Le père Wilfried nous parle aujourd'hui du voyage de Marie entre sa maison et celle d'Elisabeth : 

Marie fit le voyage « en hâte », écrit Luc. Une sainte joie la propulsait. Luc relèvera plus tard ce détail : les soixante-dix disciples envoyés par Jésus ne doivent saluer personne en chemin (10,4). Qu’ils ne gaspillent pas leur temps en formules de politesse et en palabres interminables ! Ils doivent se hâter. L’annonce de l’Évangile ne souffre aucun retard. Marie est le premier apôtre, la première à porter la Bonne Nouvelle. Elle ne pense à rien d’autre, ne perd pas un instant. Comme elle lui va bien, cette parole d’Isaïe : « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : “Ton Dieu règne !” » (52,7) Marie porte Jésus. De ciboire, elle devient ostensoir : à la voir, on devine qu’elle est enceinte. Marie porte Celui qui la porte, elle porte son Créateur. Elle porte Celui qui est plus grand qu’elle-même. Ne faisons-nous pas tous, d’une certaine manière, comme elle ? Nous portons Quelqu’un de plus grand que nous, Quelqu’un de qui nous tenons notre identité et notre dignité. Mais nous risquons d’oublier que nous Le portons, comme le prêtre pour qui porter la communion à un malade est devenu une action routinière. Jésus se laisse porter. Il ne décide pas de Lui-même. D’ores et déjà Il apprend ce que toute sa vie Il fera : se laisser porter et guider par l’Esprit. Il ne fait jamais sa propre volonté. « Je ne fais rien de Moi-même… Je fais toujours ce qui Lui plaît » (Jn 8,28-29). Il suit Marie où qu’elle aille, Il dépend totalement d’elle comme Il dépend totalement du prêtre dans l’Eucharistie. Mais puisque l’Esprit a couvert Marie de son ombre et la guide en tout, l’obéissance de Jésus à Marie coïncide avec son obéissance à l’Esprit. 

Gardons conscience, aujourd'hui, que nous sommes, comme Marie, les ostensoirs de Jésus.  Jésus se laisse porter dans notre coeur.