Semer dans le bel aujourd'hui de Dieu

Dans notre monde d'assurance vie, de spéculations, d'idéologie du progrès, nous vivons en permanence dans la projection, dans un futur incertain, dans une vie idéale que l'on se dessine dans l'avenir, sans goûter le bel aujourd'hui de Dieu.

Il en va de même sur le chemin de la mission. Nous aimerions voir les fruits, arriver au but, tenir les résultats. Nous aimerions aussi des garanties. “Je partirai en mission quand j'aurai rencontré la femme/l'homme de ma vie, quand j'aurai suffisamment d'argent de côté, quand j'aurai trouvé un job sur mesure, quand j'habiterai la maison de mes rêves”. En fait, je ne prendrai jamais le chemin de la mission si j'y mets des conditions. Il s'agit de se donner dès aujourd'hui, dans ce qui constitue ma vie, dans ma pauvreté (que ce soit le célibat, l'absence d'enfant, la séparation, une maladie ou une difficulté relationnelle ou familiale…). Il s'agit d'entrer dans le mouvement de la vie. “Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des cieux est à eux” (Mt 5,3)

Semer largement

“À semer trop peu, on récolte trop peu ; à semer largement, on récolte largement. Que chacun donne comme il a décidé dans son cœur, sans regret et sans contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement. Et Dieu est assez puissant pour vous donner toute grâce en abondance, afin que vous ayez, en toute chose et toujours, tout ce qu'il vous faut, et même que vous ayez en abondance de quoi faire toute sorte de bien”. “Qu'as-tu que tu n'aies reçu ?” (1 Cor 6,7), “vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement” (Mt 10,8) nous rappelle le Seigneur. Il ne sert à rien d'épargner, d'engranger dans nos greniers, de mettre de côté, de nous économiser. Notre vie pourrait nous être reprise dès demain.

Il s'agit “de ne rien retenir pour soi” comme le disait si joliment Raïssa Maritain. Car le Seigneur nous envoie dès aujourd'hui. Il ne nous demande pas d'être généreux avec des “pauvres” inconnus qui vivraient de l'autre côté de la terre, mais avec ce voisin grognon que nous croisons chaque jour dans la cage d'escalier. Ne rien retenir pour soi, cela ne veut pas dire s'épuiser en vain, car “nous sommes des vasques, nous ne pouvons donner que ce qui déborde” (Saint Bernard de Clairvaux), mais il s'agit d'accueillir ce qui nous est donné aujourd'hui. Chaque jour le Seigneur nous murmure son amour dans un regard de bienveillance, dans la caresse du soleil, dans le message d'un ami. Il nous appartient de thésauriser tous ces mots d'amour, d'en faire une nourriture solide, riche et bonne à redistribuer autour de nous. Car tout ce que nous donnons, “nous est rendu au centuple dès ici bas et dans la vie éternelle” (Mc 10, 30). Alors si nous en faisions l'expérience car “nous n'avons qu'aujourd'hui pour aimer” (Ste Thérèse de l'Enfant Jésus) ?

Vivre le Présent aujourd'hui

Aujourd'hui je prends la décision de ne plus râler ou réclamer, mais d'être attentif(ve) à ce que Dieu me donne dans le présent. Je peux réciter le décalogue de la sérénité de Saint Jean XXIII : “Rien que pour aujourd'hui, j'essaierai de vivre ma journée, sans chercher à résoudre le problème de toute ma vie. Je serai heureux(se), rien qu'aujourd'hui, dans la certitude d'avoir été créé pour le bonheur, non seulement dans l'autre monde mais également dans celui-ci”  !

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• Prière de la Neuvaine