" Que voulez-vous, la compassion de Marie est sans bornes. Elle ne s’exerce donc pas seulement aux moments les plus douloureux de notre vie, lorsque, par exemple, nous sommes dans la peine parce que nous avons perdu un être cher. Non ! La compassion de Marie s’exerce de manière constante. Trop souvent, on ne parle de la compassion de Marie qu’à l’heure de la Croix, et c’est une erreur. Bien évidemment, à cette heure tragique, elle est admirable de compassion, soutenant son fils, vivant à l’intérieur d’elle-même le sacrifice qui se joue devant elle, mais il ne faudrait pas que ce sommet de compassion fasse oublier celle qu’elle exerçât tout au long de sa vie à l’égard de toutes les personnes qu’elle a croisées, mais aussi au cœur de sa prière contemplative qui ne fut, j’en suis sûr, qu’une longue intercession adressée au Père pour que toute l’humanité reçoive le salut et soit heureuse dès ici-bas. C’est dire que Marie est compatissante dans son être. Et à Cana, cette compassion se montre au grand jour. Vous savez que Bossuet a dit : « Si l’amour d’une mère à des bornes, le sien n’en a pas. Elle a reçu de la part de Dieu le département de la miséricorde. » Profitons donc de Marie ! N’ayons pas peur de ce verbe ! Profitons d’elle, demandons-lui ce qui nous manque sur le plan le plus concret. D’ailleurs, si vous voulez expérimenter l’action de Marie dans votre propre vie, si vous voulez voir de vos yeux de chair la puissance de son intercession, si vous voulez contempler sa compassion, confiez-lui une toute petite chose qui vous préoccupe, une petite affaire que vous voulez voir évoluer, mais, attention, quelque chose de minime, et vous allez voir ce qu’elle en fait. Demandez lui-même quelque chose de secondaire qui vous ferez plaisir et vous verrez sa main se glisser dans cette affaire et vous obtenir ce que vous attendez. Les noces de Cana sont une occasion rêvée pour vous dire de vivre avec Marie et de mener la vie commune avec elle, à l’instar de Jésus qui ne l’a pas quittée pendant 30 ans et qui, ensuite, croyez-moi, bien des fois, l’a retrouvée à Nazareth et ailleurs. L’Évangile ne le dit pas de manière formelle, mais il est évident que dans ce petit mouchoir de poche qu’est Israël, ils se sont souvent croisés durant les trois années de la vie publique. Oui, Marie est présente tout au long de la vie de Jésus, comme elle est présente au long de notre vie, si, évidemment, nous voulons vivre avec elle. Bien sûr, elle tient à nous, mais elle n’intervient pas comme une mauvaise mère en se mêlant sans cesse de nos affaires. Elle intervient quand on l’appelle. Oui, c’est dire qu’elle nous laisse vivre notre propre vie."

Père Zanotti Sorkine, Quand on parle à Marie...