Loué soit Dieu pour la misère de l'homme

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Chers compagnons de prière,

Pour ce quatrième jour de notre neuvaine, laissons-nous transporter par François au coeur de l’adoration pour Dieu, au coeur de la compréhension de l’harmonie divine à laquelle nous appartenons.

Écoutons saint François parler à la Création :

"Mes frères les oiseaux, vous êtes tenus d’une grande reconnaissance envers Dieu, et toujours et partout vous avez le devoir de le louer : car il vous a donné la liberté de voler en tous lieux, et un double et triple vêtement, et un plumage aux couleurs délicates, et une nourriture que vous n’avez pas à gagner par votre travail ; le Créateur vous a appris à chanter; la bénédiction divine vous a multipliés ; Dieu a, dans l’arche, conservé votre race, et c’est à vous qu’il a livré l’élément de l’air. Vous ne semez, ni ne moissonnez, et Dieu vous nourrit ; il vous a donné les fleuves et les sources pour vous désaltérer, les montagnes et les collines, les rochers pour vous réfugier, les arbres élevés pour faire votre nid. Et, bien que vous ne sachiez ni filer ni tisser, il vous fournit à vous et à vos petits le vêtement nécessaire. Il vous aime donc bien, le Créateur, puisqu’il vous a accordé tant de bienfaits. Aussi prenez garde, mes frères les oiseaux, de ne point vous montrer ingrats, mais appliquez-vous à toujours louer Dieu."

Après leur avoir prêché et les avoir exhortés à louer Dieu, le bienheureux Père François traça sur tous ces oiseaux le signe de la croix et de nouveau il les conjura instamment de louer Dieu. Alors tous ces oiseaux s’élevèrent ensemble dans les airs et y firent entendre un grand et merveilleux concert.

(extrait des Actes du bienheureux François et de ses compagnons, texte issu entre autres des souvenirs de frère Léon, proche compagnon de saint François, et ayant servi de matrice aux Fioretti)



François ne parle pas seulement aux oiseaux, il prêche aux oiseaux ! C’est-à-dire qu’il leur parle de l’essentiel : de Dieu et de leur place dans l’harmonie de la Création divine. Il leur conte l’imbrication magnifique de la totalité de la nature au sein de laquelle chaque créature a son rôle nécessaire à jouer, dans l’harmonie du système s’auto-équilibrant de la nature.

En parlant ainsi aux oiseaux, en leur enseignant la louange pour le créateur et l’ordonnateur de la vie, que nous dit François de Dieu et de notre humanité ?

François nous montre que la connaissance de l’harmonie de la Création, comme totalité complexe où Dieu est partout présent, doit nous mener à la connaissance de Dieu, et à la reconnaissance pour Dieu à l’oeuvre dans la nature. Cette reconnaissance est un chemin vers l’amour pour Dieu.

Cette connaissance reconnaissante est étape vers l’accueil de la totalité de la volonté de Dieu dans nos vies. C’est ainsi que dans son Cantique des créatures, chant de louange à Dieu par et pour la Création, François adresse à Dieu un remerciement solennel pour la mort, qui appartient pleinement à l’économie de l’harmonie de la nature : “Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la Mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper.”

Magnifique chant de louange totale qui dit à Dieu en substance : Loué sois-tu Seigneur pour cette vie terrestre à laquelle la souffrance et la mort sont inhérentes… Loué sois-tu Seigneur pour avoir fait de nous tes créatures parmi tes créatures.

Benoît XVI nous éclaire sur la beauté et la grandeur du statut de créature. Dans un message au congrès de Rimini en 2012 il a mis en évidence la grandeur et la dignité de l’identité de créature de Dieu qui est celle de l’homme. Écoutons Benoît XVI :

être créature de Dieu cela signifie que “chaque personne est créée afin qu’elle puisse entrer en dialogue avec Dieu, avec l’Infini”. Après la Chute “demeure dans l’homme le désir brûlant de ce dialogue, presque comme une signature marquée par le feu dans son âme et dans sa chair par le Créateur lui-même.” De même que François dans une intuition magnifique loue Dieu par et pour la Création, Benoît XVI nous dit combien en étant créé par l’Infini l’homme est fait pour l’infini.

Écoutons Benoît XVI développant l’implication profonde de notre identité de créature de Dieu :   

“Pour se retrouver véritablement soi-même ainsi que sa propre identité, pour vivre à la hauteur de son être, l’homme doit se reconnaître à nouveau comme créature, dépendante de Dieu. A la reconnaissance de cette dépendance — qui au fond d’elle est la joyeuse découverte d’être fils de Dieu — est liée la possibilité d’une vie véritablement libre et pleine.”

François ne nous dit rien d’autre quand il nous invite, créature que nous sommes au même titre que les oiseaux, à reconnaître notre dépendance au Créateur à qui nous devons notre existence aussi bien que notre subsistance. L’homme cependant est créature parmi les créatures, créature consciente de son identité de créature, et c’est cette mission particulière de l’homme que François endosse quand il loue Dieu pour la nature et quand dans le même mouvement il apprend à la nature à louer Dieu. L’homme est ce pont entre la nature et Dieu par son identité d’être en relation à Dieu : la contemplation de la nature mène l’homme à l’adoration de l’infini divin, il se fait alors chantre de la nature pour qu’elle puisse entonner le chant divin ; ce chant divin, dont l’homme a lu la partition dans la nature, fait alors monter du coeur de l'homme un chant de louange qui l’élève et le fait accéder à sa pleine identité. Comme nous le dit Benoît XVI avec toute l’intelligence de sa compréhension profonde :   “Chaque chose, chaque relation, chaque joie et chaque difficulté trouvent leur raison ultime dans le fait d’être une occasion de relation avec l’Infini”.

