'a plantée à mi-côte ?
Quel hasard ? - Le charmant hasard d'un carrefour.
Voici les chemins creux : l'un s'en va d'Echauffour
Jusqu'à Planches, qui fut une ville romaine ;
L'autre des champs aux bois se tord et se promène
Très poétiquement. Ils n'ont pas deux endroits
Pour se rejoindre ; ils vont, viennent, font une croix
Devant la Croix de bois, puis s'enfuient par les haies,
Où les épines et les houx mêlent leurs haies,
Car l'automne brumeux expire à l'horizon.

Dans le vent pluvieux non loin de ma maison,
L'arbre s'agite et pleure, et la sombre vallée
Est la sœur de mon âme obscure et désolée.
Car les plaintes du vent, ce sont des cris humains.
Car les pleurs des buissons qui bordent les chemins
Avec mes larmes ont mouillé, mouillé la terre
Et j'ai porté ma croix sous la Croix solitaire.

Seul, ayant comme un poids de brume à mon manteau,
Ce matin le poète a franchi le coteau.
Pas une voix dans l'air, pas un son dans les branches.
L'Angélus d'Echauffour et l'Angélus de Planches,
Qui s'unissent parfois en un chant fraternel,
Etouffés et lointains, se perdaient dans le ciel.
Les chemins, les maisons, les clochers, les églises
Et tous les arbres se voilaient de vapeurs grises.
Gavés des fruits sanglants de l'épine et du houx,
Les oiseaux regardaient le poète à genoux.
Ils voyaient dans la brume une croix ébauchée,
Puis un être, immobile et la tête penchée.
De l'homme au bois sacré quand les bras s'appuyaient,
Quand il joignait les mains, les oiseaux s'enfuyaient
Par les chemins, sur le coteau, dans la ravine,
Et l'homme, resté seul sous votre Croix divine,
O Christ, l'homme ulcéré, le pécheur, le passant,
Baignait son cœur malade aux flots de votre sang.

Paul Harel (1854-1927) pour Alfred Poizat

 

Proposition d’action :


Et si nous trouvions également près de chez nous, une croix ; une de ces croix solitaires sur les chemins que l’on voit sans voir … Et si cette semaine, « le pêcheur, le passant » que nous sommes, nous arrêtions devant elle, que nous prenions un temps pour prier et « baigner notre cœur malade, aux flots de [son] sang » ?

Prière de la communauté

Que rien ne te trouble (sainte Thérèse d'Avila)

« Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Tout passe, Dieu ne change pas. La patience obtient tout. A qui possède Dieu, rien ne manque. Dieu seul suffit. »

Merci ! 209 personnes ont prié

9 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Quand les poètes nous parlent de Dieu …

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