Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Chapitre 3

Personne ne réclame Montfort à son retour en France. A tout hasard, il se rend à Poitiers avec l’espoir d’y retrouver ses amis de Montbernage mais, très vite, on lui fait comprendre qu’il n’est pas le bienvenu. Commence pour lui, pendant deux ans, de 1707 à 1709, une vie d’errance. Il part en Bretagne, d’un diocèse à l’autre, prêchant toujours avec le même succès. Sauf quand on lui interdit de parler ou bien qu’on le chasse. Il repart alors à pied sans but précis. Le Seigneur lui a suscité un compagnon, le frère Mathurin, première pierre de la future fondation de l’Institut des Frères de Saint Gabriel. Ensemble, ils font un pèlerinage au Mont Saint Michel puis ils se rendent tous deux à Montfort chez les parents de Louis-Marie. Pour fêter son retour, sa famille prépare un grand repas. Or le fêté demande l’autorisation d’inviter quelques amis ce qui lui est accordé. Le jour venu, il arrive avec une bande de mendiants et d’estropiés. « Voilà, dit-il,  Messieurs les pauvres de Jésus-Christ. Je vais avoir l’honneur de les servir moi-même. » Il choisit pour eux les meilleurs morceaux et les raccompagne à la fin du repas. La famille, médusée, en prend son parti. Dans ce cas précis, Montfort a, comme toujours, pris l’évangile à la lettre. D’où les scandales qu’il suscite… Mais il est tellement persuadé qu’il peut extirper le péché, partout où il se trouve, qu’il se permet des initiatives parfois violentes. Comme cette fête foraine à Moncontour où des musiciens, juchés sur un échafaudage, font danser garçons et filles. Montfort se précipite sur eux, leur arrache leurs instruments et fond sur les danseurs. Bagarre, vacarme. L’affaire, contre toute attente, tourne bien. Il apaise la foule, parle, pleure, fait pleurer et tout se termine par un cantique : Vive Jésus, vive Sa Croix.

Toujours exalté, ce mystique est aussi un poète. Au hasard de ses déplacements, il compose des vers qui sont autant de prières. Plus de vingt mille au long de sa courte vie qui deviendront des cantiques chantés sur des airs populaires. Ces cantiques, entonnés dans toutes les missions ont fait le tour des provinces de l’ouest de la France. Les soldats de Charrette les chantaient en partant pour la bataille et les sœurs de la Sagesse les ont repris sur l’échafaud. On les chante encore avec ferveur :

 

« Je mets ma confiance,

Vierge, en votre secours :

Servez-moi de défense,

Prenez soin de mes jours !

 

Et quand ma dernière heure

Viendra fixer mon sort,

Obtenez que je meure

De la plus sainte mort. »

 

Après un parcours un peu chaotique où il prêche, de ci de là à travers la Bretagne, il arrive une nouvelle fois à Nantes. Là, son titre de Missionnaire Apostolique, la réputation qu’il s’est acquise partout où il a évangélisé et a réveillé la foi lui valent d’être nommé à la tête des Missions de campagne.

Tout de suite, le succès est prodigieux et laisse des traces dans la mémoire de ceux qui ont vécu ces missions. Louis-Marie prêche de sa voix chaude  et prenante, il s’enflamme, il pleure et bientôt toute l’assistance pleure avec lui. Puis on part en procession, les hommes portent la croix, les bannières blanches flottent au vent. C’est beau, c’est grand et surtout c’est saint.

A Ponchâteau où la mission a été triomphale, Montfort, toujours hanté par la Croix, décide de bâtir un énorme calvaire sur la colline qui domine toute la région. Il prévoit quatorze stations du chemin de Croix, à bâtir à flanc de coteau. L’entreprise est gigantesque et les ouvriers bénévoles affluent de toutes parts. Le chantier avance et la date de l’inauguration est toute proche. Mais Satan veille. Les jansénistes font leur travail de sape. Par jalousie ? On ne sait trop. Mais la cause de Montfort est desservie jusqu’auprès du Roi de France à qui on suggère que le saint est à la solde des Anglais, le Calvaire devant en réalité leur servir d’observatoire… L’ordre de destruction de l’ouvrage arrive bientôt. Tout d’abord, Montfort proteste puis il en prend son parti, reçoit la décision comme une grâce et comme la preuve de l’efficacité de ses missions. Cela dit cette initiative, jugée trop voyante, lui vaut une nouvelle déconvenue : il est chassé du diocèse de Nantes.

Mais le Seigneur lui réserve un autre champ d’action, qui sera en vérité, l’affaire de sa vie. C’est la conquête de la Vendée. En effet, l’évêque de La Rochelle et celui de Luçon l’appellent en même temps dans leurs diocèses. Il reste alors à Montfort quatre années à vivre. Elles vont être éblouissantes de foi, de sainteté.

