Prions pour le groupe de prière des prisons : la fraternité du Bon Larron

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À la crucifixion, le bon larron reprit avec calme l’autre larron crucifié, sur les imprécations lancées à Jésus. Le bon larron voyait Jésus comme un homme innocent condamné comme eux. À ce moment précis, une révolution s’est opérée dans son âme, une lumière intérieure qui ne laisse pas de place aux ténèbres permit à celui-ci, à qui on donnera le nom de Saint Dismas, de comprendre que Jésus crucifié à côté de lui était le Fils de Dieu, qui mourait pour les pêchés des hommes.

Un « repentir plein d’amour pénétra dans son cœur » comme l’écrit le révérend père Augustin Berthe dans Jésus-Christ, Sa vie, Sa passion, Son triomphe. Ce qui permettra au bon larron de demander en vérité et en humilité : « Seigneur, dit-il à Jésus, souvenez-vous de moi quand vous entrerez dans votre royaume » et dans cet acte d’infinie miséricorde (certains disent « d’extrême miséricorde »), Jésus répondra : « Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le paradis » (le R.P A. Berthe ajoute, dans les limbes qui est le séjour où les justes de l'Ancien Testament attendaient la venue rédemptrice du Christ, celui qui devait leur ouvrir les portes du ciel).

  • Récit de vie de Ludovic, pour la fraternité du « Bon Larron »

Enfant maltraité, séquestré, puis bien plus tard, prisonnier, la vie de Ludovic est une succession de traumatismes. Mais grâce à des rencontres et des mains tendues, ce cabossé de la vie a fait de son vécu une force. Il souhaite aujourd’hui rendre « au centuple » et met toute son énergie au service des autres. Le cœur de Ludovic bat la chamade. Face à la porte d’entrée de sa maison d’enfance située dans le centre d’Orange (Vaucluse), Ludovic affiche un sourire timide, gêné. Un sourire qui cache une profonde blessure : celle d’une enfance marquée par la maltraitance. En apprenant à connaître Ludovic, on imagine facilement qu’il a affiché ce même sourire inquiet en se rendant à la prison d’Avignon, des années après sa sortie. Cette autre blessure avait fini par le convaincre que lui, le « rejeté de la société », le « détenu jusqu’à la mort », était indigne d’être aidé, accueilli ou aimé.

À l’intérieur de la maison, des statuettes religieuses sont placées çà et là en guise de décoration. Catholiques pratiquants, Ludovic et Anne-Marie croient aux miracles. Et surtout, à leur miracle : celui d’avoir enfin réuni leur famille sous le même toit. Car le couple revient de loin. Leur fils, Pierre-Marie, a passé toute son enfance en foyer d’accueil. Anne-Marie, handicapée, a été jugée inapte à l’éduquer. Et puis il y a eu l’incarcération de Ludovic : 18 mois derrière les barreaux.

À 28 ans, le père de famille passe la porte de la maison d’arrêt d’Avignon, une des plus vieilles prisons françaises. Là-bas, il perd sa « liberté d’homme dans tous les sens » et sa dignité. « On ne nous appelle pas par nos prénoms, on nous appelle par nos numéros. On ne nous serre pas la main, on ne sait pas ce que c’est un bonjour. » Derrière les barreaux, la solitude s’installe. On s’isole, on meurt à petit feu. Certains se suicident : « Qui peut rester seul 22 heures sur 24 dans 9m2 ? » Et puis il y a les violations quotidiennes de l’intimité des détenus, comme la fouille intégrale : cette fouille qui « percute » et « paralyse » les détenus, les dépossède de leur intégrité physique. « Notre corps de nous appartient plus. »

Revenu vivre à Orange il y a peu, Ludovic réside à deux pas de la maison de son enfance, sa prison d’enfant. Le centre pénitencier de la cité des papes n’a en fait été qu’une cicatrice supplémentaire dans sa vie, un traumatisme de plus, terrible certes, mais presque doux comparé à « la prison familiale ». Devant cette demeure ancienne aux murs gris, dans une rue anodine, Ludovic peine à cacher sa nervosité. « Aujourd’hui, ça me fait moins souffrir, mais dans les premiers temps c’était dur. »

Posté devant cette maison, Ludovic explique que, d’aussi loin qu’il se souvienne, il a « toujours » été maltraité par ses parents. L’école était son refuge ; les vacances et les week-ends, ses cauchemars. À l’âge de 16 ans, et alors qu’il entame une formation pour devenir horticulteur et mettre un terme à l’enfer familial, il retourne chez lui voir son père. Mais ce soir-là, une fois Ludovic dans sa chambre, sa mère ferme la porte à clé derrière lui. « Je n’ai rien compris. » Il venait d’entrer dans sa première cellule. Pendant six mois, sa mère devient son geôlier. Au bout de 6 mois de séquestration, Ludovic, profitant d’un jour où sa mère oublia de l’attacher, casse la porte de son « cachot ». Il fugue, va chez le médecin et est placé en foyer.

