"Tâchons d'être sagesse, humilité, lumière " - Victor Hugo

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Bonjour à tous !

Cette semaine, attention … nous allons nous faire secouer un peu par Victor Hugo.
Il ne prend pas de pincettes, mais ça a le mérite de nous proposer une petite remise en question !

Croire, mais pas en nous

Parce qu'on a porté du pain, du linge blanc, 
À quelque humble logis sous les combles tremblant 
Comme le nid parmi les feuilles inquiètes ; 
Parce qu'on a jeté ses restes et ses miettes 
Au petit enfant maigre, au vieillard pâlissant, 
Au pauvre qui contient l'éternel tout-puissant ; 
Parce qu'on a laissé Dieu manger sous sa table, 
On se croit vertueux, on se croit charitable ! 
On dit : - Je suis parfait ! louez-moi ; me voilà ! 
Et, tout en blâmant Dieu de ceci, de cela, 
De ce qu'il pleut, du mal dont on le dit la cause, 
Du chaud, du froid, on fait sa propre apothéose. 
Le riche qui, gorgé, repu, fier, paresseux, 
Laisse un peu d'or rouler de son palais sur ceux 
Que le noir janvier glace et que la faim harcèle, 
Ce riche-là, qui brille et donne une parcelle 
De ce qu'il a de trop, et qui n'a pas assez, 
Et qui, pour quelques sous du pauvre ramassés, 
S'admire et ferme l'oeil sur sa propre misère, 
S'il a le superflu, n'a pas le nécessaire : 
La justice ; et le loup rit dans l'ombre en marchant 
De voir qu'il se croit bon pour n'être pas méchant. 
Nous bons ! nous fraternels ! ô fange et pourriture ! 
Mais tournez donc vos yeux vers la mère nature ! 
Que sommes-nous, coeurs froids où l'égoïsme bout, 
Auprès de la bonté suprême éparse en tout ? 
Toutes nos actions ne valent pas la rose. 
Dès que nous avons fait par hasard quelque chose, 
Nous nous vantons, hélas ! vains souffles qui fuyons ! 
Dieu donne l'aube au ciel sans compter les rayons, 
Et la rosée aux fleurs sans mesurer les gouttes ; 
Nous sommes le néant ; nos vertus tiendraient toutes 
Dans le creux de la pierre où vient boire l'oiseau. 
L'homme est l'orgueil du cèdre emplissant le roseau. 
Le meilleur n'est pas bon, vraiment, tant l'homme est frêle ; 
Et tant notre fumée à nos vertus se mêle ! 
Le bienfait par nos mains pompeusement jeté 
S'évapore aussitôt dans notre vanité ; 
Même en le prodiguant aux pauvres d'un air tendre, 
Nous avons tant d'orgueil que notre or devient cendre ; 
Le bien que nous faisons est spectre comme nous. 
L'Incréé, seul vivant, seul terrible et seul doux, 
Qui juge, aime, pardonne, engendre, construit, fonde, 
Voit nos hauteurs avec une pitié profonde. 
Ah ! rapides passants ! ne comptons pas sur nous, 
Comptons sur lui. Pensons et vivons à genoux ; 
Tâchons d'être sagesse, humilité, lumière ; 
Ne faisons point un pas qui n'aille à la prière ; 
Car nos perfections rayonneront bien peu 
Après la mort, devant l'étoile et le ciel bleu. 
Dieu seul peut nous sauver. C'est un rêve de croire 
Que nos lueurs d'en bas sont là-haut de la gloire ; 
Si lumineux qu'il ait paru dans notre horreur, 
Si doux qu'il ait été pour nos coeurs pleins d'erreur, 
Quoi qu'il ait fait, celui que sur la terre on nomme 
Juste, excellent, pur, sage et grand, là-haut est l'homme, 
C'est-à-dire la nuit en présence du jour ; 
Son amour semble haine auprès du grand amour ; 
Et toutes ses splendeurs, poussant des cris funèbres, 
Disent en voyant Dieu : Nous sommes les ténèbres ! 
Dieu, c'est le seul azur dont le monde ait besoin. 
L'abîme en en parlant prend l'atome à témoin. 
Dieu seul est grand ! c'est là le psaume du brin d'herbe ; 
Dieu seul est vrai ! c'est là l'hymne du flot superbe ; 
Dieu seul est bon ! c'est là le murmure des vents ; 
Ah ! ne vous faites pas d'illusions, vivants ! 
Et d'où sortez-vous donc, pour croire que vous êtes 
Meilleurs que Dieu, qui met les astres sur vos têtes, 
Et qui vous éblouit, à l'heure du réveil, 
De ce prodigieux sourire, le soleil !


Victor Hugo 
Les contemplations

 

Proposition d’action :

Et si nous profitions de cette semaine pour faire un petit examen de conscience ? Nos actions – aussi bonnes soient-elles – ne suffisent pas. Ne nous en satisfaisons pas. Chassons toute vanité et continuons, continuons toujours à nous en remettre humblement à Dieu qui, seul, peut faire de nous des instruments de sa paix et de son amour.

Prière de la communauté

Que rien ne te trouble (sainte Thérèse d'Avila)

« Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Tout passe, Dieu ne change pas. La patience obtient tout. A qui possède Dieu, rien ne manque. Dieu seul suffit. »

Merci ! 172 personnes ont prié

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Quand les poètes nous parlent de Dieu …

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