Bienheureux Charles de Foucauld - Chapitre 3

Moines trappistes à Akbès, contemporains de Charles de Foucauld

 

Charles arrive à Notre-Dame des Neiges le 16 janvier 1890. Il y fait l’apprentissage de la vie de trappiste, se soumettant à la règle et aux diverses tâches qui lui sont confiées. Il prie, lit, travaille, cherche en tout à faire la volonté de Dieu. Frère Marie-Albéric – tel est le nom qu’il a reçu – veut toujours prendre la dernière place. Après cinq mois d’apprentissage de la vie de trappiste, il est envoyé, comme prévu, en Syrie, dans le monastère d’Akbès. Il s’agit du plus pauvre des monastères cisterciens, la Trappe de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur. Il va y rester six ans, au milieu d’une population musulmane et de nombreux chrétiens schismatiques. Le travail manuel est important et, pour l’accomplir, il faut parfois écourter la prière. Pour l’essentiel, le frère Marie-Albéric poursuit sa formation monastique. Il apprécie la pédagogie des cours de théologie. Toutefois le monastère ne vit pas l’état de pauvreté tel qu’il le conçoit. Il écrit à l’abbé Huvelin : « Nous ne sommes pas pauvres comme l’était Notre-Seigneur, mais pas pauvres comme je l’étais au Maroc, pas pauvres comme Saint François. »

Aussi la réforme de la tradition des Trappistes de 1893 n’a certainement pas son agrément. Elle autorise le beurre et l’huile en assaisonnement : « un peu moins de mortifications, c’est un peu moins de donné au Bon Dieu, c’est moins de donné aux pauvres. » Il s’impose de telles pénitences corporelles que son maître des novices, Dom Polycarpe, s’en inquiète. Quant à l’abbé Huvelin, il pressent que son protégé ne restera pas à La Trappe et écrit à Marie de Bondy au sujet de Charles : « Il prendra ses idées pour la voix de Dieu qui parle. Il ne restera évidemment pas à Akbès. Que je suis effrayé de cette vie où il veut entrer…»

C’est au cours des six années passées à Akbès que prend forme en lui le projet de fonder « une petite congrégation formée de petits groupes, de petits colombiers, de petits carmels à répandre dans les pays infidèles. » Il ébauche ainsi une règle de vie que devront suivre Les Petits Frères du Sacré-Cœur de Jésus. Mais aussi bien dom Polycarpe que l’abbé Huvelin le dissuadent de mener à bien ce projet. « Vous n’êtes pas fait, pas du tout fait, pour conduire les autres » lui écrit l’abbé Huvelin. Pourtant ce désir de fondation lui tiendra à cœur sa vie durant. En 1898, il transforme Les Petits Frères du Sacré-Cœur de Jésus en Les Ermites du Sacré-Cœur de Jésus. Jamais, de son vivant, ce projet de fondation ne verra le jour. Ce n’est qu’après son décès qu’un grand nombre d’hommes et de femmes répondront à son appel.

Malgré sa soumission à la règle de la Trappe, Charles n’est pas satisfait. Il écrit que l’appel à vivre autrement selon la volonté de Dieu ne le quitte pas. Ce doute le plonge dans une réelle détresse. Il écrit à Marie de Bondy : « Chaque jour, je vois que je ne suis pas ici à ma place, je désire davantage me précipiter dans le dernier abaissement à la droite de Notre-Seigneur. » Et aussi : « Priez que je me convertisse, décidé à quitter la Trappe où je n’ai nullement trouvé ce que je cherchais. »

Ses conseillers souhaiteraient qu’il prenne patience. Mais, le 15 août 1896, sa décision est irrévocable et ses supérieurs cisterciens le laissent partir. Fin octobre, après un bref séjour dans le tout récent monastère cistercien de Staouéli, près d’Alger, il prend le bateau, d’abord pour Marseille, puis pour Rome.

C’est alors que, au cours d’une méditation, il cherche à rejoindre la prière de Jésus sur la Croix. Il écrit : « Mon Père, je remets mon esprit entre Vos mains. C’est la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-Aimé… Et qu’elle soit non seulement celle de notre dernier instant mais celle de tous nos instants : Mon Père, je me remets entre Vos mains, mon Père, je me confie à Vous, mon Père, je m’abandonne à Vous ; mon Père, faites de moi ce qu’il vous plaira ; quoi que vous fassiez de moi, je Vous remercie ; merci de tout ; je suis prêt à tout ; j’accepte tout ; je Vous remercie de tout. Pourvu que Votre Volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que Votre Volonté se fasse en toutes Vos créatures, en tous Vos enfants, en tous ceux que Votre Cœur aime, je ne désire rien d’autre, mon Dieu ; je remets mon âme entre Vos mains ; je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur parce que je Vous aime et que c’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre Vos mains, sans mesure ; je me remets entre Vos mains avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père. »

Cette méditation, sous une forme plus simplifiée dite Prière d’Abandon, a été traduite dans le monde entier. Elle est la prière commune à tous ceux qui se réclament de Charles de Foucauld (cf. la fin de ce chapitre).

