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Prier est essentiel pour le chrétien. C'est même vital. Le Pape nous conseille sur 6 attitudes à avoir.

L'ESPRIT DE LA PRIERE: SIX ATTITUDES FONDAMENTALES

Xavier Accart - Hors Série de Prier sur le Pape François p. 36-37

Ne pas se regarder

« Il ne suffit pas de nous demander combien de fois nous prions, il vaut mieux nous demander comment est notre cœur », affirmait François à l'audience générale du 1er juin 2016. Le danger nous guette toujours de nous tourner vers nous-mêmes au lieu de crier vers le Dieu vivant. Notre prière devient alors une autocontemplation dans un miroir intérieur? comme on le voit à propos du pharisien de la parabole (Lc 18, 9-14). Eviter ce piège demande de « retrouver le chemin de son coeur » en résistant à la routine et à l'activisme par des temps réguliers de recueillement et de méditation de l'Evangile. C'est seulement alors que nous pouvons nous tenir en vérité devant Dieu, c'est-à-dire les mains vides, tel un mendiant, conscient de notre insuffisance, de nos limites, de notre péché. La prière du publicain exprime magnifiquement cette attitude : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ».

 

S'impliquer vraiment

Le Pape souligne aussi l'importance du courage dans la prière. Prier est comme parler en confiance à un ami, mais parfois la prière doit se faire insistante jusqu'à réprimander le Seigneur, a-t-il affirmé le 10 octobre 2013 et le 3 avril 2014. François demande à chacun de s'interroger : « Prions-nous par habitude, pieusement mais tranquille, ou est-ce que nous y mettons du nôtre avec courage pour demander? », « Est-ce que nous nous impliquons dans la prière ? ». Le 20 mai 2013, il donnait comme exemple de prières courageuses «celle d’Abraham qui luttait avec le Seigneur pour sauver la cité, celle de Moïse qui avait les mains levées au ciel et se fatiguait ; celle de tant de personnes qui avec foi prient, prient ». Et il ajoutait : « La prière fait des miracles, mais il faut y croire ! ».

 

Se laisser transformer

« Si Dieu exauce toujours, précisait-il le 26 mai 2016, cela ne signifie pas qu'il le fasse au moment, ni de la manière dont nous voudrions ». Pour François, « la prière n'est pas une baguette magique », mais elle nous aide à garder la foi, même si nous ne comprenons pas la volonté du Seigneur. Jésus lui-même a présenté sur la croix « avec un grand cri, dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort » (Hé 5,7). Il a été exaucé, mais Sa victoire est passé par la mort. La valeur de la prière est d'abord qu'elle transforme notre désir pour le rendre conforme à la vérité de Dieu. L'objet de notre demande est ainsi second. Ce qui compte, c'est de recevoir Dieu qui se donne lui-même en nous répondant. Toute grâce est venue de l'Esprit Saint en lequel nous découvrons notre qualité de fils.

 

Invoquer le « Père »

Un autre de ses conseils est de commencer à prier en invoquant le « Père ». Dieu est un Père qui nous aime et que nous aimons, a-t-il insisté le 16 juin 2016. Il faut se demander si nous le ressentons bien ainsi et, si ce n'est pas le cas, il faut en demander la grâce à l'Esprit Saint. « Sans se sentir enfant, sans dire « Père », notre prière est païenne, c'est une prière de mot », a-t-il répété. Le Christ nous le laisse entendre en s'écriant à chaque moment fort de son existence terrestre : « Père je te rends grâce... ». Cela n'empêche pas bien-sûr de prier « la Madone, les anges, les saints », « mais la pierre d'angle de la prière est de dire « Père » . Quand je le fais, « j'arrive aux racines de mon identité chrétienne : être enfant » par la grâce de l'Esprit. Et à ce mot de Père, il faut ajouter « notre », car c'est le reconnaissance que nous appartenons à une même famille, enfants d'un même Père, ce qui nous engage à pardonner en frères.

 

Prier pour ses ennemis

« La dernière marche » dans cette dynamique filiale, a souligné François le 14 juin 2016, est de mettre en pratique cette demande du Christ : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent». Lui même se souvient avoir prié, enfant, pour que Dieu réserve l'enfer aux grands dictateurs de l'époque. Or, c'est le contraire qu'il faut faire. «Que le Seigneur nous donne la grâce de prier pour ceux qui nous veulent du mal... Et chacun de nous sait le nom et le prénom : je prie pour celui-ci, celui-ci, celui-ci… ». Cette prière a deux fruits. D'abord, elle rend meilleur celui pour qui l'on prie. Ensuite, elle guérit notre coeur blessé par le péché originel. C'est une aide puissante pour retrouver la ressemblance avec ce Père qui fait briller sa lumière pour les bons et les méchants.

 

Incorporer l'esprit de prière

« L'esprit de prière » est finalement appelé à pénètrer toute notre vie. Pour y parvenir, a-t-il expliqué durant audience générale du 26 août 2015, il faut « cultiver dans son cœur un amour chaud pour Dieu, un amour affectif ». « Quand Dieu est affectueusement présent à toutes nos pensées, comme une caresse qui nous tient en vie, alors nous sommes heureux en sa présence. Et tout devient prière, alors que, sans cette affection pour Dieu, les paroles de la prière ne réchauffent pas la vie. » Nous faisons dès lors une exéprience mystérieuse que connaisse bien les saints. « L'esprit de la prière ramène le temps à Dieu, on sort de l'obsession d'une vie à laquelle il manque toujours du temps, on retrouve la paix des choses nécessaires et découvre la joies des dons inattendus ».