"Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant Yahvé ton Dieu, écoutant sa voix, t'attachant à lui. Car là est la vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que Yahvé a juré de donner à tes pères." Deut. 30,19-20

La rue est comme un miroir déformant : quand nous rencontrons ceux qui y vivent, nous nous voyons nous-mêmes, non pas transfigurés, mais au contraire plus gras, plus maigres, plus sales, plus vieux, plus dépendants ... et cela nous fait peur.

Nous reconnaissons nos limites dans un autre corps, un corps différent mais qui ressemble au nôtre. C'est pourtant en dépassant cette répulsion, en acceptant nos propores limites, que nous pouvons rencontrer les personnes de la rue comme des frères, et accueillir leurs questions, leurs cris, leurs manques.

Veulent-ils encore vivre ? 

Veulent-ils se laisser mourrir ?

Ne les condamnons-nous pas à survivre ?

Nous aussi sommes confrontés à ce choix entre la vie et la mort. Lorsqu'on s'installe dans un mode de vie et que l'on ne peut plus changer, on se coupe des autres, surtout de ceux qui qui nous sont différents, et on se coupe de Dieu lui-même. Lorsqu'on se coupe des autres, on se bloque aussi soi-même, en disparaissant petit à petit. 

Lorsqu'on accepte les autres dans leurs différences, en apprenant à les aimer, on se range du côté de la vie; on se rend en même temps accessible à Dieu. 

L'Eglise est cet espace de communion où Dieu nous appelle à reconnaitre les petits, les souffrants, les différents, comme des frères : Jésus, le Vivant, est là. Il nous entraîne dans la vie, au-delà de la mort elle-même.

Père Patrick Giros