L’a-t-il écrite à Akbès ou à Staouéli ou encore à Rome ? On ne sait. Rome où Charles est censé rester deux ou trois ans mais où son séjour ne dure que quelques mois. Il réside chez les cisterciens, prend des cours de théologie au Collège romain, apprend l’italien. Il visite les églises, rencontre le Pape, découvre les traces des Apôtres, adopte pour lui-même le bréviaire utilisé à Rome. Sa rencontre avec dom Sébastien Wyard, supérieur général des cisterciens de la Stricte Observance, est décisive quant à son avenir. Celui-ci lui apprend que son Conseil et lui-même ont reconnu le caractère exceptionnel de sa vocation hors la règle de Saint Benoît et de Saint Bernard. Il est délié de ses vœux et peut quitter l’ordre. « Le Bon Dieu m’accorde ce que j’ai tant demandé » écrit-il à son beau-frère de Blic.

Le 5 mars 1897, le voici en Terre Sainte. Il veut vivre la vie de Nazareth « comme l’ouvrier qu’a été Jésus » au lieu même où Il a grandi et où Il a été ignoré de ses compatriotes. Cette perspective va orienter la vie de Charles. Un franciscain lui suggère d’aller offrir se services aux Clarisses de Nazareth. Dix jours plus tard, il est installé chez les Sœurs dans une cabane en planches comme domestique et valet. Il sert les messes, balaie, fait les courses et… est parfaitement heureux. Peu soucieux de son aspect extérieur, mal habillé, il est peu apprécié. Certains le croient « demeuré ». Mais petit à petit, les Sœurs se rendent compte de l’extraordinaire spiritualité de leur étrange pensionnaire. Au point que la responsable du monastère de Jérusalem, mère Elisabeth, souhaite le rencontrer. Il fait le déplacement à pied. Elle l’encourage à demander la prêtrise et désire qu’il devienne l’aumônier du monastère. Mais il est réticent. Au bout de quelques mois, toujours à pied, il retourne à Nazareth.

Sa vue baisse. Son corps s’affaiblit. Conséquence des mortifications et des privations qu’il s’impose. En 1900, il apprend que le Mont des Béatitudes est à vendre. Soucieux de le soustraire aux musulmans et aux juifs, et comme il ne trouve pas d’acquéreur, il envisage lui-même cet achat. En sollicitant les différents membres de sa famille, il se voit bientôt destinataire de 13000 francs, soit le prix demandé. Il semble qu’il en soit réellement devenu acquéreur légitime et qu’il ait ensuite dévolu ce bien à l’église catholique.

Il quitte brusquement Nazareth en août 1900 après avoir compris que ce n’est pas Nazareth qui compte mais « la conformité avec la vie de Jésus à Nazareth » quel que soit le lieu de son séjour.

Jusqu’alors convaincu que la prêtrise le ferait renoncer à cette « dernière place » qu’il ambitionne d’occuper, il n’a jamais voulu être ordonné prêtre malgré les encouragements de ses supérieurs et de l’Abbé Huvelin. Mais une fois de retour à Paris, un voyage éclair à Rome où Dom Sébastien l’autorise à retourner à Notre-Dame des Neige en Ardèche, il sent la nécessité de devenir prêtre. C’est notamment la condition requise pour mener à bien son projet de fondation de petites congrégations. Au monastère, il prie et étudie. Il reçoit d’abord les ordres mineurs puis il est ordonné prêtre le 9 juin 1901.

De trappiste, il devient ermite. Il lui reste à vivre quinze années parmi les plus riches et les plus austères de sa vie. Il ambitionne de les vivre dans ce Sahara dont le souvenir ne l’a jamais quitté, dans un isolement total, à 450 km du confrère le plus proche. Il est désormais l’Abbé de Foucauld et dépend de la préfecture apostolique du Sahara et des Pères Blancs.

 

Prière d’abandon

 

Mon Père,

Je m’abandonne à Toi

Fais de moi ce qu’il Te plaira

Quoi que Tu fasses de moi

Je Te remercie.

Je suis prêt à tout, j’accepte tout.

Pourvu que Ta Volonté

Se fasse en moi, en toutes Tes créatures

Je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre Tes mains.

Je Te la donne, mon Dieu,

Avec tout l’amour de mon cœur,

Parce que je T’aime

Et que ce m’est un besoin d’amour

De me donner,

 De me remettre entre Tes mains, sans mesure,

Avec une infinie confiance

Car Tu es mon Père.

 

Récitons à notre tour la prière d’abandon de Charles de Foucauld afin de nous conformer en tout à la Volonté du Seigneur. Et confions notre foi et notre espérance au Cœur Immaculée de Marie pour qu’avec son amour de Mère, elle transforme nos consciences.

 

Avec la Vierge Marie, prions en appuyant sur le bouton "Je prie"

 

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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