Sainte Radegonde - Chapitre 1

Ils sont montés dans le lourd chariot. Secoués par les cahots du chemin, il leur semble vivre un cauchemar. Radegonde tient son jeune frère par la main. Il pleure et ses larmes coulent sur son petit visage défait. Elle-même n’arrive pas à maîtriser ses sanglots. Elle l’entoure de ses bras, essaie de lui communiquer un peu de sa chaleur, de sa tendresse, malgré l’horreur qui la submerge. Elle n’a que onze ans mais elle sent confusément qu’elle doit vivre pour le sauver, lui, cet enfant, le seul être qui lui reste sur cette terre. Devant le chariot qui les emporte vers l’exil, elle entend la chevauchée des assassins de toute sa famille. Elle et son petit frère sont leurs prisonniers. Elle ne sait pas où on les emmène. Elle ignore ce que tous deux vont devenir. Bouleversée, glacée d’effroi, elle voudrait mourir, elle aussi, mais ne peut abandonner le garçonnet, à présent blotti contre elle.

 

Leurs ravisseurs s’appellent Clotaire, roi de Soissons, et Thierry, roi de Metz, tous deux fils de Clovis. Que s’est-il passé, en cette année 531, pour expliquer un tel carnage ? Une guerre de territoires, sans merci. Les prisonniers, Radegonde et son frère, sont les petits-enfants du roi de Thuringe, Basin. A la mort de ce dernier, ses trois fils, Hermenefrid, Badéric et Berthaire, s’étaient disputés son héritage. Berthaire, le père des deux enfants, avait d’abord été assassiné par ses frères. Radegonde, âgée de trois ans, et son petit frère avaient alors été emmenés à la Cour d’Hermenefrid. Or ce dernier, ne voulant pas partager avec son frère Badéric, s’était rapproché du roi de Metz, Thierry, pour le combattre. L’intérêt des rois francs, Thierry et Clotaire, pour cette terre de Thuringe s’explique par les liens du sang. Leur grand-mère, mère de Clovis, la reine Basine, avait été une princesse thuringienne. Hermenefrid avait donc trouvé en Thierry, cousin éloigné, une oreille attentive et ils s’étaient donc alliés pour combattre Badéric. Celui-ci avait défendu ses terres mais il avait été, pour finir, battu et assassiné à son tour. Après ce meurtre, Hermenefrid qui voulait garder la Thuringe pour lui seul, avait refusé sa part à Thierry. D’où l’expédition punitive montée cette fois par les deux fils de Clovis. Elle venait donc d’aboutir à la défaite d’Hermenefrid, à son assassinat et au massacre de toute la famille, suivi de l’exil pour les deux enfants survivants.

Radegonde a subi un tel traumatisme qu’elle ne le surmontera jamais vraiment. Jusqu’à ses derniers jours, elle sera hantée par ce drame survenu après la mort tragique de son propre père Berthaire. Pour l’instant, elle ignore sans doute que Clotaire et Thierry se disputent âprement leur butin, à savoir elle-même et son frère. Clotaire l’emporte sur Thierry et emmène ses deux prisonniers dans l’une de ses villas gallo-romaines, à Athies, près de Péronne.

L’épouse de Clotaire, la reine Ingonde, va apporter quelque douceur dans la vie des prisonniers. Elle-même est d’origine germanique ce qui la rapproche sans doute de la jeune fille. Elle est croyante et va s’appliquer à faire donner à la princesse Radegonde une éducation chrétienne et intellectuelle de qualité. On ne sait si, en Thuringe, Radegonde avait été élevée dans la foi. Mais certains indices le laissent supposer. En effet, à Athies, la formation soignée qui lui est donnée semble être la continuité d’une éducation déjà reçue. Elle lit, outre les Ecritures, Athanase, Ambroise, Jérôme, Augustin. Toujours prisonnière, elle devient une princesse lettrée. Clotaire lui-même est frappé par son intelligence et sa beauté et la traite, malgré sa condition de captive, avec certains égards (et peut-être déjà quelque arrière-pensée).

Radegonde grandit, animée par l’amour de son prochain et surtout celui des plus pauvres et des malades. Elle s’occupe des enfants, de leur hygiène, soigne les plaies des blessés au point de faire l’admiration de son entourage. Elle n’en a cure et passe une grande partie de son temps en prière, songeant de plus en plus, à mesure qu’elle  acquiert de la maturité, à une vie religieuse plus parfaite.

 

Après les traumatismes de l’enfance, Radegonde aurait pu se replier sur elle-même, sur sa propre souffrance. Dès sa jeunesse, elle n’en fait rien et se tourne résolument vers son Dieu, à qui elle aimerait tant consacrer son existence, et aussi vers les plus démunis qu’elle ne cesse de secourir.

Sainte Radegonde, apprends-nous à faire des épreuves de nos vies un tremplin pour nous élancer, à ton exemple, vers ce plus haut amour de Dieu et vers nos frères. Avec le soutien de la Vierge Marie.

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Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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