François nous invite à être ce point d’harmonie dans la Création par lequel seul nous avons notre place au sein des créatures. Car si François aime tant les oiseaux et toutes les créatures de la nature, si son âme s’élève en chant de louange à leur contemplation c’est qu’il est trop conscient de la pureté des créatures de la nature, tandis que notre dignité particulière va de pair avec une indignité essentielle.

Écoutons François nous parler sans concession de notre humanité, et nous ouvrir un horizon lumineux dans notre indignité douloureuse, l’horizon de la Croix :

"Considère, ô homme, le degré de perfection auquel t'a élevé le Seigneur ; il a créé et formé ton corps à l'image du corps de son Fils bien-aimé, et ton esprit à la ressemblance de son esprit.

Et malgré cela, toutes les créatures qui sont sous le ciel servent leur créateur mieux que toi, elles le connaissent et lui obéissent mieux que toi, chacune selon sa nature.

Bien pis, ce ne sont pas les démons qui l'ont crucifié : c'est toi qui, avec eux, l'as crucifié et le crucifies encore en prenant plaisir au vice et au péché.

De quoi peux-tu donc bien te glorifier ?

Même si tu avais tant de pénétration et tant de sagesse qu'aucune science n'aurait plus de secret pour toi ; même si tu savais interpréter toutes les langues et scruter les mystères divins avec une subtilité remarquable, de tout cela tu ne peux tirer aucune gloire.

Le premier venu des démons a autrefois pénétré bien plus avant dans les mystères de Dieu, et connaît encore maintenant l'univers terrestre bien mieux que tous les hommes réunis (y compris celui qui reçut du Seigneur la grâce spéciale de la plus haute sagesse).

De même, serais-tu le plus beau et le plus riche des hommes, et ferais-tu même des miracles au point de chasser les démons, tout cela peut se retourner contre toi, tu n'y es pour rien, et il n'y a rien là dont tu puisses tirer gloire.

Mais ce dont nous pouvons tirer gloire, c'est de nos faiblesses. C'est de notre part quotidienne à la sainte Croix de notre Seigneur Jésus-Christ."



Donnons toute sa place en nous à cette sublime vérité : “ce dont nous pouvons tirer gloire, c’est de nos faiblesses”... C’est parce que notre indignité est totale, nous à qui l’instinct fait défaut pour nous guider dans la place qui est la nôtre dans la Création, que nous avons la dignité particulière d’être en relation avec Dieu, d’être pont vers Dieu. C’est pour notre indignité inhérente à notre nature que Dieu “dès avant la création du monde, envoya son Fils-aimé” (Psaume de Saint François) : l’identité de créature parmi les créatures qui est celle de l’homme c’est d’être de toute éternité au Christ, et de ne s’achever soi-même que dans le Christ.



Pour François toute connaissance vient de l’expérience. Quand il nous dit que nos faiblesses sont notre part quotidienne à la Croix, c’est de son expérience intime qu’il nous parle, de l’expérience intime de ses faiblesses dans lesquelles il a découvert la main tendue de Jésus, il l’a entendu lui dire “viens”.

Laissons travailler en nous l’essence du message de François sur notre humanité :

Rentrons en nous-mêmes, tournons notre regard vers le sol, et regardons intérieurement nos incapacités répétitives, nos faiblesses chroniques.

Tournons notre regard vers le sol, cessons de compter sur nos propres forces, sur les efforts de notre volonté pour venir à bout de nos faiblesses récurrentes. Enfonçons-nous dans nos failles, regardons-les aussi grandes qu’elles sont, mesurons-en l’ampleur. L’ampleur de tous les échecs de notre volonté.

Enfonçons-nous dans nos failles et nos échecs, laissons venir les larmes de douleur et d’impuissance que nous trouverons peut-être dans la conscience de notre petitesse.

Enfonçons-nous. Descendons jusqu’au tréfonds de nous-mêmes. Là nous trouverons l’étreinte du Père qui nous attend. Là nous trouverons la main tendue de Jésus qui, regardant toute l’étendue de nos faiblesses et de nos errances, nous dira : “viens”. Là nous pourrons lâcher prise à notre ego et saisir sa main qui se tend vers nous.

Alors, l’âme purifiée dans les larmes, nous voudrons avec François dire à tous les oiseaux du ciel de chanter les louanges de Dieu un et trine, créateur de l’harmonie à l’oeuvre dans la nature, créateur de notre nature imparfaite marquée du sceau de son amour et de l’appel éternel à revenir à Lui par Jésus qui s’est donné pour nous.

Louez la grandeur de Dieu oiseaux du ciel ! Louez la beauté qu’Il a donnée à la nature ! Louez la misère de l’homme, fruit de sa liberté qui lui donne le désir de Dieu, et pour laquelle l’hostie lui est offerte.




Prière de la communauté

Louange pour toutes les heures

Prions : Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu, souverain bien, bien universel, bien total, toi qui seul es bon, puissions-nous te rendre toute louange, toute gloire, toute grâce, tout honneur et toute bénédiction ; puissions-nous toujours rapporter à toi seul tous les biens. amen

Merci ! 55 personnes ont prié

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Neuvaine à St François d'Assise, Chemin d'Oraison

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