28/02 : 3ème dimanche de carême - Dénoncer l'injustice

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1. Dénoncer l'injustice : Méditation

 

Texte du cycle d’Elie : L’assassinat de Naboth par Acab (1 R 21,1-29)

 

Naboth, de la ville de Yizréel, possédait une vigne à côté du palais d’Acab, roi de Samarie. Acab dit un jour à Naboth : « Cède-moi ta vigne ; elle me servira de jardin potager, car elle est juste à côté de ma maison ; je te donnerai en échange une vigne meilleure, ou, si tu préfères, je te donnerai l’argent qu’elle vaut. » Naboth répondit à Acab : « Que le Seigneur me préserve de te céder l’héritage de mes pères ! » Acab retourna chez lui sombre et irrité, parce que Naboth lui avait dit : « Je ne te céderai pas l’héritage de mes pères. » Il se coucha sur son lit, tourna son visage vers le mur, et refusa de manger. Sa femme Jézabel vint lui dire : « Pourquoi es-tu de mauvaise humeur ? Pourquoi ne veux-tu pas manger ? » Il répondit : « J’ai parlé à Naboth de Yizréel. Je lui ai dit : “Cède-moi ta vigne pour de l’argent, ou, si tu préfères, pour une autre vigne en échange.” Mais il a répondu : “Je ne te céderai pas ma vigne !” » Alors sa femme Jézabel lui dit : « Est-ce que tu es le roi d’Israël, oui ou non ? Lève-toi, mange, et retrouve ta bonne humeur : moi, je vais te donner la vigne de Naboth. » Elle écrivit des lettres au nom d’Acab. Elle les scella du sceau royal, et elle les adressa aux anciens et aux notables de la ville où habitait Naboth. Elle avait écrit dans ces lettres : « Proclamez un jeûne, faites comparaître Naboth devant le peuple. Placez en face de lui deux vauriens, qui témoigneront contre lui : “Tu as maudit Dieu et le roi !” Ensuite, faites-le sortir de la ville, lapidez-le, et qu’il meure ! » Les anciens et les notables qui habitaient la ville de Naboth firent ce que Jézabel avait ordonné dans ses lettres. Ils proclamèrent un jeûne et firent comparaître Naboth devant le peuple. Alors arrivèrent les deux individus qui se placèrent en face de lui et portèrent contre lui ce témoignage : « Naboth a maudit Dieu et le roi. » On fit sortir Naboth de la ville, on le lapida, et il mourut. Puis on envoya dire à Jézabel : « Naboth a été lapidé et il est mort. » Lorsque Jézabel en fut informée, elle dit à Acab : « Va, prends possession de la vigne de ce Naboth qui a refusé de la céder pour de l’argent, car il n’y a plus de Naboth : il est mort. » Quand Acab apprit que Naboth était mort, il se rendit à la vigne de Naboth et en prit possession. La parole du Seigneur fut adressée au prophète Élie de Tishbé : « Lève-toi, va trouver Acab, qui règne sur Israël à Samarie. Il est en ce moment dans la vigne de Naboth, où il s’est rendu pour en prendre possession. Tu lui diras : “Ainsi parle le Seigneur : Tu as commis un meurtre, et maintenant tu prends possession. C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur : À l’endroit même où les chiens ont lapé le sang de Naboth, les chiens laperont ton sang à toi aussi.” » Acab dit à Élie : « Tu m’as donc retrouvé, toi, mon ennemi ! » Élie répondit : « Oui, je t’ai retrouvé. Puisque tu t’es déshonoré en faisant ce qui est mal aux yeux du Seigneur, je vais faire venir sur toi le malheur : je supprimerai ta descendance, j’exterminerai tous les mâles de ta maison, esclaves ou hommes libres en Israël. Je ferai à ta maison ce que j’ai fait à celle de Jéroboam, fils de Nebath, et à celle de Baasa, fils d’Ahias, tes prédécesseurs, car tu as provoqué ma colère et fait pécher Israël. Et le Seigneur a encore cette parole contre Jézabel : “Les chiens dévoreront Jézabel sous les murs de la ville de Yizréel !” Celui de la maison d’Acab qui mourra dans la ville sera dévoré par les chiens ; celui qui mourra dans la campagne sera dévoré par les oiseaux du ciel. » On n’a jamais vu personne se déshonorer comme Acab en faisant comme lui ce qui est mal aux yeux du Seigneur, sous l’influence de sa femme Jézabel. Il s’est conduit d’une manière abominable en s’attachant aux idoles, comme faisaient les Amorites que le Seigneur avait chassés devant les Israélites. Quand Acab entendit les paroles prononcées par Élie, il déchira ses habits, se couvrit le corps d’une toile à sac, un vêtement de pénitence. Il jeûnait, il gardait la toile à sac pour dormir, et il marchait lentement. Alors la parole du Seigneur fut adressée à Élie : « Tu vois comment Acab s’est humilié devant moi ! Puisqu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur de son vivant ; c’est sous le règne de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison. »

Ecoute de la Parole

 

(1R 21,1-29) : https://www.youtube.com/watch?v=lFetFN7V8LM 

 

a) Le venin de la convoitise

 

