Sainte Radegonde - Chapitre 3

La reine Radegonde aurait pu poursuivre son existence malheureuse aux côtés de Clotaire si un nouveau drame n’était venu en interrompre le cours. On se souvient que Radegonde avait un petit frère qu’elle aimait tendrement, seul rescapé du massacre des siens (à l’exception d’un cousin germain, Amalafrid, fils de Hermenefrid, qui avait gagné la Cour de Constantinople). Ce jeune frère – que certains, sans certitude, nomment Hermanfred - était toujours resté auprès d’elle. Lui aussi avait grandi et, devenu homme, s’était affirmé. A-t-il souhaité retrouver le trône des siens en Thuringe ou bien Clotaire lui a-t-il seulement prêté pareil dessein ? Toujours est-il que ce dernier voit d’un très mauvais œil la présence de son jeune beau-frère à la Cour. Il n’en faut pas davantage pour qu’il décide de s’en débarrasser.

Clotaire profite donc d’une absence de son épouse, partie dans l’une de ses villas, pour faire assassiner Hermanfred. Le sentiment d’horreur et de chagrin qu’éprouve la Reine à son retour fut tel qu’elle décide, sur le champ, de rompre toute relation avec son époux.

 

 

Sainte Radegonde se retire, accompagnée du peuple, dans le monastère dédié à la Vierge qu’elle fonde à Poitiers.

 

Elle s’enfuit. Avec l’indomptable volonté qui la caractérise, elle va trouver, à Noyon, l’évêque Médard qui l’avait mariée. La rencontre a lieu dans la cathédrale où elle déclare vouloir qu’il accepte qu’elle se sépare de son mari et qu’il la consacre comme religieuse. L’évêque est réticent. Il estime qu’elle ne peut rompre son mariage. Parmi les opposants au projet de la Reine, les leudes (aristocrates proches du Roi) sont là également, pour manifester leur désaccord. Ils veulent à tout prix garder leur Reine bien-aimée et, de ce fait, mènent grand tumulte dans la cathédrale. Radegonde argumente qu’il ne s’agit pas de rompre le lien conjugal, simplement de cesser la vie commune…  Elle profite du désordre pour s’éloigner, revêtir, dans un bâtiment annexe, une tenue de moniale sur ses habits royaux. Elle revient menacer l’évêque : « si tu tardes à me consacrer et que tu craignes un homme plus que Dieu, le Pasteur te demandera compte de l’âme de ta brebis ». L’évêque cède et lui impose les mains, la consacrant diaconesse. Cette consécration enfin obtenue la met à l’abri des poursuites de Clotaire. En effet, comme il la recherche, l’évêque Saint Germain de Paris intervient avant qu’elle soit capturée.  Il menace l’époux délaissé d’excommunication s’il tente d’arracher Radegonde à sa vie désormais consacrée. Clotaire renonce un moment à son projet par crainte de l’excommunication… Mais il mesure la perte que subit, du fait du départ de la Reine, son pouvoir royal.

Pour le moment, Radegonde n’en a cure et chemine vers le sud-ouest. Elle s’arrête à Tours, en pèlerinage sur la tombe de Saint-Martin puis elle demande conseil à Saint Jean de Chinon qui vit non loin de là, dans un ermitage troglodyte. Elle gagne enfin, entre Tours et Poitiers, non loin de Loudun, la villa de Saix dont Clotaire lui avait fait cadeau. Mais ce dernier ne s’était pas résigné et il la poursuit encore. Il envoie donc à Saix une troupe chargée de ramener la Reine. Avertie, elle s’enfuit à nouveau vers le sud. Comme ses poursuivants sont sur le point de la rattraper, elle avise un champ où des paysans sont en train de semer de l’avoine. En un instant, elle fait pousser l’avoine pour s’y cacher. Les ouvriers interrogés nient l’avoir vue et la troupe de Clotaire repart bredouille. Cela se passait non loin de Saix, à Marconnay (commune de Verger sur Dive). Une chapelle fut bâtie à l’endroit du miracle de l’avoine et fait, chaque année, l’objet d’un pèlerinage.

Radegonde s’installe alors pour de bon à Saix. Les « villas » de cette époque pourraient être comparées aux grandes exploitations rurales d’aujourd’hui. Elles abritent un nombreux personnel et disposent de ressources importantes. Dans les diverses villas dont Clotaire lui avait fait cadeau, elle avait coutume de s’occuper des enfants, de leur donner des notions d’hygiène, de les initier à la religion. A Saix, elle ne se contente pas de cette activité charitable. Avec quelques compagnes, elle y fonde un oratoire et un hospice, l’un des premiers en France. Elle s’y s’occupe des malades, des lépreux, des miséreux, pansant elle-même les plaies les plus repoussantes. Par mesure d’hygiène et pour les plus valides, elle fait construire des thermes, une innovation pour l’époque.

