J10 - Deuxième dimanche - La tenue de travail

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Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (3,1-6)

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.

1-Commentaire évangélique : une route à construire, celle menant de Dieu à notre cœur

Jean le Baptiste parcourt « toute la région du Jourdain », criant à haute voix que « tout être vivant verra le salut de Dieu », selon la promesse de Dieu énoncée depuis les siècles passés. Et les hommes doivent s’y préparer ! Les responsables politiques, les responsables religieux sont nommés, car ce salut les concerne aussi, bien sûr, mais… il est de leur devoir de le favoriser.

« Préparez le chemin […] rendez droits les sentiers » était une tâche à laquelle les Romains et leurs subordonnés s’appliquaient volontiers. L’empire de Rome construisait depuis plusieurs siècles des voies romaines, servant de réseau routier souvent construit en lignes droites. À son apogée, ce réseau d’axes routier s’étendra sur cent cinquante mille kilomètres, et aucun pays de l’empire n’en sera dépourvu ! En 2017, un tronçon de voie romaine a été découvert en Israël, tronçon sur lequel une pièce de monnaie frappée par Ponce Pilate en l’an 29 a été retrouvée… Ainsi, de même que les hommes politiques de l’époque construisaient des routes droites ou des aqueducs rectilignes, de même Jean le Baptiste invite-t-il aujourd’hui à préparer la venue du Seigneur, en rendant droits les sentiers menant à nos cœurs, ces derniers se révélant parfois compliqués…

Les responsables de la vie religieuse ne sont pas en reste. Eux aussi ont pour mission de contribuer à ce que ces chemins menant de Dieu à nos humanités soient préparés. Car si la route est construite sans pour autant être praticable, elle ne pourra pas être pratiquée ! C’est bien ce que reprochera Jésus lui-même, plus tard, aux pharisiens et aux docteurs de la Loi, censés guider le peuple sur le chemin de la rencontre avec son Dieu ; « vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés » [Lc 11,52] !

Mais Jean le Baptiste, fondamentalement, ne s’adresse pas qu’aux politiques ou aux responsables religieux. Il s’adresse à tous les hommes. Il les encourage à préparer, dans leur cœur, une voie d’accès pour le Fils de Dieu fait homme. Que Celui-ci puisse venir les rejoindre  dans leurs maisonnées, dans leurs tâches quotidiennes, dans leurs fêtes, bref, dans leurs vies tout entières ! Préparez-vous à « un baptême de conversion pour le pardon des péchés », exhorte Jean à l’ensemble du peuple. La venue de Dieu au sein de l’histoire des hommes ne sert de rien si ces derniers ne le reçoivent pas comme Sauveur. Autrement dit, la bonne nouvelle de l’incarnation du Verbe suppose que les hommes se reconnaissent pécheurs. Sans cet aveu, il ne peut y avoir de conversion, il ne peut y avoir de pardon des péchés, il ne peut y avoir de salut à recevoir. C’est là la part des hommes, rappelle l’Évangile à tous les citoyens du monde, empereur romain y compris !

On pourrait se demander si la part des hommes doit également être de combler tout ravin, de niveler toute montagne et d’abaisser toute colline. Est-ce aux hommes de rendre droits les passages tortueux, d’aplanir les chemins rocailleux, selon les termes de la prophétie d’Isaïe, reprise par Jean le Baptiste ? Il est vrai que les voies romaines étaient bien construites, privilégiant les axes rectilignes, évitant autant que possible les ravins et autres grands dénivelés. Elles prenaient même la peine d’élargir les voies dans les virages pour permettre aux chariots – dépourvus d’avant-train – de pivoter au mieux ! Les voies romaines, aujourd’hui encore, ne sont pas connues pour être « des passages tortueux »… Alors, quand Jean proclame que « tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis », il proclame un souhait de voir les hommes s’y atteler, mais il proclame surtout l’œuvre effective de Dieu.

Si ce deuxième dimanche du temps de l’Avent nous invite donc à œuvrer pour faire la vérité sur nos cœurs « alourdis par les soucis de nos vies », selon les termes de l’Évangile de dimanche dernier, s’il nous invite à reconnaître que nos vies ont besoin de la bonne nouvelle de la venue de Jésus-Christ, il nous invite également à espérer en ce chemin en préparation, chemin devant permettre à nouveau la rencontre de l’homme et de son Dieu revenant à lui, après l’expulsion d’Adam et Ève du Paradis.

Au terme de ce chemin menant Dieu à l’homme au sein de l’humanité, par la naissance à venir de Jésus-Christ, reste encore un dernier point : que l’homme ne soit pas fermé de cœur. Si Dieu s’engage dans un long chemin en cette entreprise, c’est bien Lui qui met à bas tous les obstacles empêchant que la route lui soit praticable. Quand bien même ces obstacles seraient nos péchés encaissés comme des ravins, immenses comme des montagnes, sournois comme des passages tortueux… Seul un refus de l’homme de voir dégagé le chemin menant Dieu à l’accès de son cœur pourrait rendre impraticable la route, et Dieu ne la forcerait pas.

Devant l’enjeu de se laisser rejoindre par la venue du Dieu-fait-homme, si nous voulons contribuer à laisser Dieu nous rejoindre, nous pouvons trouver en Notre-Dame du Mont Carmel une véritable alliée, une aide prenant la forme d’une alliance personnelle, une aide pour ne pas craindre l’advenue de Dieu en nos cœurs, en nos vies.

