Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »
(Lc 6, 27-38)

 

Un autre regard sur l’ennemi

En considérant le chemin que Jésus Christ a suivi jusqu’à la croix, les disciples reconnaissent qu’ils étaient aussi parmi les ennemis de Jésus qui ont été vaincus par son amour. Cet amour ouvre les yeux du disciple, de sorte qu’il reconnaisse le frère en l’ennemi, se conduise en frère avec lui. Pourquoi ? Parce que lui-même ne vit que de l’amour de celui qui s’est comporté en frère envers lui, l’a accepté comme son ennemi et l’a accueilli dans sa communion comme son prochain. En ceci l’amour révèle à celui qui marche à la suite de Jésus qu’il considère aussi l’ennemi comme inclus dans l’amour de Dieu, qu’il voit l’ennemi sous la croix de Jésus Christ. Dieu ne m’a pas interrogé sur ce que j’ai fait de bien et de mal, car même ce que j’ai fait de bien est impie à ses yeux. L’amour de Dieu a cherché l’ennemi qui en a besoin, qu’il estime être digne de lui. Dieu glorifie son amour pour l’ennemi. Celui qui marche à la suite de Jésus le sait. Par Jésus, il a pris part à cet amour. Car Dieu fait lever son soleil et il fait pleuvoir sur les justes et les injustes. Mais ce ne sont pas uniquement le soleil de notre monde et la pluie de notre terre qui passent sur les méchants et les bons, ce sont aussi le « soleil de justice », Jésus Christ lui-même et la pluie de la Parole divine qui manifestent la grâce du Père qui est aux cieux envers les pécheurs.

 

Dietrich Bonhoeffer est né en 1906 à Breslau, en Prusse. Docteur en théologie à l’âge de 21 ans, il manifeste immédiatement son opposition aux mesures antisémites du régime nazi. Interdit d’enseignement et de prédication, il est arrêté par la Gestapo, en 1943, puis exécuté au camp de concentration de Flossenbürg, le 9 avril 1945.