Jusqu'au bout du dépouillement

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Chers compagnons de prière,



Par sa vie, de tout son être, François nous guide sur un chemin de dépouillement : dépouillement des biens matériels afin qu’ils n’encombrent pas la vie de l’esprit, dépouillement de soi-même afin que notre ego n’encombre pas l’action de Dieu en nous. Ces deux aspects du dépouillement sont indissociables car ce n’est que par la vie de l’esprit que nous pouvons connaître Jésus, toucher ce point d’intimité du coeur où Jésus peut agir en nous et par nous, en façonnant notre âme.

Écoutons saint François, qui nous parle avec toute l’exigence d'un homme qui aime Dieu d’un amour qui consume son âme, et qui a tracé le chemin de sa vie en obéissance aux commandements intimement reçus de Jésus :

Le Seigneur Jésus dit à ses disciples : Je suis la voie, la vérité et la vie ; on ne va au Père que par moi.

Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; mais bientôt vous le connaîtrez, et d'ailleurs vous l'avez déjà vu.

Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.

Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas encore ? Philippe, qui me voit voit aussi mon Père.

Le Père habite une lumière inaccessible ; Dieu est esprit ; personne n'a jamais vu Dieu.

Puisque Dieu est esprit, on ne peut donc le voir que par l'Esprit, car c'est l'esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien.

Il en va de même pour le Fils : en tant qu'il est égal au Père, on ne peut le voir autrement que le Père, autrement que par l'Esprit.

Voilà pourquoi furent damnés tous ceux qui autrefois n'ont vu que l'homme dans le Seigneur Jésus-Christ, sans voir ni croire, selon l'Esprit et selon Dieu, qu'il est vraiment le Fils de Dieu.


Voir Dieu par l'Esprit, nous dit François. Comment ? en faisant vivre en nous la vie de l'esprit, en allant au-delà de nos sens, en nous dépouillant du matériel.

Nous dépouiller du matériel… de toutes ces choses à faire, à réaliser, de nos emplois du temps surchargés d’activités pas si essentielles, de toutes ces choses que nous souhaitons avoir, posséder, de ces succès que nous voulons obtenir. Faire vivre la vie de l’esprit : fermer la porte à tous ces désirs de réussir notre vie selon un schéma trop humain, fermer la porte et remettre notre vie à Jésus pour aller au Père par lui.

Qu’est-ce qui nous empêche d’avoir part à l’Esprit et de cheminer vers le Père par le Fils ? rien d’autre que nous-mêmes, notre désir de nous posséder nous-mêmes, de diriger notre vie selon nos schémas et nos plans. Rien d’autre que ce que François nomme le “péché de volonté propre”, qui nous empêche de nous laisser posséder par Dieu, qui nous donne l’illusion que nous possédons nos savoirs, que nous sommes seuls porteurs et responsables du bien que nous faisons.




François nous amène au-delà de l’avoir, au-delà du faire et de nos oeuvres, au-delà du savoir que nous croyons posséder alors que nous ne touchons la vérité que lorsque nous nous laissons posséder par Dieu. François nous emmène bien au-delà de la réalisation de soi. Il nous emmène au coeur de l’oraison. Le dépouillement est une étape dans le cheminement vers l’adoration, amour total pour Dieu dont la force se trouve en Dieu lui-même.

Rappelons-nous ce que François nous a dit de la pureté du coeur, qui nous mène à la rencontre avec Dieu :

“Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu.

Ont vraiment le coeur pur ceux qui méprisent les biens de la terre, cherchent ceux du ciel et, ainsi purifiés de tout attachement de l'âme et du coeur, ne cessent jamais d'adorer et de voir rien d'autre que le Seigneur Dieu vivant et vrai.”



Levant son visage vers le ciel, se tenant face au Père sans commentaires, se dépouillant de lui-même dans l’expérience de la Présence, François ne fait pas une expérience subjective : dépouillé de lui-même, de l’ego, il fait une expérience objective, il touche la vérité de Dieu, il touche le Visage de Dieu comme Vérité dans laquelle la volonté propre se dissout dans l’ouverture à l’infini.

Effata !”, “Ouvre-toi !” nous dit Jésus dans l’évangile de Marc . Ce n’est que le coeur ouvert à Dieu que l’on accède à la vérité de Dieu.

Levons donc notre visage vers le ciel dans cette ouverture du coeur où aucune réalisation de nous-mêmes ne compte, où ne compte que l’amour de Dieu : l’amour pour Dieu, l’amour que Dieu nous donne, qui se nourrissent en un échange mystérieux.

Touchons du doigt cette expérience objective de Dieu vécue par François dans la prière. Et comprenons où nous emmène l’existence de cette expérience objective possible de la vérité de Dieu : à l’obéissance. Face à l’expérience de Dieu comme Vérité, l’amour pour Dieu se confond avec l’obéissance. L’obéissance est la forme de l’innocence pour l’homme en exil depuis la Chute.