Depuis qu’il prêche des missions, il a acquis une grande expérience, voire une méthode. Il se fait accompagner d’un autre prêtre et d’un ou deux Frères. Ils disposent d’un matériel chargé à dos de mulet qui comporte bannières blanches, oriflammes divers, statuettes de la Vierge Marie, images pieuses, croix en bois sculpté. Tous s’installent dans une maison louée, de préférence la plus pauvre du village.

A priori, l’opinion leur est favorable car la réputation de Montfort le précède. De plus, les gens, constatant que Montfort et les frères sont pauvres parmi les pauvres. Ils sont déjà touchés par sa sainteté. Ils savent que le saint se donne la discipline, qu’il jeûne, qu’il dort à même le sol. On le sait même familier avec la Mère de Dieu. Ainsi, lors d’une mission, un paysan ouvre sa porte et n’ose avancer. Le saint est en grande conversation avec une Dame vêtue de blanc et environnée de lumière. Ce fait sera rapporté à plusieurs reprises.

La mission se prépare. Une fois logés, les Frères l’annoncent, parcourant la campagne avec une clochette ou chantant quelque cantique de circonstance. Les gens affluent. Et Louis-Marie prêche. On ne se lasse pas de l’écouter. Sa voix parfois se brise et révèle des miracles de tendresse. Il emploie des images simples, évoque Dieu dans la vie quotidienne et son éloquence touche l’assistance au point de la faire pleurer à gros sanglots. Ces pleurs, toujours abondants, sont la marque des prêches du saint. Parfois il demande qu’on lui pose des questions et un dialogue s’instaure, souvent pathétique. Il peut prêcher différentes catégories de personnes, les hommes, les soldats, les femmes. (Ces dernières, incitées par le Saint, après la mission de La Rochelle, à rester trois jours sans parler, vont seulement communiquer par signes à la grande surprise des calvinistes). Quand il a fini de prêcher, Montfort s’installe au confessionnal et, à l’instar du Curé d’Ars, lit dans les âmes et devine les secrets que les pénitents, par honte, n’osent pas toujours révéler. La mission se termine toujours par une grande procession qui frappe les imaginations avec ses bannières, ses oriflammes, dans la beauté de la campagne environnante.

Autour de Montfort, les miracles se multiplient. Les malades, à toute extrémité, guérissent. La pâte du pétrin d’une femme sans ressources, chargée de nourrir les missionnaires, se multiplie. Sur l’autel, la clochette sonne toute seule.  Enfin le miracle des cerises est resté dans les mémoires. Montfort, affamé, frappe un soir à la porte d’une femme qui ne peut le nourrir. Elle n’a plus rien. On est en plein hiver et Montfort l’envoie au verger. Quelle idée saugrenue ! Mais, oh surprise, les cerisiers sont en fleurs ! La femme en fait part au Saint, toute étonnée. Il l’envoie une seconde fois. Les cerises sont mûres, prêtes à être cueillies. Et Montfort s’en nourrit.

Partout où il passe, Montfort ne supporte pas de voir des édifices religieux en mauvais état. Il restaure chapelles et oratoires, construit des calvaires pour qu’en tous lieux, le Seigneur soit vénéré. Sa dévotion à Marie se constate à La Séguinière, en Vendée, où il relève l’oratoire de Notre-Dame de Toute Patience. En Bretagne, à l’ermitage de Saint-Lazare, il place une statue de Notre Dame de la Sagesse. Dans un cimetière nantais, il dispose une statue de Notre-Dame des Cœurs.

Après une centaine de missions, en quatre ans, la Vendée est conquise et les missionnaires montfortains vont continuer l’œuvre du saint après son décès. La Vendée, restée chrétienne, demeure encore le fruit de sa sainteté.

 

Sur les pas du Saint, prions la Sainte Vierge Marie. Pour lui, Marie est Médiatrice. C’est par Elle que nous pouvons aller à Jésus de même que c’est par Jésus que nous pouvons aller vers le Père. En nous établissant en Elle, nous Le trouverons. Avec Saint-Louis Marie Grignion de Montfort, récitons cette prière de consécration à la Vierge :

 

« Je vous choisis aujourd'hui, ô Marie,

En présence de toute la Cour Céleste,
Pour ma Mère et ma Reine,
Et vous livre et consacre, en toute soumission et amour,
Mon corps et mon âme,
Mes biens intérieurs et extérieurs,
La valeur même de mes bonnes actions présentes et futures,
Vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi,

Et de tout ce qui m'appartient,

Sans exception, selon votre bon plaisir,
Pour la plus grande gloire de Dieu dans le temps et l'éternité.
Amen ! »

 

Je vous salue, Marie…

Le Calvaire de Pontchâteau, si cher au cœur de Montfort, et démoli à la veille de son inauguration, fut reconstruit en plusieurs étapes, la dernière se situe à la fin du XIXe siècle, mobilisant des bénévoles de 150 paroisses.

 

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 145 personnes ont prié

4 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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