 

Cependant la congrégation naissante grandit et la fondation de Saix, quelque peu précaire, ne permet pas une vie monastique adaptée. De plus, Radegonde désire rester à l’abri de toute incursion éventuelle de Clotaire et se rend à Poitiers, recherchant la protection d’un saint. Elle choisit Saint Hilaire, très vénéré alors, quelque deux cents ans après sa mort. Ce saint évêque écrivain, Père de l’Eglise, d’origine aristocratique gallo-romaine et formé à la rhétorique latine avait combattu l’arianisme de toutes ses forces, jusqu’à devoir subir un exil en Phrygie. Son œuvre principale, De Trinitate défendait la consubstantialité du Fils avec le Père, en opposition avec l’arianisme. Elle-même lettrée, Radegonde devait se sentir proche de ce saint dont les Hymnes, d’une grande poésie l’ont peut-être touchée…

De son côté Clotaire, devenu maître de Poitiers depuis le décès de son frère Clodomir, fait désormais preuve de bonnes dispositions vis-à-vis de Radegonde. L’influence de Saint Germain n’est donc pas vaine ! Ou bien veut-il expier ses péchés ? Pour s’assurer l’héritage de Clodomir, il s’est, en effet, associé avec son frère Childebert et vient d’égorger deux des enfants de leur frère défunt (Clodoald, le troisième, épargné celui-là, deviendra le futur Saint Cloud). Bref Clotaire donne à Radegonde des terrains pour sa nouvelle implantation dont il finance en partie la construction. D’autres apports permettront à la sainte de finaliser son projet. En effet sa réputation de sainteté et l’affection qu’on lui porte de toutes parts ont pour conséquence un afflux au monastère de jeunes filles riches qui apportent leur fortune. Radegonde peut ainsi bâtir un monastère dédié à Notre-Dame. Outre les bâtiments conventuels, elle fait construite une église abbatiale, le tout intra muros mais adossé au mur d’enceinte de la ville. A l’extérieur, elle construit une autre église destinée à l’inhumation des moniales, Sainte Marie Hors les Murs. Cette église, aujourd’hui au cœur de Poitiers, est devenue Sainte Radegonde. Le 25 octobre 552, en présence d’une grande foule, elle entre dans le monastère Notre-Dame, accompagnée de nombreuses jeunes filles.

Radegonde, se souciant de la règle à adopter pour le monastère, part bientôt à Arles avec quelques religieuses pour s’informer des dispositions prises par Saint Césaire. Elle fait sienne la règle du saint et son couvent la conservera jusqu’au IXe siècle, époque à laquelle la règle de Saint Benoît est imposée à tous les monastères. Enfin, pour être libre de tout pouvoir épiscopal, elle se place sous la protection du Saint-Siège. Après ce voyage à Arles, la Sainte ne quittera plus son couvent.

Cependant elle se tient au courant des affaires du Royaume. Soucieuse de le préserver de toute guerre, elle va jouer sa vie durant un rôle politique, entretenant notamment une correspondance avec les conseillers du Roi.

Mais c’est surtout des petits et des humbles que la Reine-moniale a le souci. Radegonde obtient de multiples grâces pour les fidèles de son temps.  Elle en obtient encore aujourd’hui pour ceux qui se recommandent à son intercession. Une moniale écrivait : « Quiconque vient à ce monastère, poussé par la foi, ou de quelque maladie qu’il soit atteint, s’en retourne guéri. Quiconque vit de la foi bénit son nom. »

 

« Quiconque vit de la foi bénit son nom. » Sainte Radegonde, la reine moniale, continue d’être pleine de sollicitude pour tous ceux qui s’adressent à elle avec confiance. En son temps, elle s’intéressait déjà à chacun, personnellement, avec une bienveillance maternelle.

Elle continue aujourd’hui. Nous qui vivons notre foi, nous bénissons ton nom, Sainte Radegonde. Obtiens-nous les grâces dont nous avons tant besoin, aussi bien dans nos vies personnelles que pour progresser dans la foi. Nous te prions afin que, aujourd’hui comme hier, tu veilles sur ton peuple avec le secours de la Vierge Marie.

 

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Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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