Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. Chacun sera salé au feu. C’est une bonne chose que le sel ; mais s’il cesse d’être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre de la saveur ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. »
(Mc 9, 41-50)

 

Sortir de la tiédeur

Il y a un chemin qui conduit à la foi et c’est peut-être le plus difficile. On a grandi dans la foi, mais dans un milieu tiède au point de vue religieux, où les parents se contentaient de pratiquer la religion pour faire comme tout le monde ; où maîtres et éducateurs étaient indifférents, ne considérant le christianisme que comme un phénomène historique, ou ne vivant pas selon la foi qu’ils confessaient. Le jeune homme a bien entendu et reçu des paroles, mais dépourvues de leur contenu vivant. Il a enregistré des notions, mais il n’en a pas saisi le dynamisme. Des signes et des figures sacrées ont peuplé son univers, mais comme des silhouettes irréelles. Autour de lui, les opinions étaient diverses, contradictoires, et dès sa prime jeunesse, il s’est habitué à envisager que plusieurs religions étaient également possibles, il n’a pas appris ce qu’est une décision sans réserves, ou un absolu. Un tel état d’esprit est comme une terre gâchée où poussera difficilement quelque chose de neuf. Pensées, paroles, figures, causes, tout a pâli, tout s’est vidé ; c’est pire qu’un refus franchement avoué, pire qu’une ignorance totale. Il faudra en général que cette terre reste longtemps en friche avant d’être en état de recevoir le germe vivant de la foi. Ici, la patience est nécessaire, et la confiance en un Dieu qui n’abandonne pas sa créature.

 

Romano Guardini

Romano Guardini († 1968), théologien allemand, a marqué de son empreinte exceptionnelle tous les courants théologiques du XXe siècle, préparant le concile Vatican II. Il a considérablement influencé la pensée de Benoît XVI.

 

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