Ce souci de devenir utile, de transformer ses expériences traumatiques en quelque chose de positif, c’est devenu le leitmotiv de Ludovic, aujourd’hui. Lui qui connait la marque cinglante que laisse la « vraie » prison, estime qu’il faut accompagner de très près les anciens détenus à leur sortie. « Je ne peux pas laisser mes frères tout seul », explique-t-il lorsqu’il évoque sa mission auprès de la Fraternité du Bon Larron, chargés d’accompagner les prisonniers, avant et après leur sortie. Car une fois dehors, les anciens détenus font face à une solitude souvent physique et psychologique : « le regard des autres » et le « rejet systématique » marquent durablement les anciens taulards. « Il y a certaines choses qu’on ne peut pas dire, ça risquerait de blesser les gens », confie Ludovic pour qui seuls ceux ayant expérimenté le placard peuvent lire sur les visages les craintes, les humiliations et l’isolement. Ils partagent une histoire commune, muette et criante à la fois. Le mot peur, Ludovic l’évoque souvent lorsqu’il parle de son expérience en prison. Le traumatisme tétanise, il faut être entouré pour en sortir. Et du coup, à côté du mot « peur », il emploie aussi souvent le mot « confiance ». Cette confiance qu’on lui a donnée, celle qu’il a acceptée, celle qu’il veut partager avec ses « frères » de prison et les plus démunis.

Catherine, aumônière protestante bénévole dans les prisons, est une de ces personnes que Ludovic appelle « ses cadeaux ». Elle, qu’il a rencontrée il y a une dizaine d’années en prison et qu’il considère comme « une mère adoptive », explique, comment Ludovic a repris confiance : « j’ai pu lui dire bon tu as été malheureux dans ton enfance, etc., mais moi, je te fais confiance. Je l’ai toujours poussé à avancer. Et pour moi, qu’il soit prisonnier ou pas, ça n’avait pas d’importance. L’important, c’était l’homme que j’avais en face de moi. » Elle raconte aussi pourquoi, selon elle, Ludovic est devenu un homme engagé pour les autres : « grâce à sa foi, grâce à ses rencontres, il a pénétré dans un milieu où il était considéré. Il avait besoin d’aider, de prouver qu’il était vraiment bon. Il est allé d’ailleurs plusieurs fois à Lourdes pour aider des handicapés. Tous ses engagements, ça lui a donné confiance en lui.»

Et ne pas le faire passe avant tout par le soutien qu’on lui apporte. Son autre parent adoptif, Jean-Marie, de l’Ordre de Malte, a d’ailleurs expliqué à Ludovic qu’il faut rendre « au centuple » car « ça marche ». Mais après le placard, comme pour inverser le cours des choses, Ludovic a décidé de s’engager pour les autres. À 42 ans, il a déjà collaboré avec de nombreuses associations d’aide aux plus démunis : secouriste à l’Ordre de Malte, bénévole au Secours populaire et au Secours Catholique, Ludovic se bouge. Sa profession ? Auxiliaire de vie auprès des personnes dépendantes pour améliorer leur quotidien, leur confort. Toujours pour se rendre utile aux autres.

« Le temps de bénévolat, c’est notre façon de redonner ce qu’on a reçu », explique Ludovic. Vauclusien depuis toujours, Ludovic vit aujourd’hui dans une petite maison à deux pas du théâtre antique d’Orange, avec sa femme, Anne-Marie, et leur fils, Pierre-Marie, 18 ans. Tous trois se dévouent à la vie associative. « On ne rentre pas par hasard servir l’autre. Celui qui sert le plus pauvre est certainement passé par là aussi. » D’un geste de la tête, Anne-Marie acquiesce. « Il y a eu des hauts et des bas. »

Dans leur salon, Ludovic et Anne-Marie accueillent leur grand ado, Pierre Marie, de retour après une journée de travail. Les questions et les réponses s’enchaînent, on sourit, on rit, on parle de tout et de rien. Qu’elles paraissent loin, en cet instant, les galères du passé ! Entouré par les siens, engagé pour les autres, Ludovic trouve peu à peu sa place, son équilibre. Une nécessité pour se reconstruire, pour rester digne et surtout pour ne plus déconner.

