Amende honorable - 1
Amende honorable du Père Croiset (1656-1738)
Très adorable et très aimable Jésus toujours rempli d'amour pour nous, toujours touché de nos misères, toujours pressé du désir de nous faire part de vos trésors, et de Vous donner Vous-même tout à nous ; Jésus, mon Sauveur et mon Dieu, qui, par l'excès du plus ardent et du plus prodigieux de tous les amours, Vous êtes mis en état de victime dans l'adorable Eucharistie, où Vous Vous offrez pour nous en sacrifice un million de fois chaque jour ; quels doivent être vos sentiments en cet état, ne trouvant pour tout cela dans le cœur de la plupart des hommes, que dureté, qu'oubli, qu'ingratitude et que mépris ? N'était-ce pas assez, ô mon Sauveur, d'avoir pris pour nous sauver, la voie qui Vous était la plus rude, quoique Vous puissiez nous témoigner un amour excessif à beaucoup moins de frais ? N'était-ce pas assez de vous abandonner pour une fois à cette cruelle agonie, et à ce mortel accablement que Vous devait causer l'horrible image de nos péchés dont Vous Vous étiez chargé ? Pourquoi vouloir encore Vous exposer tous les jours, à toutes les indignités dont la plus noire malice des hommes et des démons était capable ? Ah ! mon Dieu et mon tout aimable Rédempteur, quels ont été les sentiments de votre Sacré Cœur à la vue de toutes ces ingratitudes et de tous ces péchés ? Quelle a été l'amertume où tant de sacrilèges et tant d'outrages ont plongé votre Cœur ?
Touché d'un extrême regret de toutes ces indignités, me voici, Seigneur, prosterné et anéanti devant Vous, pour Vous faire amende honorable aux yeux du ciel et de la terre pour toutes les irrévérences et les outrages que Vous avez reçus sur nos autels depuis l'institution de cet adorable Sacrement. C'est avec un cœur humilié et brisé de douleur que je Vous demande mille et mille fois pardon de toutes ces indignités. Que ne puis-je, mon Dieu, arroser de mes larmes et laver de mon sang tous les lieux où votre Sacré Cœur a été si horriblement outragé, et les marques de votre divin amour reçues avec un mépris si étrange ! Que ne puis-je, par quelque nouveau genre d'hommage, d'humiliation et d'anéantissement, expier tant de sacrilèges et de profanations ! Que ne puis-je pour un moment être le maître du cœur de tous les hommes, pour compenser en quelque manière, par le sacrifice que je Vous en ferais, l'oubli et l'insensibilité de tous ceux qui n'ont pas voulu Vous connaître, ou qui Vous ayant connu Vous ont si peu aimé !
Mais, ô mon aimable Sauveur, ce qui me couvre encore plus de confusion, ce qui doit me faire gémir davantage, c'est que j'ai été moi-même du nombre de ces ingrats. Mon Dieu, qui voyez le fond de mon cœur, Vous savez la douleur que je sens de mes ingratitudes et le regret que j'ai de Vous voir si indignement traité. Vous savez la disposition où je suis de tout souffrir et de tout faire pour les effacer. Me voici donc, Seigneur, le cœur brisé de douleur, humilié et prosterné, prêt à recevoir de votre main tout ce qu'Il vous plaira d'exiger de moi. Frappez, Seigneur, frappez ; je bénirai et je baiserai cent fois la main qui exercera sur moi un si juste châtiment. Que ne suis-je une victime propre à réparer tant d'injures, trop heureux si je pouvais par tous les tourments Vous dédommager de tant de mépris et de tant d'impiétés ! Que si je ne mérite pas cette grâce, du moins agréez le véritable désir que j'en ai.
Recevez, Père éternel, cette amende honorable en union de celle que ce Sacré Cœur Vous en fit sur le Calvaire et que Marie Vous en fit elle-même au pied de la croix de son Fils ; et par la prière que son Cœur Vous en adresse, pardonnez-moi tant d'indignités et tant d'irrévérences commises, et rendez efficaces, par votre grâce, la volonté que j'ai et la résolution que je prends de ne rien oublier pour aimer ardemment, et pour honorer par toutes les voies possibles, mon Souverain, mon Sauveur et mon Juge, que je crois réellement présent dans l'adorable Eucharistie, et où je prétends faire voir désormais par le respect dans lequel je serai en sa présence, et par mon assiduité à Lui faire la cour, que je Le crois réellement présent. Et comme je fais profession d'honorer singulièrement son Sacré Cœur, c'est aussi dans ce même Cœur que je veux passer le reste de ma vie. Accordez-moi la grâce que je Vous demande de rendre dans ce même Cœur le dernier soupir à l'heure de ma mort. Ainsi soit-il.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6