Écoutons saint François nous parler de cette vertu souveraine, dépouillement intérieur de sa volonté propre :

Obéissance parfaite et obéissance imparfaite :

Le Seigneur dit dans l'Evangile : Celui qui n'abandonne pas tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple ; et encore : Qui veut sauver son âme doit la perdre.

Comment faire pour abandonner tout ce que l'on possède ? Comment perdre son corps et son âme ? En se livrant tout entier à l'obéissance entre les mains de son supérieur.

[...]

Un sujet [: un moine] croit parfois sentir qu'une autre orientation serait meilleure et plus utile pour son âme que celle qui lui est imposée ; qu'il fasse à Dieu le sacrifice de son projet, et qu'il se mette en devoir d'appliquer plutôt celui du supérieur.

Voilà de la véritable obéissance, qui est aussi de l'amour ; elle contente à la fois Dieu et le prochain.

Mais si le supérieur donnait un ordre contraire au salut de notre âme, il faudrait refuser de lui obéir, sans pour autant, rompre avec lui ou le quitter.

Encourrait-on les persécutions de certains à cause de cette attitude, on ne devrait que les en aimer davantage, pour l'amour de Dieu, car celui qui, bien loin de divorcer d'avec ses frères, préfère supporter leur hostilité, celui-là reste dans l'obéissance parfaite ; l'obéissance qui va jusqu'à donner sa vie pour ses frères.

Oser se perdre soi-même par l'obéissance qui est amour de Dieu… Ô François comme tu nous emmènes loin ! Tu nous emmènes par-delà la misère de notre humaine condition, par-delà l'orgueil de suivre nos propres jugements. Tu nous réconcilies avec l’âme du monde en levant les frontières intérieures de nos illusions sur nous-mêmes. Tu nous ouvres les portes vers l’infini divin en nous emmenant au-delà de nos illusions de maîtrise de nous-mêmes et de nos vies. Tu nous mènes à la table de l’eucharistie.



Arrêtons-nous et méditons cette obéissance que François nous demande.

Le “oui” d’accueil absolu de la volonté divine de Marie, l’obéissance de Joseph au message de l’ange, ont inauguré la nouvelle alliance que Jésus scellera dans le sang de son sacrifice. Il ne s’agit plus d’obéir à la loi et à ses préceptes, il s’agit d’obéir à la volonté de Dieu pour notre vie, qui se révèle à nous dans l’intimité de la relation personnelle au Père.

Ce que François nous demande c’est une posture d’accueil total de la volonté de Dieu dans notre vie, qui passe par une attitude d’accueil de ce que la vie, empreinte de Dieu qui est tout et partout, nous donne à vivre. Dans cette manière d'être vidé de nous-mêmes par amour de Dieu et en relation profonde à Dieu, nous pourrons devenir dignes réceptacles pour que Jésus agisse à travers nous, car recevoir Jésus c'est en vérité être reçu par Jésus comme instrument de son amour. Alors le monde prendra sens :

"Que tout homme craigne, que le monde entier tremble, et que le ciel exulte, quand le Christ, Fils du Dieu vivant, est sur l'autel entre les mains du prêtre !

Ô admirable grandeur et stupéfiante bonté ! O humilité sublime, ô humble sublimité ! Le maître de l'univers, Dieu et Fils de Dieu, s'humilie pour notre salut, au point de se cacher sous une petite hostie de pain !

Voyez, frères, l'humilité de Dieu, et faites-lui l'hommage de vos coeurs. Humiliez-vous, vous aussi, pour pouvoir être exaltés par lui.

Ne gardez pour vous rien de vous, afin que vous reçoive tout entiers Celui qui se donne à vous tout entier."



Le dépouillement de nous-mêmes que François nous demande est don de nous à Jésus afin qu’il vive en nous, à travers nous. L’amour pour Dieu que François nous enseigne s’épanouit là où l’amour-propre a disparu.



Levons notre visage vers le ciel. Dans une profonde expiration vidons-nous de nous-mêmes, de toutes ces illusions qui nous encombrent, de tous ces projets personnels auxquels nous tenons tant et trop : remettons-les à Dieu plutôt que de les garder en nous.

Dans une lente inspiration faisons venir en nous l’image de Jésus et remettons-nous à lui. Laissons s’épanouir en nous l'échange qui s’installe alors avec Jésus, où Jésus peut parler à notre coeur et nous, nous mettre à l'écoute du sien. Laissons s'épanouir en nous l'invitation à la communion divine que nous trouvons au bout du dépouillement de nous-mêmes.







Prière de la communauté

Louange pour toutes les heures

Prions : Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu, souverain bien, bien universel, bien total, toi qui seul es bon, puissions-nous te rendre toute louange, toute gloire, toute grâce, tout honneur et toute bénédiction ; puissions-nous toujours rapporter à toi seul tous les biens. amen

Merci ! 48 personnes ont prié

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Neuvaine à St François d'Assise, Chemin d'Oraison

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