J3 - Premier dimanche - Une promesse de bonheur

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Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (21,25-28.34-36)

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

1-Commentaire évangélique : une promesse de terreur ou un gage de bonheur ?

Ce début du temps de l’Avent est un temps d’attente de la venue du Sauveur, un temps d’espérance en la réalisation de la promesse évoquée par le prophète Jérémie ; « voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda » [Jr 33,14]. Ce sont des jours de salut, de justice et de sécurité, ajoute encore la première lecture de ce premier dimanche du temps de l’Avent.

Cette promesse de bonheur nous ferait-elle peur ? C’est possible, tant la venue de Dieu dans la pâte humaine de nos existences est bouleversante, ne serait-ce que pour mettre à nu l’écart incommensurable entre les désirs profonds de nos cœurs et nos satisfactions réellement atteintes. Lorsque cet écart nous est dévoilé, il est parfois bien cruel à reconnaître et à accepter…

Cette promesse de bonheur nous ferait-elle peur ? C’est possible, tant Jésus dans l’Évangile nous le dit. « Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde ». Bien sûr, Jésus évoque ici les catastrophes cosmiques et sa venue lors de la fin du monde. Mais sa naissance elle-même marquait déjà la fin d’un monde, celui des hommes enlisés dans leurs péchés, celui des hommes cherchant à assouvir par eux-mêmes leur soif de vivre. D’où « les soucis de la vie », précise Jésus, soucis de vivre à la hauteur de nos espérances, soucis de vivre une vie valant pleinement la peine d’être vécue, soucis de mettre le feu (par nous-mêmes) à nos existences. Pour ce faire, certains vont jusqu’à se livrer à « l’ivresse », celle-ci ravissant momentanément leurs vies pour les retrouver un peu plus abîmées ensuite. D’autres s’attachent à des inclinations différentes, mais aux résultats identiques, que le Christ définit ainsi : des cœurs tristes, des cœurs « alourdis ».

Cette promesse de bonheur nous ferait-elle peur ? C’est possible, tant elle se traduit dans l’évangile de ce jour par de l’affolement chez les nations, par de la peur à en mourir chez les hommes. Mais… où est-il donc écrit que les disciples du Christ, pour leur part, doivent  avoir peur aussi ? Si la venue de Jésus dans l’histoire de nos vies, celle que nous attendons pour Noël, ou celle que nous attendons comme point final de l’histoire de l’humanité actuelle, se traduit par de redoutables « signes dans le soleil, la lune et les étoiles », ces signes sont toutefois pleins d’une promesse de bonheur devant nous faire retrouver une espérance d’enfant. Car c’est bien d’un enfant dont il s’agit, lors de cette attente de sa naissance pour le jour de Noël. Et cette naissance sera bien annoncée par un signe céleste redoutable qui plongera Hérode dans le désarroi et la folie meurtrière : une simple étoile, douce, lumineuse, paisible, annonciatrice du Roi de l’Univers et Prince de la Paix. Oui, que cette promesse de paix et de vie est redoutable pour des hommes aux cœurs alourdis « dans les beuveries, l’ivresse, et les soucis de la vie » !

Si un appel pressant à la conversion est adressé à ces derniers, la demande insistante de Jésus pour ses disciples est, elle, très différente. « Restez éveillés et priez en tout temps ». Là où les nations seront terriblement inquiètes, les disciples, eux, sont appelés à se redresser et à lever la tête, car appelés à se « tenir debout devant le Fils de l’homme ». Ils sont appelés à partager la compagnie et la grande gloire du Dieu-fait-homme. Quelle espérance ! Car ce faisant, la rédemption qui s’approche révèle ce qu’elle est en vérité : le relèvement de la Création tout entière et le rétablissement des disciples dans leur identité de filles et de fils de Dieu pour l’éternité.

Ce rétablissement est personnifié par Marie telle que nous pouvons la chanter au début de la prière du Flos Carmeli : Flos Carmeli, Vitis Florigera, Splendor Caeli (Fleur du Carmel, Vigne florissante, Splendeur du Ciel).

2- Méditation : Dans les jardins luxuriants de Notre-Dame du Mont Carmel

Flos carmeli
Vitis florigera
Splendor caeli
Virgo puerpera
Singularis

Fleur du Carmel

Vigne florissante

Splendeur du Ciel

Vierge Mère

Sans pareille

Marie, Fleur du Carmel, Vigne florissante et Splendeur du Ciel, nous permet de mieux percevoir le relèvement des enfants des hommes par la grâce donnée à Notre-Dame, Ève nouvelle, grâce à ces trois titres poétiques.

