Il faut faire mûrir le temps de l’union
Le texte qu'on va lire est tiré d'une interview du patriarche Athénagoras (1886-1972), grande figure de l'orthodoxie au XXème siècle, animé d'un profond désir de retrouver la communion entre chrétiens d'Orient et d'Occident. Sa rencontre avec le pape Paul VI à Jérusalem, en janvier 1964 (cf. photo ci-dessus), eut un grand retentissement dans le monde entier.
Qu’ils soient un comme nous sommes un (Jn 17, 21). Comment cette prière pourrait-elle embraser l’Église du Christ, consumer ses cloisonnements ?
On a voulu l’unité par l’uniformité, alors que le pluralisme, même théologique, était immense dans l’Église ancienne ! La rupture de la communion a rendu les différences insurmontables. Elles ont été systématisées, parfois même, hélas ! dogmatisées.
Maintenant nous allons vers la troisième période de l’Église, celle de l’amour, du partage dans le respect mutuel, de la réconciliation, jusqu’à ce que le Seigneur veuille nous réunir dans le très saint calice de son Corps et de son Sang très purs, quand, par un grand amour et un grand travail, nous aurons permis que les différences n’interdisent plus la communion mais l’appellent, ayant cessé d’être exclusives pour se reconnaître approches complémentaires de la vérité, comme c’était le cas aux premiers siècles.
L’heure sonne où, dans nos héritages complexes, l’amour va enterrer tout ce qui est mort et libérer tout ce qui est vivant, tout ce qui converge. Alors la séparation elle-même apparaîtra comme providentielle par toutes les explorations et toutes les efflorescences qu’elle aura permises, et donc par la conscience plus affinée, plus respectueuse du Mystère qu’elle nous aura fait acquérir.
Oui, l’union est maintenant une possibilité historique. Elle peut se faire d’une manière inattendue, comme toutes les grandes choses, comme le retour du Christ qui a dit qu’il reviendrait comme un voleur. Elle sera un miracle, mais un miracle dans l’histoire.
Chaque nuit, parfois à minuit, parfois à quatre heures du matin, je prie pour l’union. Quand se fera-t-elle ? Interrogé sur la fin du monde, le Christ confesse son ignorance d’homme : seul le Père, dit-il, connaît les temps et les moments (Mt 24, 36). Il en est de même pour l’union. L’avenir est en Dieu. Les volontés de Dieu reposent dans l’éternité. Elles entrent dans le temps quand le temps est mûr. Notre tâche est de faire mûrir le temps.
Prière : Seigneur Jésus,
toi qui as voulu que l’unité de tes disciples attire le monde à la foi,
accorde-nous de te rendre témoignage devant nos contemporains
en communion avec nos frères et sœurs d’autres confessions chrétiennes.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6