Maurice Denis (1870-1943), Visitation au soleil couchant, 1911, collection particulière (c) catalogue raisonné Maurice Denis

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison. » Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi. (Mt 13, 54-58)

 

Espérer comme Joseph

Sans espérance, sans bonne nouvelle, à quoi bon se lever chaque matin ? C’est l’espérance qui a creusé le terreau des premières communautés chrétiennes. Elle qui a diffusé sa sève dans les textes de ceux qu’on a appelés les Pères de l’Église, ces hommes vivant l’Évangile et qui nous ont livré leurs vues sur l’attente dans la présence, qui est le magnifique paradoxe de l’état chrétien. Elle continue de nourrir l’âme de ceux qui croient au ciel et de ceux qui n’y croient pas. Espérer, certes, mais en quoi ? Happés par la quête de recours immédiats contre la solitude, le dénuement matériel et l’âge, on oublie trop l’objet de cette promesse, qui la justifie – la vie après la mort, et plus encore, la vie malgré la mort. C’est aussi l’espérance d’une résurrection qui n’est pas réservée à l’au-delà. Ressusciter est de tous les instants, et ce n’est pas une formule. Si tu as traversé des moments de souffrance tels que tu as pu perdre le goût de vivre, et si tu as su traverser ces déserts et ces douleurs, tu comprends de quelle résurrection je parle : renaître ; renaître pour mieux être en étant davantage. Il s’agit aussi de ressusciter de la mort lente que l’accablement nous inflige et qui nous diminue tous les jours un peu plus. Il s’agit de quitter chaque journée en laissant autour de soi un peu plus que ce que nous avons trouvé à notre arrivée. Donner, en y croyant, ce supplément de vie qui élargit la Vie, et le vivant. Christiane Rancé

 Après avoir été grand reporter, Christiane Rancé est devenue écrivain et essayiste. Elle est notamment l’auteur de Prenez-moi tout, mais laissez moi l’extase.

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