2-Méditation : une alliance personnelle avec Notre-Dame du Mont Carmel

Inter spinas
Quae crescis lilium
Serva puras
Mentes fragilium
Tutelaris.

Armatura
Fortis pugnantium
Furunt bella
Tende praesidium

Scapularis.

Parmi les épines

Toi le lys qui croîs

Garde les cœurs purs

Et les esprits fragiles

Soutiens-les.

 

Armure la plus forte

Nous avons confiance en ta force

Durement pressés dans le combat

Accorde-nous la protection

De ton Scapulaire.

Notre-Dame connaît les épines de la vie humaine, épines piquantes par les blessures infligées, épines piquantes des cœurs endurcis – le nôtre, et ceux des autres –, épines piquantes de toutes nos injustices. Marie de Nazareth est celle qui a su cheminer au cours de sa vie de manière irréprochable, gardant son cœur pur comme un lys. Ce fut là une grâce émanant par avance du Cœur transpercé de Jésus crucifié. Sa vie ne fut pas pour autant dénuée d’épreuves difficiles – en témoigne la crucifixion sous ses yeux de son Fils ! – mais rien ne vint entraver son cheminement vers son Dieu. Et Dieu, de son côté, ne trouva aucun obstacle pour rejoindre Marie en tout point de sa vie.

Mais pour autant, Notre-Dame ne se met pas à l’écart de nos humanités bien enserrées, elles, dans leurs épines. Elle est toujours la servante du Seigneur (Lc 1,38), et même la mère qui nous a été donnée par le Christ (Jn 19,27), toute désignée pour encourager et soutenir nos esprits fragiles. Son aide est précieuse, tant nous hésitons souvent à nous avouer à nous-mêmes nos propres fautes ! Dès lors, si nous évitons de les avouer à nous-mêmes, comment pourrions-nous les exposer au regard miséricordieux de Celui qui vient nous en débarrasser ? La Vierge nous encourage et nous aide dans ce combat à mener contre nous-mêmes…

Notre-Dame du Mont Carmel nous a promis en effet son aide ; « Voici pour toi un privilège, quiconque mourra revêtu de ce Scapulaire sera préservé des flammes éternelles », a-t-elle dit de vive voix à Saint Simon lors d’une apparition au 13ème siècle, à Aylesford, en Angleterre. Ce faisant, elle lui tendait un Scapulaire à porter en guise d’entente mutuelle.

En le portant, ou en entrant dans une alliance avec Marie d’une autre façon (pensons à la médaille de la rue du bac, ou à la consécration de saint Louis-Marie Grignion de Montfort), les hommes s’engagent à se découvrir en vérité comme de petits enfants devant leur mère. Avec leur poids de joies et de misères. L’armure la plus forte en qui un petit enfant peut avoir confiance n’est-elle pas la protection d’une mère ? C’est en tout cas le privilège offert par Notre-Dame du Mont Carmel.

Ce privilège est celui d’une foi toute mariale que Marie communique d’elle-même à ceux qui placent en elle leur confiance. Les serviteurs de Cana (Jn 2) avaient déjà fait l’expérience de ce privilège : le vin venant à manquer, ils se trouvaient désemparés. La mère de Jésus prit l’initiative, les interpella en leur communiquant sa propre foi : « Faites tout ce qu’il vous dira » [Jn 2,5]. Et ensemble, les serviteurs et elle-même se tournèrent vers le Christ. Jésus, voyant alors la foi revigorée de ces serviteurs, foi qui faisait défaut jusque-là, dénoua la situation en changeant l’eau en vin. Sans leur foi stimulée par celle de Marie, Jésus n’aurait probablement pas agi !

Dans cette alliance réciproque entre Notre-Dame du Mont Carmel et celui qui l’invoque, ce dernier est invité, de son côté, à ne pas rester inactif mais à œuvrer. Le Scapulaire – qui signifie cette alliance – est en fait un habit de travail. Au 13ème siècle, les paysans s’en revêtaient couramment pour aller aux champs. Il n’avait pas de signification particulièrement religieuse ! En nous le donnant, Notre-Dame du Mont Carmel invite les hommes à œuvrer pour remporter le combat probablement le plus dur qui soit : celui de reconnaître les défaillances qui sont les nôtres (nos faiblesses, nos péchés) tout en gardant libre d’accès le chemin menant Dieu à notre cœur. Dieu ne forcera pas notre rencontre avec Lui. Si le chemin le conduisant du Ciel à la porte de notre cœur se ferme devant Lui, Il ne l’ouvrira pas de force : la porte de nos cœurs est une porte s’ouvrant de l’intérieur, Dieu se montrerait intrusif à vouloir la forcer…

Que Notre-Dame du Mont Carmel nous aide en nous donnant cette confiance qui fut également la sienne ! Alors nous n’aurons pas peur de rendre « droits les sentiers du Seigneur » en ne fermant pas la porte de notre cœur. C’est la grâce que nous pouvons demander au long de cette semaine !

Fr. Cyril Robert, ocd (couvent de Paris)

Scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 317 personnes ont prié

6 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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L'Avent : Avec Notre-Dame du Mont Carmel

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