Nous sommes aux environs de 860. Acab règne depuis une quinzaine d'années. Il est à l’apogée de sa puissance, mais rien ne semble le satisfaire. Voici qu’il convoite l'héritage de Naboth, pour agrandir le domaine royal autour de son palais à Yizréel. A sa grande surprise, Naboth refuse toutes les offres avantageuses qu’il lui propose en compensation. Naboth lui oppose un droit sacré, celui de la Terre promise donnée par Dieu à son peuple (cf. Ex 3,7s) et dont nul ne peut disposer à sa guise : Naboth a reçu cette vigne de ses pères, mais en fait, c’est de Dieu qu’il la reçoit en héritage à travers la longue succession des générations. Acab est israélite et comprend bien que cet argument est imparable. Il n’insiste pas et rentre chez lui. Il se couche et s’isole. Il ne veut plus manger. Il déprime ! Nous sommes à une étape clé du récit. A ce stade, Acab respecte la Loi, mais il cède pourtant à la convoitise au point de sombrer dans la tristesse face à la déception éprouvée. C’est le moment critique où le péché couve en secret : Acab laisse la concupiscence, désir perverti, entrer dans son cœur. Pensons à la mise en garde adressée par le Seigneur à Caïn : « Le Seigneur dit à Caïn : "Pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’agis pas bien…, le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. " » (Gn 4,6s) Jésus, quant à lui, insistera sur la pureté du cœur en déclarant que le péché existe par la concupiscence avant même qu’il y ait passage à l’acte. De toute façon, celui-ci arrivera tôt ou tard si nous ne réagissons pas.

 

b) L’aveuglement de la puissance  

 

C’est ce qui se produit pour Acab selon le processus mortifère de la répétition du mal initié par Caïn. Jézabel organise le meurtre légal de Naboth avec la complicité tacite de son mari dont la lâcheté va jusqu’à tout laisser faire sans poser la moindre question. La mort de Naboth suscita une profonde indignation chez les serviteurs du Dieu d’Israël. L'opinion publique savait à quoi s'en tenir. Elle désignait Jézabel comme l’instigatrice de ce meurtre d'autant plus odieux qu'il bafouait le vieux droit des tribus : le domaine ancestral était regardé comme inaliénable. Le roi avait commis la plus horrible des félonies pour s'en emparer. Pourtant personne n’ose protester. Le récit fait ici une seconde mise en garde quant au risque pour les puissants de se croire au-dessus des lois. L’actualité ne cesse de nous en offrir des exemples scandaleux aux plus hauts niveaux de la politique, de la finance ou de l’industrie, plongeant à chaque fois une multitude de gens faibles dans la précarité et parfois la misère. Ce qui apparaît ainsi de manière spectaculaire à travers le tapage médiatique, n’est qu’un aspect du phénomène tant la puissance et la convoitise aveuglent le cœur humain à quelque étage que ce soit de la hiérarchie sociale. Qu’en est-il de moi-même quand je suis en situation de pouvoir, aussi modeste soit-il ? Comment est-ce que j’assume mes frustrations pour ne pas succomber à la tentation de compensations injustes ? Il est toujours plus facile de se scandaliser des autres que de s’examiner soi-même. 

 

c) Ecoute de la Parole et courage d’agir

 

Mais voici qu’il se trouve un prophète pour faire entendre à Acab la voix de la justice divine, comme le fit déjà le prophète Samuel vis-à-vis du roi Saül, ou encore le prophète Natan vis-à-vis du roi David : Élie prédit à Acab une mort violente. L'oracle est ici encore une application rigoureuse de la vieille loi du talion. Le sang d'Acab et de ses fils coulera là où le sang de Nabothet de ses fils a coulé. Acab, par une réaction tout à fait conforme à la compréhension religieuse de l'époque, reconnait ses torts et loin de molester le Prophète, affiche une pénitence publique. Le Seigneur revient alors sur sa condamnation. La malédiction est reportée sur la dynastie du roi. Cette conversion est le fruit du courage exceptionnel d’Elie face à un pouvoir absolu qui ne reconnaît plus de limites. Mais ce courage, Elie l’a puisé dans l’écoute de la Parole de ce Dieu au Nom duquel il agit. Sa Passion pour le Dieu d’Israël le mène à une obéissance inconditionnelle à sa Parole. Encore une fois, il n’existe pas d’écoute de la Parole de Dieu qui ne conduise à une conversion ou un engagement au service de la justice. La prière véritable devient action au service des hommes, car elle est relation vivante au Dieu juste et ami de l’humanité. Servir le Dieu vivant, c’est inséparablement l’adorer dans le silence de l’écoute et accomplir sa volonté de justice et d’amour envers les hommes. 

 

2. Commentaire de l’évangile (Luc 13,1-9)

 

En plus de la méditation sur la vie d'Elie, vous pouvez lire le passage d'Evangile et le commentaire cliquez ici

 

3. Le résumé audio de la 3ème semaine

 

Écouter en résumé la dynamique de la semaine (3min58s) en cliquant ici 

4. Les 3 pistes de la semaine et le verset à prier 

 

  • Discerner le rôle de la concupiscence, ce désir perverti, qui me plonge dans des états intérieurs de tristesse
  • Reconnaître les injustices engendrées par mes convoitises, mon besoin de posséder
  • M’engager à poser des actes de justice cette semaine.

 

 

Bonne 3ème semaine de carême!

L'équipe de la retraite 

Prière de la communauté

Prière du prophète Elie

Dieu éternel et tout-puissant, tu as donné au saint prophète Elie de vivre en ta présence et tu l'as rempli du zèle de ta gloire : accorde à tes serviteurs de rechercher sans cesse ton visage pour devenir ainsi les témoins de ton amour. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen.

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12 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Prions avec Elie - Retraite de Carême : 40 jours de feu !

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