Le premier est Marie, Fleur du Carmel : il suggère la beauté resplendissante qui était celle de Marie, mais tout autant, en cette période de l’Avent, le rétablissement – notamment – des femmes dans leur beauté première, par la grâce émanant du cœur du Christ, grâce préfigurée par Notre-Dame du Mont Carmel. Dans la Bible, le Carmel est un jardin luxuriant, un massif splendide, au dire du prophète Isaïe (Is 35,2). Mieux, la beauté de ce lieu est telle que le Bien-Aimé lui-même, dans le Cantique des Cantiques, n’en finit pas d’être pris sous son charme ! « Ta tête se dresse comme le Carmel, chante-t-il à sa bien-aimée, sa parure est de pourpre ; un roi [qui n’est autre que lui-même] s’est pris dans ces tresses » [Ct 7,6]. Bref, Notre-Dame du Mont-Carmel rayonne d’une beauté sans pareille !

Au jardin d’Éden répond désormais le jardin du Carmel. Dans le premier, Ève fut créée. Dans le premier, Ève était resplendissante d’une beauté telle qu’Adam, la découvrant après avoir été plongé dans un sommeil mystérieux par le Seigneur Dieu, laissa jaillir de son cœur un cri d’émerveillement. Puis, conséquence du péché originel, Adam et Ève furent dévêtus de leur gloire divine, tout comme on est dévêtu d’un vêtement. La force d’Adam, la grâce et la beauté d’Ève, en furent grandement abîmées. Au jardin du Carmel au contraire, Marie toute rayonnante de gloire et de beauté divines, préfigure le retour de cette incroyable beauté féminine, restaurée en la venue et le salut de Jésus. Voilà une belle promesse ! Voilà une attente pleine d’espérance ! Quant à Adam, quant aux hommes, ils retrouveront leur force accomplie en celle du Christ…

Le deuxième titre attribué à Notre-Dame est celui de Vigne florissante. Il signifie combien la femme – Marie, bien sûr, mais aussi toutes les femmes – est porteuse de vie. Le Carmel est réputé pour sa végétation luxuriante dans la Bible, « il y avait des vignerons dans les montagnes et au Carmel » [2 Chr 26,10], tant ce massif est célèbre de fertilité. Le Mont Carmel est à l’image de Notre-Dame, il est à l’image des femmes, elles qui cultivent la vie des hommes, par leur maternité, quelle qu’en soit la forme (maternité charnelle et spirituelle).

Enfin, le troisième titre est Marie, Splendeur du Ciel. Au Mont Carmel, Notre-Dame est souveraine, selon une prière dite régulièrement dans l’Ordre du Carmel : Sainte Marie, Reine et Beauté du Carmel. En recevant en son sein la venue du Fils de Dieu, en se préparant à enfanter le Fils de l’homme, Notre-Dame se voit attribuer la dignité d’une Reine – Reine au Ciel, et Reine sur la terre –. Marie est Reine en effet, parce qu’elle est Mère. Cela signifie que sa maternité la place (tout comme l’ensemble des femmes) au cœur même du processus de vie qui circule et se transmet de génération en génération entre les hommes. Or, depuis le commencement de la grossesse de la Vierge lors de l’Annonciation, la nature humaine se trouve particulièrement investie par le Roi du Ciel ! Devenant sa Mère, Marie est devenue Reine.

De manière comparable, les femmes sont désormais confirmées, rétablies, depuis la maternité de Notre-Dame, dans leur dignité de Reines, de Souveraines. Si Ève a été trompée la première, explique saint Paul, toutefois « la femme sera sauvée en devenant mère » [1 Tm 2,15]. La maternité de la femme, en effet, lui permet de retrouver sa place perdue depuis le péché originel : celle de se tenir au cœur du jardin d’Éden, jardin luxuriant comme celui du Carmel, comme une reine qui y fait régner la vie. C’est en ce jardin que la femme a été créée, c’est en ce jardin que Dieu promet de la rétablir.

Qu’en est-il du relèvement concernant les fils d’Adam ? Eux aussi font partie de la promesse de bonheur annoncée par la venue du Seigneur. Aux côtés de Reines, ils retrouveront pleinement leur vigueur, leur audace, leur créativité et leur esprit d’aventure.

Oui, comme le déclare le Seigneur au prophète Jérémie dans la première lecture de ce dimanche, c’est vraiment une « parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda ». Une question nous est posée cette semaine : sommes-nous vraiment décidés à recevoir cette promesse de bonheur ? En prenons-nous les moyens en renonçant aux faux bonheurs de notre société de consommation ?

Fr. Cyril Robert, ocd (couvent de Paris)

Gentile da Fabriano « Le Couronnement de la Vierge »

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 341 personnes ont prié

7 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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L'Avent : Avec Notre-Dame du Mont Carmel

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