Ludovic pour Le Groupe de Prière des Prisons de France de la Fraternité du Bon Larron 59 rue de l’ancien Hôpital 84100 ORANGE @ : http://bonlarron.org/ et contact :  [email protected]

  • Prions pour

-    Prions pour les détenus seuls qui sont sans famille et n’ont pas de visites.  Pour qu’ils puissent accueillir l’amour du seigneur dans leur cœur grâce à la visite d’un autre et ne s’isolent pas dans la haine et le durcissement. Qu’il reprenne confiance en se disant : qu’ils sont plus que le délit qu’ils ont pu commettre, même si les hommes ne les aiment pas, Dieu les aime comme ils sont.

-     Prions pour les prêtres et les évêques qui vont célébrer des messes en prisons pour amenées la lumière de Jésus miséricorde.

 

-     Prions pour ceux qui sortent, sans repères qu’il puisse retrouver leur famille et des proches.

 

-    Prions pour les 300 bénévoles de la fraternité du Bon Larron qui témoignent de la miséricorde divine auprès de ceux qui, parfois, ont commis les pires atrocités et pour les gardiens de prison

 

-     Pour le rêve du Père Aubry : « une prison, un groupe de prière ».

 

-      Pour le frère Fernand Bessette, Frère de la Congrégation de Sainte-Croix (cousin du Saint Frère André / Fondateur de l'Oratoire Saint-Joseph au Québec) et aumônier carcéral depuis 2002 au Québec et les bénévoles/laïcs qu’ils l’entourent dans sa mission.

Seigneur Jésus, Toi qui as assuré une entrée immédiate dans le ciel à un bandit condamné à mort, parce qu’en un instant, par amour gratuit, tu en as fait un Saint. Fais tomber sur nous ce même regard de miséricorde qui fera plonger mes yeux dans les tiens pour en recevoir ton innocence, ta tendresse, ton amour. Ainsi envahi, je pourrais t’aimer, ainsi que mes frères jusqu’au moment où résonnera à mes oreilles la promesse que tu as faites : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

(Père Yves Aubry, fondateur du Bon Larron en 1983)

Saint Dismas priez pour nous,

afin que nous n’abandonnions jamais Jésus jusqu’à la fin de notre vie et avec les mots du pape François au terme du Chemin de Croix de cette année 2018 :

Seigneur Jésus, notre regard se tourne vers toi, plein de honte, de repentance et d’espérance.

Aide-nous, Fils de l’homme, à nous dépouiller de l’arrogance du larron qui est à ta gauche et des myopes et des corrompus, qui n’ont vu en toi qu’une occasion à exploiter, un condamné à critiquer, un vaincu dont se moquer, une autre occasion de faire endosser leurs fautes aux autres, y compris à Dieu.

Nous te demandons au contraire, Fils de Dieu, de nous identifier avec le bon larron qui t’a regardé de ses yeux pleins de honte, de repentance et d’espérance; lui qui, par les yeux de la foi, a vu dans ta défaite apparente la victoire divine et qui s’est ainsi agenouillée devant ta miséricorde et, par son honnêteté, a volé le paradis! Amen!

Prière de la communauté

Misericordes Sicut Pater

Seigneur Jésus, tu as voulu te faire pauvre, donne-nous des yeux et un cœur pour les Pauvres ; pour que nous puissions te reconnaître en eux, dans leur soif, leur faim, leur solitude et leurs misères. Suscite dans nos communautés l’unité, la simplicité, l’humilité et le feu de la charité. Donne-nous la force de Ton Esprit pour être fidèles à pratiquer ces vertus, pour que nous puissions Te contempler et Te servir dans les Pauvres et qu’un jour nous soyons unis à Toi, avec eux dans Ton Royaume. Que Notre Dame de Fatima sous son manteau et par son cœur immaculé sois la source de joie et la paix, pour les petits. Amen. Alléluia !

Merci ! 73 personnes ont prié

7 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Prions avec les gens de la rue, les exclus et les prisonniers

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