Chers compagnons de prière,

Arrivés au coeur de notre neuvaine laissons-nous guider par saint François dans notre vie, en écoutant ce qu’il nous dit de la sagesse.

Benoît XVI a, dans une homélie, donné une très belle définition de la sagesse comme étant “l’art d’être des hommes”, "l'art d’être sur un chemin de vérité".

Écoutons François nous parler de l’art d’être un homme. Laissons-nous admonester par lui :

Un serviteur de Dieu ne doit éprouver de répulsion pour rien, si ce n'est pour le péché.

Et même dans ce cas, si grand que soit le péché commis, le serviteur de Dieu peut être atteint dans son amour pour Dieu offensé, mais jamais il ne doit perdre la paix de l'âme ni se mettre en colère : ce faisant, il s'attribuerait injustement un droit qui n'appartient qu'à Dieu: juger d'une faute.

Le serviteur de Dieu qui demeure inaccessible à la colère et au trouble dans ses rapports avec autrui, celui-là mène une vie conforme à sa vocation, libre de tout attachement égoïste.

Heureux celui qui ne s'arroge rien, qui rend à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

Être à notre place d'homme c'est avoir l'humilité de rester à notre place. C'est nous remettre tout entier à Dieu et Lui remettre tous nos frères humains. Disparaît alors l’illusion de l’ego, la vanité des relations de pouvoir, des luttes des hommes les envers les autres.

Bien au-delà d’une morale de l’action, ce qui prime pour François c’est la vie de l’esprit dans laquelle l’âme se remet à Dieu et remet à Dieu tout ce qui peut lui arriver, tous ceux qui l’entourent.

L'exigence de ne pas juger nos frères humains que nous transmet Jésus ne signifie pas, absolument pas, accepter le mal, le laisser proliférer ou ne pas nous en indigner. L'exigence de ne pas juger renferme l'exigence de ne lutter qu'avec des armes de lumière, c'est-à-dire de faire de nous-mêmes des instruments de la lumière divine. "Que le Seigneur vous donne sa Paix" dit toujours François pour saluer. Être à sa place d'homme c'est savoir que toute paix vient de Dieu et tâcher d'être instrument de paix pour Dieu.

Prenons un temps pour remettre à Dieu ceux qui nous blessent, nous encombrent. Délestons-nous de rancoeurs, de nos jugements, pour du plus profond de notre coeur demander la paix et la lumière pour ceux qui nous blessent et nous encombrent.

Prenons un temps pour confier à Dieu tous ceux que nous aimons. Faisons place dans notre coeur à la confiance à accorder à Dieu pour prendre soin de ceux qui nous sont chers selon sa volonté.

Prenons un temps pour regarder nos fautes. Prenons conscience de l’offense commise à l’amour de Dieu. Alors, entrons en nous-mêmes, faisons venir à notre esprit une image de Jésus crucifié et prenons un instant pour du plus profond de notre coeur panser les plaies de Jésus sauveur et rédempteur, ou à l'exemple de petit Francisco de Fatima, prenons un temps pour consoler Jésus des errances des hommes.

Mettons-nous à l'écoute de l'exemple de saint François pour savoir comment assumer notre place d’homme :

"La paix de l'âme.

Heureux les pacifiques : ils seront appelés fils de Dieu.

Sont vraiment pacifiques ceux qui, malgré tout ce qu'ils ont à souffrir en ce monde, pour l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ, gardent la paix de l'âme et du corps."

……………….

"La pureté du coeur.

Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu.

Ont vraiment le coeur pur ceux qui méprisent les biens de la terre, cherchent ceux du ciel et, ainsi purifiés de tout attachement de l'âme et du coeur, ne cessent jamais d'adorer et de voir rien d'autre que le Seigneur Dieu vivant et vrai."

L’âme en paix et le coeur pur... c'est ainsi que François vit l'évangile et c'est pour quoi il s'est dépouillé de tout.

L’âme en paix et le coeur pur... un seul chemin pour y parvenir : adorer Dieu sans cesse, en adorant Dieu partout : dans la joie et dans la peine, dans l’allégresse et dans la souffrance, dans la réussite et dans l’échec, dans la lumière de sa présence et dans la nuit du vide de son absence.

L’âme en paix et le coeur pur... Ô François aide-nous à prendre conscience de l’action de Dieu dans nos vies jusque dans nos souffrances, de la présence de Dieu jusque dans nos épreuves. Ô François apprends-nous à louer Dieu quand nous voudrions crier notre détresse vers lui : fais de nos cris de détresse des chants d’amour. Apprends-nous à recevoir la Paix que Dieu nous donne.

Saint François aide-nous à nous diriger dans nos vies de manière à suivre Jésus dans la vérité de la volonté du Père.

Pour nous diriger dans nos vies, suivons les conseils de François à l’un de ses plus proches compagnons :

Lettre à frère Léon :

Frère Léon, ton frère François te souhaite salut et paix.

Mon fils, je te parle comme une mère à son enfant. Tout ce que nous avons dit en route, je vais te le résumer en une phrase et un conseil. Et même si tu dois encore revenir me voir ensuite pour me demander conseil, je te donnerai encore ce conseil :

Quelle que soit la manière qui te semblera la meilleure de plaire au Seigneur Dieu et de suivre ses traces et sa pauvreté, adopte-la, avec la bénédiction du Seigneur Dieu et ma permission.

Mais si cela était nécessaire pour ton âme ou pour la consolation de ton coeur, et si tu désirais simplement, Léon, venir me voir, viens !

François nous mène bien au-delà de préceptes spirituels ou d’un système de pensée. Il nous renvoie à la destination particulière que Dieu a voulu pour nous personnellement, et pour la connaître il nous enjoint à la relation personnelle à Jésus, là où Jésus voudra nous trouver, dans la manière dont il voudra nous trouver. Suivre François ce n’est donc pas faire comme François, c’est mettre ses pas dans les siens en écoutant la demande particulière de Jésus pour nous. C’est rendre vivante la présence du Christ en nous. Osons entendre l'appel personnel de Jésus pour nous.

Méditons un événement de la vie de saint François dont ses frères ont gardé la mémoire comme caractéristique de sa vie et de sa manière d’être au monde :

François fabriquait un vase. C’était un bel ouvrage pour lequel il avait fait beaucoup d’efforts. Ce vase était attendu par ses frères qui en avaient grand besoin et qui regardaient avec bonheur et admiration le travail qui touchait à sa fin et qui était de si bonne qualité. Très engagé dans la fabrication de ce vase, très impliqué par la perfection qu’il souhaitait lui donner, par la qualité de travail qu’il souhaitait fournir, François constata que le travail de ce vase commençait à occuper de la place dans son esprit. Les questions posées par sa fabrication ont fait que lors d’une oraison son esprit ne fût pas entièrement tourné vers Dieu.

Alors François prit le vase et le cassa.

Primat absolu de la dévotion ! L’art de vivre de François se situe bien au-delà des oeuvres tant il sait que tout bien réalisé par l’homme est en fait le bien réalisé par Dieu à travers l’homme. Seul compte alors l’amour de Dieu dans un dépouillement total de soi-même afin de se faire instrument pour Dieu.

Laissons-nous emporter au-delà de nous-mêmes par l’amour ardent de saint François :

Prière d'offrande totale.

Seigneur, je t'en prie,

que la force brûlante et douce de ton amour

prenne possession de mon âme

et l'arrache à tout ce qui est sous le ciel,

afin que je meure par amour de ton amour,

comme tu as daigné mourir par amour de mon amour.